Marvel tente d'élargir son horizon avec le nouveau Dr Strange et son «multivers»

Des fans assistent à la première de «Doctor Strange In The Multiverse Of Madness» de Marvel Studios au Dolby Theatre, le 02 mai 2022 à Hollywood (Photo, AFP).
Des fans assistent à la première de «Doctor Strange In The Multiverse Of Madness» de Marvel Studios au Dolby Theatre, le 02 mai 2022 à Hollywood (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 05 mai 2022

Marvel tente d'élargir son horizon avec le nouveau Dr Strange et son «multivers»

  • Le film est une exploration du «multivers», concept qui part du principe qu'une infinité de mondes coexistent avec le nôtre
  • Malgré certains avis mitigés, jusqu'à présent «Doctor Strange in the Multiverse of Madness» a obtenu des critiques plutôt satisfaisantes

LOS ANGELES : Après 27 films qui ont multiplié les records au box-office mondial, les super-héros Marvel n'ont plus de nouveau territoire à conquérir, ils se lancent donc cette fois à l'assaut d'univers parallèles, Docteur Strange en tête.

Le très attendu "Doctor Strange in the Multiverse of Madness" sorti mercredi en France (le 6 mai aux Etats-Unis) propulse le "Sorcier suprême" incarné par Benedict Cumberbatch dans une série de nouvelles dimensions colorées, inquiétantes et bizarres, avec l'aide de la super-adolescente America Chavez (Xochitl Gomez).

Le film est une exploration du "multivers", concept compliqué né dans les BD Marvel qui part du principe qu'une infinité de mondes coexistent avec le nôtre, avec chacun sa propre version des super-héros, de leurs ennemis et leurs intrigues spécifiques. L'idée était déjà au coeur de "Spider-Man: No Way Home", succès des dernières fêtes de fin d'année, où différentes versions de l'homme-araignée se retrouvent pour combattre ensemble les vilains.

"Oh que oui, nous avons ouvert grand la porte", a malicieusement lancé Benedict Cumberbatch lors de la présentation du film à Los Angeles cette semaine.

"Et je vais vous dire une chose. C'est beau, c'est très, très beau", a-t-il ajouté.

Jusqu'alors, la saga Marvel entamée en 2008 avec "Iron Man" avait brillamment réussi à rendre accessible au plus grand public les arcanes des comics et de leur kyrielle de personnages. En plongeant dans ce multivers si alambiqué, le Docteur Strange ne risque-t-il pas cette fois d'y perdre les spectateurs ?

Le deuxième long-métrage consacré au "Maître des arts mystiques" est truffé de références aux précédents films, mais aussi aux séries Marvel diffusées sur Disney+ comme "WandaVision" et "Loki", qui risquent de n'être comprises que par les initiés.

«Bazar»

Certains critiques d'Hollywood commencent à penser que les excursions dans le multivers et les voyages temporels mis en scène dans de précédents films ressemblent un peu trop à des astuces marketing destinées à prolonger artificiellement la saga.

L'univers Marvel a déjà son lot de "personnages bizarres et d'événements improbables en quantité pratiquement infinie", relève John DeFore du Hollywood Reporter, pour qui il n'y a pas besoin d'ajouter à cela des mondes parallèles pour relancer l'intrigue.

Pour Owen Gleiberman, du magazine Variety, "même les fans de comics les plus passionnés doivent faire des efforts pour suivre" toutes les circonvolutions de la franchise.

Le nouveau Dr Strange propose "un bazar assez attirant mais ça reste tout de même un bazar", écrit-il.

Mais les événements récents ont appris aux observateurs d'Hollywood à ne jamais sous-estimer les capacités de l'univers cinématographique Marvel.

La saga a su maintenir l'intérêt du public sur plus d'une vingtaine de films interconnectés comme le prouve le succès tonitruant d'"Avengers: Endgame" en 2019, qui a récolté au total près de 2,8 milliards de dollars.

"Marvel est en ce moment le symbole de la réussite à Hollywood. C'est pour cela que personne ne bronche plus quand on voit des débuts en salles à 150 ou 200 millions de dollars", explique Jeff Bock, analyste pour la firme spécialisée Exhibitor Relations.

