CANNES : "Après le tournage, j'ai connu une crise existentielle": pas si étonnant pour Austin Butler, qui a passé près de trois ans dans la peau d'Elvis pour le biopic sur le "King", présenté à Cannes, dont il est la révélation.
Le Californien de 30 ans évite le piège de la simple imitation de l'interprète de "Don't be cruel", tout en chantant lui-même les scènes de live dans le long métrage de Baz Luhrmann (sortie le 24 juin aux USA, deux jours avant en France).
Celui qui est acteur depuis ses 12 ans, apparu dans des séries Disney ou au cinéma dans "Once Upon a Time... In Hollywood" de Quentin Tarantino, a pourtant fait fausse route au début de sa préparation.
"J'avais cette envie irréaliste d'avoir le même visage que lui (rires), je me regardais dans le miroir en me demandant comment faire, puis je me suis libéré de cette pensée, ce qui m'a permis de dépouiller l'icône pour aller vers l'humain", raconte cet ex-mannequin, rencontré par cinq journalistes, dont l'AFP, à Cannes.
L'intensité qu'il met dans son travail en amont a capté l'attention de Denzel Washington qui jouait à Broadway avec lui en 2018 dans le show "Le marchand de glaces est passé". Et l'acteur de "Malcom X" a passé un coup de fil à Baz Luhrmann qui cherchait son "Elvis".
«Prédestiné pour le rôle»
"S'il est Elvis, ce n'est pas à cause de la façon dont il bouge ses lèvres ou ses hanches: il a trouvé l'âme du personnage. Et puis Austin a perdu sa mère à 23 ans, tout comme Elvis, il était en quelque sorte prédestiné pour le rôle", glisse l'exubérant réalisateur australien, également interrogé par les mêmes cinq journalistes.
"Je n'avais pas l'intention au début de sacrifier ma vie personnelle mais j'ai fini par le faire par amour pour le rôle, après la préparation d'un an pour ma voix, je n'ai pas vu ma famille pendant presque deux ans, ni mes amis", dévoile le comédien, resté sur les lieux tournage en Australie pour creuser son personnage pendant les interruptions dues à la crise sanitaire.
Après un tel investissement, le premier réveil après la fin du film a été douloureux. "Je me demandais où était le monde réel, je suis même resté alité une semaine".
Sa cure a été de plonger dans un autre projet en partant à Londres pour tourner "Master of the air", mini-série pas encore sortie, sur l'équipage d'un bombardier allié pendant la deuxième guerre mondiale. "Ca a été ma méthadone", analyse-t-il.
Dans le prochain «Dune»
Mais Elvis sera de toute façon toujours en lui. "Il a affecté mon sens de l'humour, par exemple, et il me sert pour me méfier des mauvais côtés de la célébrité rapide, lui n'avait pas de manuel pour ça, il a dû se débrouiller tout seul".
Car son visage va revenir très vite sur grand écran. On le verra dans un nouveau volet de la saga "Dune".
"A Cannes, c'est le moment le plus magique de ma vie, je ne peux dire à quel point je suis reconnaissant, je me souviens qu'il y a quelques années, mon compte en banque était à sec, je ne pouvais pas payer mon essence et pas aller aux castings".
Son histoire avec Hollywood a commencé enfant quand un découvreur de talents repère son beau-frère. Quand cet agent se rend chez la mère pour discuter, il tombe sur le jeune Austin Butler et lui demande aussi si jouer la comédie l'intéresserait.
"J'étais tellement timide à l'époque, mais je ne sais pas pourquoi, j'ai dit oui, alors que je n'avais pas de passion, sauf jouer de la guitare, occupation très solitaire". Qui lui a servi pour Elvis.