Stade de France: l'extrême droite dénonce les «racailles», la gauche le maintien de l'ordre

Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors d'une conférence de presse à la suite d'une réunion au ministère français des Sports à Paris pour identifier les responsables des troubles lors de la finale de football de l'UEFA Champions League, le 30 mai 2022. (Photo, AFP)
Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors d'une conférence de presse à la suite d'une réunion au ministère français des Sports à Paris pour identifier les responsables des troubles lors de la finale de football de l'UEFA Champions League, le 30 mai 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 30 mai 2022

Stade de France: l'extrême droite dénonce les «racailles», la gauche le maintien de l'ordre

Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors d'une conférence de presse à la suite d'une réunion au ministère français des Sports à Paris pour identifier les responsables des troubles lors de la finale de football de l'UEFA Champions League, le 30 mai 2022. (Photo, AFP)
  • Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé une «fraude massive, industrielle et organisée de faux billets»
  • Downing Street s'est dit «extrêmement déçu» lundi par le traitement infligé aux supporters anglais de Liverpool samedi lors de la finale de Ligue des champions

PARIS : L'opposition continuait de s'indigner lundi après les incidents qui ont émaillé la finale de la Ligue des champions samedi à Saint-Denis, l'extrême droite dénonçant les « racailles » tandis que la gauche pointait les méthodes de maintien de l'ordre. 

Eric Zemmour, président de Reconquête! et candidat aux législatives dans le Var, a dénoncé « l'avènement de racailles qui font la loi » en Seine-Saint-Denis, en estimant que les incidents étaient la faute de « banlieusards, pillards, voleurs et tutti quanti ». 

Le président par intérim du Rassemblement national Jordan Bardella, venu visiter le commissariat de Saint-Denis, a lui estimé que « le ministre de l'Intérieur préfère accuser la billetterie et les supporters britanniques plutôt que de risquer un incident diplomatique, non pas avec la Grande-Bretagne, mais avec la Seine-Saint-Denis ». 

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, avait précédemment  dénoncé « l'ensauvagement de la société » et affirmé que « nous sommes la risée du monde ». 

Lundi à l'issue d'une réunion interministérielle convoquée sur ces incidents, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé une « fraude massive, industrielle et organisée de faux billets » et assuré que « sans les décisions prises par la police et le préfet, il y aurait eu des morts ». 

Mais la gauche a vivement critiqué la doctrine française du maintien de l'ordre. 

« Aucune démocratie au monde n’use de ces techniques car elles sont non-professionnelles et dangereuses » a affirmé l'eurodéputé EELV David Cormand. 

« Il y a eu un déficit terrible de gestion de maintien de l’ordre au stade de France », a critiqué le député LFI Eric Coquerel en dénonçant « les attaques racistes de l’extrême-droite ». 

« Je n'accepterai pas que nous soyons les boucs émissaires », a renchéri Stéphane Troussel, le président socialiste du conseil départemental du 93. La candidate LO à la présidentielle Nathalie Arthaud a dénoncé « un fiasco » tandis que le sénateur socialiste Rachid Temal déplorait que « l’image de notre pays et de notre dispositif de sécurité (soit) mise à mal ». 

Le Sénat, dominé par l'opposition de droite, va auditionner mercredi à 16H30 les ministres Gérald Darmanin et Amélie Oudéa-Castera sur les incidents pour « s’assurer que toutes les leçons de cette soirée soient tirées rapidement » afin de « rassurer le monde sur la capacité de la France à accueillir de grands évènements ». 

« La communication gouvernementale ajoute encore à la honte de notre pays devant ce fiasco lamentable », a affirmé le patron du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, tandis que le maire LR de Cannes David Lisnard dénonçait un « mensonge » de l'Etat qui « tâche de compenser son impuissance » en « faisant diversion ».  

Downing Street «extrêmement déçu» par le traitement des supporters anglais

Downing Street s'est dit « extrêmement déçu » lundi par le traitement infligé aux supporters anglais de Liverpool samedi lors de la finale de Ligue des champions, repoussés par les forces de l'ordre aux abords du stade parisien où se jouait la rencontre face au Real Madrid. 