Malgré certains avis mitigés, jusqu'à présent "Doctor Strange in the Multiverse of Madness" a obtenu des critiques plutôt satisfaisantes et rien ne laisse penser que les prochains films Marvel abandonneront les possibilités, aussi bien narratives que commerciales, offertes par le "multivers".

"Nous ouvrons une boîte. Et il y aura un grand nombre d'occasions pour raconter des histoires à partir de cela", a estimé Elizabeth Olsen, qui reprend dans le film son rôle de Wanda Maximoff, la Sorcière rouge, personnage central de la série "WandaVision".

"J'ai hâte de voir ce que nous allons en faire", a-t-elle ajouté.

Les héros devraient bientôt découvrir ce qui les attend car Kevin Feige, président des studios Marvel et grand chef d'orchestre de la valse du multivers, a assuré la semaine dernière que les plans concernant les films pour "la prochaine décennie" étaient bien avancés.


Kojo Marfo dévoile «HOME» à Dubaï: une immersion vibrante dans l’identité, l’esprit et l’essence du foyer

HOME: Heart of My Existence est à découvrir à la JD Malat Gallery, Dubaï, du 16 avril au 31 mai 2025. (Photo: Arab News)
HOME: Heart of My Existence est à découvrir à la JD Malat Gallery, Dubaï, du 16 avril au 31 mai 2025. (Photo: Arab News)
HOME: Heart of My Existence est à découvrir à la JD Malat Gallery, Dubaï, du 16 avril au 31 mai 2025. (Photo: fournie)
HOME: Heart of My Existence est à découvrir à la JD Malat Gallery, Dubaï, du 16 avril au 31 mai 2025. (Photo: fournie)
HOME: Heart of My Existence est à découvrir à la JD Malat Gallery, Dubaï, du 16 avril au 31 mai 2025. (Photo: Arab News)
HOME: Heart of My Existence est à découvrir à la JD Malat Gallery, Dubaï, du 16 avril au 31 mai 2025. (Photo: Arab News)
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  • Marfo qualifie «HOME» de tournant introspectif dans son parcours artistique
  • Ce n’est pas qu’une expansion géographique, mais aussi une évolution de sa démarche artistique

DUBAÏ: L'artiste ghanéen-britannique Kojo Marfo présente sa première exposition personnelle aux Émirats arabes unis, HOME: Heart of My Existence, qui se déroule à la JD Malat Gallery de Dubaï. Du 16 avril au 31 mai 2025, cette exposition réunit treize œuvres monumentales et audacieuses, invitant les spectateurs à une réflexion profonde et intime sur la signification réelle du mot «appartenir» et sur l'origine de ce sentiment.

À son arrivée à Dubaï, Marfo a partagé ses premières impressions lors d'un entretien exclusif: «Tout le monde semble très poli et discipliné», a-t-il déclaré. «Cela rend les choses très authentiques, et on se sent plus libre de faire ce que l’on souhaite. L’énergie est incroyable – tout le monde semble positif et profite pleinement de la vie.»

Un cadre qui correspond parfaitement à HOME, une série que Marfo qualifie de tournant introspectif dans son parcours artistique. Célèbre pour son style vibrant, qu'il désigne sous le nom d'AfroGenesis, l'artiste mêle les influences de son héritage ghanéen – en particulier les artefacts et sculptures Akan – avec des courants artistiques occidentaux comme le cubisme et les techniques des grands maîtres. Cela donne naissance à un langage visuel unique, où des figures monumentales et colorées, à la fois énigmatiques et profondément expressives, prennent forme.

Une conversation en couleurs et en formes

Si les couleurs éclatantes et les formes stylisées captivent au premier regard, c’est le message profond de l’exposition qui demeure. «Il s’agit de lancer des conversations», explique Marfo. «On pense qu’on sait tout, mais ce n’est pas vrai. Nous vivons constamment dans nos pensées – c’est notre esprit qui nous guide, qui nous dicte nos émotions. L’espace physique devient insignifiant lorsque l’esprit est en chaos.»

