AL-MOUKALLA: Plusieurs obus d'artillerie tirés par les Houthis ont frappé mardi la ville de Taïz au Yémen, alors que les médiateurs internationaux, les envoyés spéciaux et les organisations humanitaires intensifiaient leurs efforts pour convaincre les deux parties de renouveler la trêve négociée par l'ONU.
Des habitants et des responsables de Taïz ont affirmé que plusieurs explosions, provoquées par l'artillerie houthie, ont secoué l’est de la ville.
Cette attaque est la dernière d'une série de violations de la trêve négociée par l'ONU, ont déclaré des responsables yéménites.
Abdel Basit al-Baher, un officier militaire yéménite à Taïz, a précisé à Arab News qu'un tireur embusqué houthi avait ciblé un civil dans la même zone à l'est de Taïz, tandis que les chars de la milice et d'autres pièces d'artillerie lourde pilonnaient des zones résidentielles.
«Le feu nourri des Houthis et les attaques de tireurs embusqués n'ont pas cessé pendant la trêve», a indiqué Al-Baher, ajoutant que la milice avait récemment déployé davantage de tireurs embusqués et créé de nouveaux postes militaires.
«Les gens ne se sont pas rendus dans les mosquées pour la prière de vendredi dernier de peur d'être touchés par des tireurs embusqués houthis», a affirmé Al-Baher.
Les Houthis contrôlent la périphérie de Taïz depuis sept ans et y ont imposé un siège étouffant qui a plongé des milliers de personnes dans la famine.
Dans le cadre de la trêve, les discussions à Amman entre le gouvernement yéménite et les Houthis visant à ouvrir des routes à Taïz ont jusqu'à présent échoué.
Un nouveau cycle de discussions entre les deux parties aura lieu mercredi, a indiqué un membre de la délégation gouvernementale yéménite à Arab News.
Al-Baher a déclaré que les habitants de Taïz n'étaient pas favorables au renouvellement de la trêve, car elle n'avait pas conduit à la levée du siège.
«Nous n'avons pas profité de la trêve. Les bombardements des Houthis, la mobilisation des forces et les opérations militaires n'ont pas cessé pendant la trêve», a-t-il indiqué.
Au cours de ces sept derniers jours, les habitants de Taïz ont intensifié les manifestations et les campagnes pour attirer l'attention sur l'impact du siège et faire pression sur les négociateurs yéménites à Amman pour qu'ils y mettent fin.
La trêve de deux mois, qui est entrée en vigueur le 2 avril, a entraîné une forte baisse des combats et des décès, ainsi que la reprise des vols commerciaux depuis Sanaa. Elle a également permis à au moins douze navires pétroliers d'entrer à Hodeidah.
La dernière attaque au mortier des Houthis contre Taïz a eu lieu alors que l'envoyé de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, des diplomates occidentaux et des organisations humanitaires intensifiaient la pression sur le gouvernement yéménite et les Houthis pour un renouvellement de la trêve.
Mardi, des dizaines d'organisations internationales ont écrit une lettre commune aux deux parties, les exhortant à prolonger la trêve au mois de juin pour éviter davantage de pertes civiles.
«Nous, les agences soussignées, vous exhortons à prolonger l'accord de la trêve, à tirer parti des acquis que vous avez concrétisés au cours des deux derniers mois, et à œuvrer en faveur de la paix pour le peuple du Yémen», ont déclaré les organisations dans la lettre.
La lettre indiquait que la trêve avait eu des impacts humanitaires positifs, notamment une réduction de 50% des pertes humaines, la résolution de la pénurie de carburant et la possibilité pour les malades de recevoir des soins médicaux à l'extérieur du pays.
«La possibilité d’une vie meilleure pour le peuple yéménite est entre vos mains. Ne laissez pas le mois de juin marquer la reprise des combats, l’échec des services publics et la perte de plus de vies innocentes», soutient la lettre.
Un groupe d'ambassadeurs européens au Yémen a atterri dans la ville portuaire d'Aden, où ils ont rencontré des représentants du gouvernement pour exprimer leur soutien au Conseil présidentiel et appeler à la fin du siège de Taïz, a annoncé Ahmed Awadh ben Moubarak, ministre des Affaires étrangères du Yémen.
À Mascate, Grundberg a discuté avec le négociateur en chef houthi Mohammed Abdel Salam et des responsables omanais de l'ouverture de routes à Taïz, du renouvellement de la trêve et de la recherche d'un accord de paix pour mettre fin à la guerre, a déclaré le bureau de Grundberg.
Grundberg a discuté des mêmes questions lundi à Aden avec le chef du Conseil présidentiel Rashad al-Alimi, et son gouvernement. Il a indiqué que le renouvellement de la trêve était «essentiel pour consolider les acquis réalisés jusqu’à présent et ouvrir la voie pour avancer vers un règlement politique».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com