« Les supporters méritent de savoir ce qui s'est passé », a ajouté le porte-parole du Premier ministre Boris Johnson, exhortant l'UEFA à »travailler étroitement avec les autorités françaises dans une enquête complète » et à en publier les conclusions. 

« Nous savons que de nombreux supporters de Liverpool se sont rendus à Paris à temps pour soutenir leur équipe », a-t-il ajouté, soulignant que les déclarations de l'UEFA évoquant une arrivée tardive des supporters ne correspond pas à ce qu'ont vécu de nombreuses personnes qui se trouvaient aux abords du stade. 

« Nous sommes extrêmement déçus de la manière dont ils ont été traités », a-t-il poursuivi, jugeant les images du Stade de France « profondément troublantes et préoccupantes ». 


Affaire Meurice et remous à France Inter: appel à la grève dimanche à Radio France

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France  (Photo, AFP).
Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France (Photo, AFP).
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  • L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu
  • Il avait comparé le Premier ministre israélien à une «sorte de nazi mais sans prépuce»

 

PARIS: Les syndicats de Radio France ont appelé à faire grève dimanche pour protester contre "la répression de l'insolence et de l'humour" après la suspension de Guillaume Meurice, ainsi que contre "des menaces" qui pèsent sur certaines émissions de France Inter.

Six syndicats (CGT, CFDT, FO, SNJ, SUD, Unsa) ont déposé lundi soir un préavis de grève pour dimanche de 00h00 à minuit. C'est le jour où est diffusée l'émission hebdomadaire de Charline Vanhoenacker, à laquelle participe d'ordinaire Guillaume Meurice.

L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu tenus fin octobre.

Il avait comparé le Premier ministre israélien à une "sorte de nazi mais sans prépuce", ce qui lui avait valu des accusations d'antisémitisme et une plainte, récemment classée sans suite.

Dans leur préavis de grève, les syndicats demandent à la direction du groupe public "la fin de la répression de l'insolence et de l'humour" et "la réaffirmation sans limites de la liberté d'expression" sur ses antennes.

Menaces 

Plus largement, les syndicats s'inquiètent des "menaces" qui pèsent selon eux "sur des émissions populaires et singulières", en particulier sur France Inter.

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France. Elles assuraient notamment avoir appris le remplacement prochain de l'émission sur l'environnement "La terre au carré".

Les syndicats accusent la direction de Radio France de mener "une politique de casse sociale sur les antennes" alors qu'un "projet de réforme de l'audiovisuel public va être discuté prochainement à l'Assemblée nationale".

Projet de la ministre de la Culture Rachida Dati, la mise en place d'une gouvernance unique pour l'audiovisuel public (dont France Télévisions et Radio France) sera examinée les 23 et 24 mai dans l'hémicycle.

Les syndicats fustigent enfin "une campagne de dénigrement et de calomnies orchestrée par des partis politiques, organisations ou personnalités franchement hostiles au service public de la radio". Ce dernier est fréquemment accusé par des personnalités de droite de pencher nettement à gauche.


L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris à nouveau bloquée

Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
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  • Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage
  • Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites

PARIS : L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris est bloquée mardi matin par des étudiants mobilisés en faveur des Palestiniens, a constaté une journaliste de l'AFP.

Des poubelles, mobilier urbain, vélos en libre service, obstruaient l'entrée du bâtiment situé au 27 rue Saint-Guillaume, un quartier huppé de la capitale.

Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage. Des policiers sont positionnés à proximité.

«On se mobilise avec ces moyens non conventionnels car on pense qu’on n’a plus d’autres choix, on a essayé les mails, les discussions. On est en période d’examen, on est tous fatigués», a déclaré à l'AFP une étudiante en première année qui n'a pas souhaité dévoiler son identité.

Cette jeune femme justifie le blocage par les mêmes revendications qui agitent les campus de Sciences Po Paris depuis plusieurs semaines, notamment une enquête sur les partenariats avec des universités israéliennes et «l'arrêt de la répression des étudiants mobilisés et des sanctions».

Elle affirme que 10 étudiants poursuivent une grève de la faim entamée vendredi après une évacuation de ces mêmes locaux par les forces de l'ordre.

Contactée la direction de Sciences-Po n'a pas répondu à ce stade.

Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites.

Les étudiants en examens peuvent rentrer par une porte annexe, a constaté une journaliste de l'AFP.

 


Mort du présentateur et écrivain Bernard Pivot à l'âge de 89 ans

Bernard Pivot a fait lire des millions de Français grâce à son émission "Apostrophes. (Photo, AFP)
Bernard Pivot a fait lire des millions de Français grâce à son émission "Apostrophes. (Photo, AFP)
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  • Un livre à la main, sa paire de lunettes dans l'autre: l'image du présentateur de la plus populaire des émissions de littérature reste gravée dans les mémoires
  • Il se définissait avant tout comme journaliste, un métier dont il a connu toutes les facettes

PARIS: Bernard Pivot, décédé lundi à l'âge de 89 ans, est l'homme qui a fait lire les Français, finissant par être plus connu du grand public que nombre des écrivains qu'il a interviewés ou primés avec le Goncourt.

Un livre à la main, sa paire de lunettes dans l'autre: l'image du présentateur de la plus populaire des émissions de littérature reste gravée dans les mémoires.

"Apostrophes" a duré quinze ans, de 1975 à 1990, suivie par des millions de téléspectateurs. Et certains extraits ont toujours un gros succès sur internet.

La popularité du journaliste littéraire, qui rassemblait près d'un million d'abonnés sur Twitter, n'a pas été entamée par certaines polémiques, mais il choque en septembre 2019 avec un tweet jugé sexiste à propos de l'activiste suédoise Greta Thunberg.

Avant tout journaliste

D'autres se souviennent de lui, vêtu de la vieille blouse grise des instituteurs, comme celui qui tenta de réconcilier les francophones avec l'orthographe en organisant, à partir de 1985, les Dicos d'or, championnat d'orthographe vite devenu international.

En 2004, il est le premier "non-écrivain" coopté au sein de l'Académie Goncourt. Il en devient le président en 2014 et s'en retire fin 2019.

Il a signé trois romans: "L'Amour en vogue" (1959), qu'il ne trouve pas sérieux, "Oui, mais quelle est la question?" (2012) et "...mais la vie continue" (2021), proches de l'autofiction. Plusieurs essais également, sur la langue française mais aussi sur ses deux autres grandes passions: le vin et le football.

Né à Lyon le 5 mai 1935, dans une famille de petits commerçants, il a passé son enfance dans le Beaujolais. En football, c'était un fidèle de l'AS Saint-Etienne et de l'équipe de France.

Il se définissait avant tout comme journaliste, un métier dont il a connu toutes les facettes. Après des débuts comme stagiaire au Progrès de Lyon, il entre au Figaro littéraire en 1958. Chef de service au Figaro en 1971, il démissionne en 1974 après un désaccord avec Jean d'Ormesson (qui deviendra son invité télé le plus fréquent). Il passe par Lire, Le Point, Le Journal du dimanche.

Créer une intimité

C'est le jour de l'an 1967 que Pivot apparaît pour la première fois à la télévision.

En 1974, après l'éclatement de l'ORTF, il a l'idée d'"Apostrophes", diffusé pour la première fois sur Antenne 2 le 10 janvier 1975.

Cette émission qu'il anime en direct, après le Concerto pour piano numéro 1 de Rachmaninov, est indétrônable le vendredi soir. On y rit beaucoup, on rivalise d'esprit... Le public adore, les ventes suivent.

Les géants des lettres se succèdent dans ce salon d'un nouveau genre où Pivot sait créer une intimité et réunir des duos improbables. 

Sagan, Barthes, Nabokov, Bourdieu, Eco, Le Clézio, Modiano, Levi-Strauss ou encore le président Mitterrand seront ses invités. En 1987, il interviewe clandestinement Lech Walesa en Pologne. Facétieux et lecteur minutieux, il soumet ses invités au "questionnaire de Pivot", inspiré de celui de Proust.

Quand "Apostrophes" s'arrête, l'infatigable journaliste crée "Bouillon de culture", toujours sur le service public, à l'horizon plus large que les livres. Quand l'émission cesse en juin 2001, le dernier numéro rassemble 1,2 million de téléspectateurs.