L’idée de HOME ne se limite pas à un lieu physique. Pour Marfo, le foyer est une notion intérieure, façonnée par l’émotion, l’expérience et la mémoire. «Peu importe ce qu’on fait, on pense que notre “chez soi”, ce sont quatre murs, un toit et une serrure – mais ce n’est pas ça», dit-il. «Cette exposition est une invitation à regarder en soi. Il faut apprendre à se connaître, à s’accepter, et à en tirer des leçons.»

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Kojo Marfo - Fury and Freedom, 2025. (Photo: Arab News) 

L’une des œuvres phares de l’exposition, intitulée Fury and Freedom, illustre ce tumulte intérieur. «On voit à quel point tout est chaotique», commente Marfo. «Il y a un bouclier – c’est ce que la société appelle porter un masque. Il nous protège des agressions inutiles. C’est notre manière de vivre.» Pour l’artiste, ce masque symbolise les identités changeantes de l’humanité, ses mécanismes de défense émotionnels, et l’équilibre délicat entre expression de soi et protection de soi.

Une évolution artistique

Bien que Marfo ait exposé dans des villes majeures comme Paris, Tokyo ou Londres, cette exposition à Dubaï représente un moment charnière. «Quand la galerie m’a contacté, je me suis dit que j’allais apporter quelque chose de différent ici», se souvient-il. «La plupart de ces œuvres n’ont jamais été exposées. Mon objectif principal était de créer un dialogue à Dubaï.»

Ce n’est pas qu’une expansion géographique, mais aussi une évolution de sa démarche artistique. Puisant son inspiration dans les interactions humaines et les comportements, Marfo crée avec une histoire à l’esprit. «Parfois je peins d’abord, puis j’essaie de construire une histoire – mais c’est plus difficile. Je préfère m’inspirer des échanges, les faire miens, puis peindre.»

Bien qu’il ait été influencé à ses débuts par Picasso, Marfo a su se détacher des modèles pour forger son propre univers esthétique. «Avec le temps, j’ai développé mon propre style, mes propres idées – je l’appelle AfroGenesis. Ça sonne comme un mouvement, mais pour moi, c’est juste ma façon de dire que je suis original. Je ne cherche pas à lancer un mouvement – je suis juste là pour dire: “Je suis authentique.”»

Un échange culturel

HOME ne met pas seulement en lumière la maîtrise technique et la voix créative de Marfo – elle crée un pont. Entre les continents, entre les traditions culturelles, entre paysages intérieurs et réalités extérieures. Cette première immersion dans le monde de l’art moyen-oriental est à la fois une célébration et une invitation: une méditation universelle sur l’identité, le foyer et la condition humaine.

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Kojo Marfo - Stranger, 2023. (Photo: Arab News) 

«Je crée des œuvres vivantes et colorées pour capter l’attention», explique-t-il. «Mais mon but n’est pas que les gens se contentent de les observer – je souhaite qu’ils s’approchent et découvrent l’histoire qui se cache derrière. »

Et avec HOME, les amateurs d’art à Dubaï sont invités à bien plus qu’une simple visite de galerie – c’est une exploration réfléchie, intensément humaine, de ce que signifie être au monde.


Pour planter son blé, l'Irak puise dans les nappes phréatiques

Face aux pénuries, l'Irak cherche à mettre fin à ce gaspillage mais pompe les eaux souterraines. (AFP)
Face aux pénuries, l'Irak cherche à mettre fin à ce gaspillage mais pompe les eaux souterraines. (AFP)
Depuis des millénaires, pour cultiver les régions du Croissant fertile arrosées par le Tigre et l'Euphrate, on inonde les champs en conduisant l'eau des fleuves vers les parcelles grâce à des canaux. (AFP)
Depuis des millénaires, pour cultiver les régions du Croissant fertile arrosées par le Tigre et l'Euphrate, on inonde les champs en conduisant l'eau des fleuves vers les parcelles grâce à des canaux. (AFP)
Loin de l'Euphrate, ces champs verdissent grâce à des systèmes d'irrigation modernes permettant d'économiser jusqu'à 50% d'eau. (AFP)
Loin de l'Euphrate, ces champs verdissent grâce à des systèmes d'irrigation modernes permettant d'économiser jusqu'à 50% d'eau. (AFP)
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  • L'enjeu est capital dans ce pays de 46 millions d'habitants souffrant de précipitations en recul et d'une baisse du débit des fleuves
  • Loin de l'Euphrate, ces champs verdissent grâce à des systèmes d'irrigation modernes permettant d'économiser jusqu'à 50% d'eau

