Le terrorisme aveugle et barbare a frappé une nouvelle fois la France. La décapitation du professeur d'histoire Samuel Paty révèle l'état d'esprit d'une jeunesse perdue, en rupture totale avec les préceptes et éthiques régissant les rapports entre les musulmans et le reste de l'humanité.
Le comble du ridicule est que cet acte inqualifiable a été perpétré pour défendre l'image du prophète de l'islam désigné par le saint Coran comme « le prophète de la miséricorde ».
Il y a lieu de porter ici deux précisions élémentaires :
La première consiste à mettre en évidence que le fléau terroriste que connaissent de façon sporadique mais fréquente les grandes métropoles européennes est avant tout un phénomène endémique qui sévit brutalement dans le monde musulman. Les musulmans sont les premières victimes de cette folie meurtrière qui a mis à genoux des pays entiers et conduit à la destruction totale de sociétés déterminées. Il en résulte que le radicalisme violent n'est pas un accroissement naturel de l'Islam en tant que religion ou civilisation et ne se fonde sur aucune base référentielle théologique ou normative ; c’est plutôt une excroissance maligne étrangère aux codes dogmatique et éthique islamiques, et ne peut-être justifiée par le recours à aucune version majeure de l'islam classique.
La position unanime des pays arabes et musulmans vis-à-vis des actes terroristes reflète clairement cette profession de foi réprobatrice de l'extrémisme violent.
Des analyses courantes lient le phénomène terroriste actuel à une présumée version salafiste de l'Islam en vogue aujourd'hui, en omettant les différences cruciales et objectives entre le réformisme salafiste quiétiste et légaliste et les formes nouvelles du salafisme belliqueux et nihiliste qui excommunie en premier lieu les gouvernements et sociétés musulmans.
Dans la dernière décennie, des initiatives louables ont été prises par des institutions islamiques notoires comme la grande mosquée Al Azhar, la ligue du monde musulmane basée à la Mecque, le forum de la paix d'Abou Dhabi et la ligue des oulémas du Maroc pour aplanir les différends entre les musulmans et les autres adeptes des religions et doctrines humanistes, dans le sens des vertus de dialogue, de solidarité, et d'entente cordiale.
Le pape François dans sa dernière encyclique consacrée à la notion de fraternité « Fratelli tutti » a salué cet esprit d'ouverture et de dialogue, et s'est réjoui de la déclaration islamo-chrétienne sur « la fraternité » signée entre l'église catholique et l'université al-Azhar lors de la visite du pape à Abou Dhabi en février 2019. Une nouvelle charte de vertus de solidarité et de concorde a été élaborée dans le même sens sous l'initiative de Sheikh Abdullah Bin Boyé, dans le cadre de l'approche de concertation et de fraternité entre les composantes de la « famille abrahamique ».
Il en découle que les agissements isolés des individus et mouvements terroristes ne peuvent être associés à l'Islam comme religion ou culture.
Les études socio-politiques sérieuses qui se sont penchées sur le phénomène terroriste (Talal Asad, Olivier Roy, Farhad Khosrokhavar, Fethi Benslama...) ont démontré que le radicalisme violent, tout en se servant du lexique religieux, resurgit à partir d'une fausse modernité moribonde non assumée ; d'où les rapports étroits avec l'idéologie de la « violence sacrée et purificatrice », qui n'a rien à voir avec la notion coranique du « jihad » traduisible par le concept d'effort accompli pour le bien de la communauté et de l'humanité et non par la notion de « guerre religieuse » que la plupart des docteurs de l'Islam classique restreignent au sens défensif.
La deuxième précision consiste à déconstruire la fausse idée d'incompatibilité entre la pleine adhésion à la foi, le libre exercice du culte et les lois civiles de l'Etat moderne (en l'occurrence la République en France).
Tout en rappelant la position arrêtée par les érudits de l'Islam concernant la légalité religieuse de la notion moderne de citoyenneté qui traduit l'esprit de la charte de Médine, première constitution de l'état multireligieux et multitribal institué par le Prophète même, nous devrons mettre en évidence l'aspect libertaire et égalitaire du régime de séparation entre l'état et les communautés confessionnelles. Celui-ci accorde les mêmes droits aux différents adeptes des religions, ce qui nous permet de confirmer sans hésiter la parfaite harmonie entre les lois de la République et les exigences d'intégration saine et apaisée des musulmans dans leurs patries de naissance ou de choix.
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