PARIS : Courir d'une réunion publique à l'autre, ou arroser Twitter et Facebook? Les quelque 6 300 candidats aux législatives, novices ou chevronnés, ruraux ou urbains, cherchent le bon dosage entre campagne sur le terrain et sur les réseaux sociaux.
Et dans la chasse aux voix, chacun a sa recette pour panacher tracts de papier et posts numériques.
Le centriste Charles de Courson, 70 ans, mène sa septième campagne législative dans son fief de la Marne en se lançant pour la première fois sur Facebook et Twitter.
"Ici tout le monde me connaît, les réseaux sociaux je n'en aurais peut-être pas eu besoin. Je l'ai fait sous la pression de mes collaborateurs, cela montre que l'on n'est pas un vieux notable", admet ce vétéran du Palais Bourbon.
A l'usage, il en est ravi. "Cela marche très fort, on fait exploser les méthodes traditionnelles!" se félicite ce député du groupe d'opposition Libertés et Territoires.
Sept clips vidéo thématiques ont été réalisés, dont le premier -une présentation du candidat- a été vu à sa "grande surprise" 7 500 fois trois semaines après son lancement.
Mais le cyber a aussi ses limites dans ce secteur rural aux 256 communes. "Dans une zone plus urbaine et universitaire, j'utiliserais TikTok et tous ces trucs", dit-il en référence à l'application très populaire chez les jeunes.
Et cette année encore, il enverra un abondant courrier aux élus locaux, pompiers, artisans, commerçants etc.
Dans le Finistère, Erwan Balanant (MoDem), 51 ans, cherche lui aussi la formule gagnante pour conserver son siège, remporté en 2017 au titre de la majorité présidentielle.
"Il n'y a pas de recette miracle. Les réseaux sociaux sont importants, mais il ne faut pas y perdre toute son énergie. Il faut aussi multiplier les points de rencontre avec les vrais gens, avec des morceaux de vie", souligne ce photographe de métier.
Son compte Instagram "est vu par beaucoup de monde", mais "je ne sais pas si ce sont des électeurs".
Le terrain a lui aussi ses limites. "Dans les réunions publiques, on voit souvent des gens que l'on connaît déjà", reconnaît-il. Et lors des tractages sur les marchés du littoral breton, "il y a beaucoup de vacanciers qui votent ailleurs".
Numérique et porte-à-porte
Pour innover, son collègue MoDem Sylvain Waserman lui a soufflé une idée qui marche bien chez lui, en Alsace: "on va multiplier les points de rencontre avec un petit 'barnum' et une table, et du porte-à-porte pour dire qu'on est là".
Indispensables aussi pour de nombreux candidats, les "kits de campagne" proposés par les divers camps politiques, mélange là encore de moyens traditionnels et de nouvelles technologies.
Celui de la majorité actuelle propose un "guide du candidat", une aide à l'organisation d'événements locaux, l'impression de cartes postales etc.- mais aussi un "site internet clé en main".
Au-delà du scrutin, certains promettent d'aller plus loin dans la démocratie numérique, tirant parfois la leçon du mouvement des "gilets jaunes" et de leur revendication phare, le référendum d'initiative citoyenne (RIC).
En plus des quarante parlementaires qui y ont déjà recours, une soixantaine de candidats de toutes tendances s'engagent s'ils sont élus à informer et dialoguer via l'application pionnière NosLois.
Avec le contexte électoral, "on a des pics d'inscriptions, on voit que les gens sont à la recherche de moyens d'échanger avec les parlementaires" en dehors des grands réseaux sociaux, souligne Erik de Boisgrollier, le concepteur du site.
Numérique encore mais aussi marche à pied pour la socialiste Cécile Soubelet, investie par l'alliance de gauche Nupes dans les Hauts-de-Seine face au très médiatique ministre Gabriel Attal.
"On va là où sont les gens, les entrées de métro, de RER, les arrêts de tramway, les pieds d'immeubles, les quartiers populaires où personne ne va habituellement", souligne-t-elle.
Mais la militante de 37 ans ne tarit pas d'éloges sur les applications de LFI et du PS conçues pour un quadrillage du terrain.
Ces outils permettent de "dire combien il y a de portes dans un secteur, faciliter les rendez-vous, éviter de toquer deux fois à la même adresse". Ainsi, le numérique permet "une vraie professionnalisation du-porte-à-porte".