NAJAF: Hadi Sahib contemple ses épis de blé poussant en plein désert, dans le sud de l'Irak, grâce à l'eau pompée dans les nappes phréatiques, ultime recours du pays face à la sécheresse mais qui risque d'épuiser les réserves souterraines.

Vus du ciel, des cercles verdoyants se dessinent au milieu du désert de Najaf, irrigués par une imposante structure métallique tournante dotée d'arroseurs.

Loin de l'Euphrate, ces champs verdissent grâce à des systèmes d'irrigation modernes permettant d'économiser jusqu'à 50% d'eau.

"Année après année, la sécheresse empire et la désertification s'intensifie", confie à l'AFP M. Sahib, 46 ans, un agriculteur père de 12 enfants. "Les arroseurs ont permis un succès phénoménal. On n'a qu'à les mettre en marche et à s'asseoir", ajoute-t-il.

L'enjeu est capital dans ce pays de 46 millions d'habitants souffrant de précipitations en recul et d'une baisse du débit des fleuves.

Depuis des millénaires, pour cultiver les régions du Croissant fertile arrosées par le Tigre et l'Euphrate, on inonde les champs en conduisant l'eau des fleuves vers les parcelles grâce à des canaux.

Face aux pénuries, l'Irak cherche à mettre fin à ce gaspillage mais pompe les eaux souterraines.

M. Sahib se souvient qu'il exploitait dix donums de terre, soit 2,5 hectares selon une unité de mesure utilisée au Moyen-Orient.

Aujourd'hui, grâce aux facilités proposées par les autorités locales, il loue à l'Etat 50 hectares à un prix symbolique et récolte 250 tonnes.

"On ne pourrait pas continuer sans les nappes phréatiques, difficile d'avoir l'eau sans creuser des puits", confie à l'AFP l'agriculteur en jellabah, dans son champ balayé par une tempête de sable.

Cet hiver, 3,1 millions de donums ont été cultivés grâce aux eaux souterraines et aux "systèmes d'irrigation modernes", selon les autorités. Contre deux millions de donums grâce aux fleuves et barrages.

"Réserve stratégique" 

A Najaf, cette méthode se pratique depuis plus d'une décennie.

Le gouvernement loue des terres aux agriculteurs pour un dollar annuel par donum, achète les récoltes à tarif préférentiel et permet d'acquérir à prix subventionné des systèmes d'irrigation remboursables sur dix ans.

Couplés à des engrais pour sols arides et des semences importées plus résistantes, ces systèmes augmentent le rendement, souligne le responsable des autorités agricoles de Najaf, Moneim Chahid.

Cette saison, un donum près du fleuve devrait produire 1,3 tonne de blé contre au moins 1,7 tonne dans le désert, prévoit-il.

En 2024, l'Irak a ainsi dépassé l'autosuffisance avec 6,4 millions de tonnes de blé récoltées.

Les autorités se disent conscientes du risque de surexploitation des eaux souterraines.

"Les nappes phréatiques constituent une réserve stratégique importante pour les générations à venir", reconnaît M. Chahid. "Nous devons être vigilants, l'eau doit être rationnée", dit-il en soulignant que les arroseurs "aident à réguler la consommation des eaux souterraines".

Dans le désert de Kerbala, dans le centre du pays, la prestigieuse institution administrant le mausolée de l'imam Hussein, capable d'endosser des investissements colossaux, pratique depuis 2018 l'agriculture désertique.

L'institution vise 3.750 hectares de blé, contre un millier d'hectares actuellement.

 "Ressources éternelles"?

Le désert occidental d'Irak, qui chevauche la province de Najaf, abrite dans ses profondeurs une partie des réservoirs stratégiques d'Al-Dammam et Oum al-Radhuma, s'étendant sous l'Arabie saoudite et le Koweït qui ont aussi exploité ces ressources.

