BEYROUTH: Le futur Premier ministre libanais devrait être nommé d’ici deux jours, alors que le doute plane autour des consultations parlementaires. Prévues pour jeudi, on craint qu’elles ne soient de nouveau retardées par le président Michael Aoun.
Le seul nom qui circule en ce moment est celui de l'ancien Premier ministre Saad Hariri. Les deux partis chrétiens - le Mouvement patriotique libre (FPM) et les Forces libanaises - s'opposent à sa nomination.
Richard Kouyoumjian, ancien ministre et membre actuel du bloc parlementaire des Forces libanaises, a déclaré que l’objection de son parti n’équivaut pas à un refus de participation aux consultations contraignantes.
«La participation des représentants du bloc aux consultations parlementaires est conforme aux traditions et aux lois, que le bloc nomme un chef de cabinet potentiel ou non», a-t-il déclaré.
Kouyoumjian a appelé à «l’application de la constitution» et a déclaré: «les considérations communautaires n’ont plus leur place».
La position des Forces libanaises montre le FPM du doigt, seul bloc à empêcher le processus parlementaire.
La décision des Forces libanaises de ne pas proposer de nom lors des consultations est loin de sa position lors des deux consultations précédentes. Il avait alors nominé l'ambassadeur Nawaf Salam.
Le membre du bloc parlementaire du Futur, Mohammad Hajjar espère que les consultations ne seraient pas reportées car «ceci ne sert pas l'intérêt du pays et du peuple».
Il a déclaré à Arab News: «Il n’y avait pas de raison pour reporter les consultations la première fois. Je répète notre position, l'initiative française est une opportunité pour sauver le pays, il ne faut pas la gaspiller. Nous avons aussi dit que le report ne changera rien, c’est juste une obstruction de plus qui ne profitera pas au pays. Nous espérons qu'un Premier ministre sera nommé jeudi par une majorité parlementaire. »
Quant à un nouveau report des consultations sous de nouveaux prétextes, Hajjar affirme que «Le patriarche maronite Bechara Al-Rahi demandé qu’on applique la loi qui ne fait pas référence aux chartes chrétiennes ou régionales dans le processus de nomination. Nous pensons que 22 parlementaires chrétiens iront aux prochaines consultations parlementaires au Palais de Baabda; certains d'entre eux pourraient nommer Hariri, d'autres non. Les consultations doivent donc avoir lieu pour que nous puissions procéder à la formation du gouvernement. »
De cette confusion politique, des instances économiques libanaises, issues de différents domaines du secteur privé, se dressent et lancent un nouvel appel à l'aide pour sauver le pays. Lors d'une réunion lundi, elles ont appelé à «la formation immédiate d'un gouvernement capable d’exécuter l'initiative française».
Ces organismes ont averti que «nous allons atteindre un stade où il n'y aura plus de liquidité en devises étrangères, le taux de change du dollar grimpera de manière incontrôlable, le pouvoir d'achat diminuera et le taux d'inflation augmentera. Cela engendrera une fermeture quasi totale des institutions, un chômage en masse, et la pauvreté sociale qui touchera toutes les communautés religieuses.
Les experts ont souligné avoir précédemment mis en garde contre «ce destin tragique à plusieurs reprises, et nous y voilà. La structure du pays s'effondre sur le terrain, l'économie se détériore dans toutes ses composantes à une vitesse record, et les institutions prennent leur dernier souffle».
Le Fonds monétaire international a de son côté projeté lundi que «l’économie libanaise va connaître l’une des plus fortes contractions économiques de la région cette année, estimée à 25%».
L'Observatoire de crise de l'Université américaine de Beyrouth chiffre à 838 millions de dollars le coût de la réduction de l'écart de pauvreté au Liban, en 2020, pour les personnes en dessous du seuil de pauvreté minimum.
Le groupe a expliqué que ce coût avait augmenté trois fois depuis 2019, en raison d'un pic de pauvreté qui a passé de 8% à 23%.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com