Dès 2013, l'ONU reconnaissait que les réserves de ces deux bassins s'épuisaient.

Avec une "extraction à grande échelle des eaux souterraines pour l'irrigation", l'Arabie saoudite s'est hissée dans les années 1990 au rang de sixième exportateur mondial de blé, selon un rapport de l'ONU en 2023.

Cette surexploitation massive a épuisé plus de 80% des ressources, contraignant le royaume à arrêter ses cultures de blé en 2016, ajoute ce rapport.

En Irak, "les gens creusent des puits et pensent ces ressources éternelles. C'est faux", assène Sameh al-Muqdadi, expert en gestion de l'eau.

"Avant on pouvait creuser des puits de 50 mètres ou 100 mètres de profondeur pour atteindre la nappe phréatique. Maintenant c'est 300 mètres", dit-il à l'AFP.

Les autorités ne disposent en outre d'aucun chiffre sur les eaux souterraines de l'Irak, les dernières statistiques publiques remontant aux années 1970, dit-il. "Sans estimations, on ne peut pas gérer nos ressources", résume l'expert.

"Une sécurité alimentaire durable ne peut jamais être assurée avec des eaux souterraines. Cette ressource, accumulée au cours de milliers d'année, est limitée", souligne-t-il.

Il plaide pour l'exploitation des nappes phréatiques uniquement "en cas d'urgence, pendant les sécheresses" et non "pour une expansion commerciale des terres agricoles".

Or, regrette-t-il, "c'est le cas aujourd'hui."

 


Au Maroc, des bénévoles traquent les déchets qui empoisonnent le désert

 Aux portes du "Grand Désert", dans le sud du Maroc, des bénévoles traquent les déchets incrustés dans le sable: bouteilles, sacs plastiques, "il y en a de toutes sortes", constate l'un d'entre eux lors d'une initiative de nettoyage aux abords d'un village en plein Sahara. (AFP)
Aux portes du "Grand Désert", dans le sud du Maroc, des bénévoles traquent les déchets incrustés dans le sable: bouteilles, sacs plastiques, "il y en a de toutes sortes", constate l'un d'entre eux lors d'une initiative de nettoyage aux abords d'un village en plein Sahara. (AFP)
 Aux portes du "Grand Désert", dans le sud du Maroc, des bénévoles traquent les déchets incrustés dans le sable: bouteilles, sacs plastiques, "il y en a de toutes sortes", constate l'un d'entre eux lors d'une initiative de nettoyage aux abords d'un village en plein Sahara. (AFP)
Aux portes du "Grand Désert", dans le sud du Maroc, des bénévoles traquent les déchets incrustés dans le sable: bouteilles, sacs plastiques, "il y en a de toutes sortes", constate l'un d'entre eux lors d'une initiative de nettoyage aux abords d'un village en plein Sahara. (AFP)
 Aux portes du "Grand Désert", dans le sud du Maroc, des bénévoles traquent les déchets incrustés dans le sable: bouteilles, sacs plastiques, "il y en a de toutes sortes", constate l'un d'entre eux lors d'une initiative de nettoyage aux abords d'un village en plein Sahara. (AFP)
Aux portes du "Grand Désert", dans le sud du Maroc, des bénévoles traquent les déchets incrustés dans le sable: bouteilles, sacs plastiques, "il y en a de toutes sortes", constate l'un d'entre eux lors d'une initiative de nettoyage aux abords d'un village en plein Sahara. (AFP)
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  • A l'occasion de la 20e édition du Festival international des nomades, organisée mi-avril dans la localité de M'Hamid El Ghizlane, environ 50 personnes, gantées et munies de sacs poubelle, s'activent sous une pluie fine
  • En cinq heures, elles ont récolté entre 400 et 600 kilos de déchets, selon les organisateurs

M'HAMID EL GHIZLANE: Aux portes du "Grand Désert", dans le sud du Maroc, des bénévoles traquent les déchets incrustés dans le sable: bouteilles, sacs plastiques, "il y en a de toutes sortes", constate l'un d'entre eux lors d'une initiative de nettoyage aux abords d'un village en plein Sahara.

A l'occasion de la 20e édition du Festival international des nomades, organisée mi-avril dans la localité de M'Hamid El Ghizlane, environ 50 personnes, gantées et munies de sacs poubelle, s'activent sous une pluie fine.

En cinq heures, elles ont récolté entre 400 et 600 kilos de déchets, selon les organisateurs.

"Habituellement, les initiatives de nettoyage se concentrent sur les plages et les forêts. Pourtant, le désert souffre également de la pollution", indique à l'AFP Noureddine Bougrab, fondateur du Festival et habitant de M'Hamid El Ghizlane, village de quelque 6.600 âmes.

Cette campagne, qui a réuni artistes, militants associatifs et touristes étrangers, est un "appel" à la "protection des déserts du monde", poursuit M. Bougrab, 46 ans.

Elle a commencé à l'entrée nord de M'Hamid El Ghizlane, "une zone particulièrement touchée par la pollution", affirme-t-il, puis s'est poursuivie jusqu'à l'autre extrémité de la commune, marquant le début du "Grand Désert".

Les origines de cette pollution sont essentiellement "liées à la production massive de produits en plastique, à son faible taux de recyclage", sans compter les "polluants atmosphériques transportés par le vent", explique l'anthropologue Mustapha Naimi.

Le Maroc et ses quasi 37 millions d'habitants génèrent chaque année environ 8,2 millions de tonnes de déchets ménagers, d'après le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable.

"Cela représente l'équivalent de 811 fois le poids de la Tour Eiffel, ou encore de quoi remplir 2.780 piscines olympiques de déchets tassés", illustre Hassan Chouaouta, expert international en développement stratégique durable.

Sur ce volume, "entre 6 et 7%" sont recyclés, précise-t-il.

"Partout" 

Le réveil a sonné "tôt", confie un bénévole français, Ronan Le Floch. Pour ce photographe, qui habite New York, le but de l'opération est "de montrer que c'est important de prendre soin de ce type d'environnement".

"Ce matin, on a trouvé essentiellement des déchets plastiques", qui, avec "le temps", se sont dégradés en "petits morceaux" répandus "partout", décrit cet homme de 35 ans, affirmant avoir aussi trouvé des vêtements et conserves.

Cette initiative est cruciale pour protéger "les animaux" et la population locale, souligne Ousmane Ag Oumar, un Malien de 35 ans, membre de Imarhan Timbuktu, un groupe de blues Touareg. Il pointe un danger direct pour les troupeaux, essentiels à la subsistance des communautés nomades.

"Les déchets plastiques ont des effets néfastes sur l'environnement saharien puisqu'ils contaminent les terres, les pâturages, les rivières, les aires de nomadisation", abonde l'anthropologue Naimi.

Le nomadisme pastoral, un mode de vie millénaire reposant sur la mobilité au gré des saisons et des pâtures du bétail, tend à disparaître au Maroc, fragilisé par le dérèglement climatique qui bouleverse les itinéraires de transhumance et pousse les communautés nomades vers la sédentarisation.

Les dernières données officielles sur le recensement des nomades remontent à 2014, avec un total de 25.274 personnes, soit une baisse de 63% par rapport à 2004.

En outre, cette population n'a "pas bénéficié de beaucoup de soutien de l'Etat, comparativement aux subventions accordées à l'agriculture par exemple, surtout pour les produits destinés à l'exportation", affirme Mohammed Mahdi, professeur de sociologie rurale.

"Pour les éleveurs (nomades), on donne très peu et comme ils n'arrivent pas à se maintenir, un bon nombre a fait faillite et quitté l'activité d'élevage", ajoute l'expert.

Mohamed Oujâa, 50 ans, leader du groupe "Les pigeons du sable", spécialiste de musique gnaoua (style pratiqué au Maghreb par les descendants d'esclaves noirs) insiste pour sa part sur l'importance d'"un environnement propre" pour "les générations futures".

Cette initiative n'est "que la première d'une série de campagnes à venir de nettoyage du désert", espère-t-il.