République dominicaine: la fête traditionnelle du gaga perdure malgré les menaces

Des femmes portant un foulard sur la tête répètent des chants en créole tandis que la procession avance, rejoignant des groupes de gaga venus d'autres bateys (Photo, AFP).
Des femmes portant un foulard sur la tête répètent des chants en créole tandis que la procession avance, rejoignant des groupes de gaga venus d'autres bateys (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 17 avril 2022

République dominicaine: la fête traditionnelle du gaga perdure malgré les menaces

  • A Mata Mamon, près de Saint-Domingue, comme dans tant de villages liés à la canne à sucre, le gaga est une tradition qui perdure malgré des tentatives pour la faire interdire
  • Le gaga commence le Jeudi saint, avec la bénédiction des instruments et des vêtements, et se poursuit jusqu'au lundi

MATA MAMON: Un son semblable à celui d'une trompette se mêle à un rythme de percussions: c'est celui du bambou gaga qui ressort chaque année pendant la Semaine sainte pour accompagner un défilé haut en couleurs, mélangeant christianisme et cultes d'origines haïtienne et africaine, dans les zones de production de canne à sucre en République dominicaine.

A Mata Mamon, près de Saint-Domingue, comme dans tant de villages liés à la canne à sucre, le gaga est une tradition qui perdure malgré des tentatives pour la faire interdire, notamment en raison de cette origine haïtienne.

Le gaga est né dans les "bateys" --colonies créées autour des champs de canne à sucre, où cohabitaient les "braceros" haïtiens et dominicains embauchés pour travailler, souvent pour des sommes très faibles. 

"J'ai des souvenirs de l'époque où les braceros venaient couper la canne à sucre", raconte à l'AFP José de la Cruz, dit "Coco", affirmant avoir passé 35 de ses 60 ans à travailler pour perpétuer la tradition du gaga à Mata Mamon.

"Le gaga a été créé ici par un sorcier qui s'appelait Chale, et il est mort. J'ai donc continué cette tradition dans le batey", raconte-t-il.

Le gaga commence le Jeudi saint, avec la bénédiction des instruments et des vêtements, et se poursuit jusqu'au lundi.

Le groupe de Mata Mamon quitte l'enramada (case ou tonnelle avec un toit de branchages) après le coup sec du "fuete", un fouet qui claque pour "nettoyer" le chemin des "mauvais esprits" afin que la congrégation puisse se promener dans le village.

Des femmes portant un foulard sur la tête répètent des chants en créole tandis que la procession avance, rejoignant des groupes de gaga venus d'autres bateys qui, en réalité, ne vivent plus de la canne à sucre depuis longtemps.

Souffle et bâton

Les bambous, longs instruments fabriqués à partir de la plante du même nom, commencent à sonner à partir de 8 heures le matin du Vendredi saint. On souffle dans le bambou en même temps qu'on le frappe avec un petit bâton.

Petit à petit, la fête prend forme. Des congos, des tambours, des clairons, des sifflets viennent s'ajouter à la musique. Rhum et bière coulent à flots.

Les tenues sont bariolées, des couleurs vives rappelant des tenues haïtiennes, voire africaines. 

On danse frénétiquement au rythme de la musique.

"Ce n'est pas facile de tenir un gaga pendant toute une nuit", rigole Coco.

Tous effectuent un pèlerinage dansant de 115 km jusqu'à San Pedro de Macoris, la capitale des Gaga, une zone où la population a des origines haïtienne et créole des îles voisines notamment anglophones qui ont fourni de la main d'oeuvre à l'industrie sucrière.

Beaucoup d'experts s'accordent à dire que l'influence noire en République dominicaine a été historiquement minorée voire occultée. Notamment celle de Haïti,  qui partage l'île d'Hispaniola avec elle.

Le gaga n'échappe pas à cet ostracisme.

Les autorités de San Pedro de Macoris ont tenté d'interdire la tradition afin d'éviter "agression ou morts", selon le directeur provincial Juan Ramon de los Santos.

En cause: le fait que les participants se déplacent avec machettes --qui symbolisent la vie dans les champs de canne à sucre-- et fouets. 

"C'est pour se protéger", explique Fernando Kasonfe, 46 ans, machette à la main "pas pour blesser qui que ce soit".

"Il n'y a jamais eu de morts, ni d'accidents", assure Coco, estimant que la censure était un produit de l'ignorance.

Le ministère de la Culture a toutefois soutenu le gaga, condamnant l'interdiction des autorités locales et les exhortant à autoriser la célébration.

Des tentatives d'interdiction du gaga avaient déjà eu lieu en 2018.

La Fondation culturelle Cofradia, qui défend ces traditions, estime que les mesures prises contre le gaga encouragent "la négation des racines africaines".

Cette année encore, des milliers de personnes ont dansé au rythme du bambou.


Paul Kupelian, artiste informel et chroniqueur du côté coloré de la vie

L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. (fournie)
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  • A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants comme de sa propre évolution
  • Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’œil

BEYROUTH : Figuratif ? Naïf ? L’art de Paul Kupelian échappe aux catégories et n’obéit qu’à la nécessité de peindre. Né en 1975, cet artiste autodidacte de nationalité libanaise et française dont les racines remontent à l'Arménie, a grandi dans une famille d'artistes. Il n’a que 7 ans quand sa grand-tante l’initie à la technique reine, et donc complexe, de la peinture à l’huile. Dès lors, le reste de son enfance est ébloui par d’innombrables heures passées à dessiner et à peindre tout ce qui l’entoure. Il met toute sa passion à se perfectionner, aborde de nouveaux médiums tels que l'encre de Chine, l'acrylique, le pastel gras, le fusain ou la sanguine. Savait-elle, cette bienveillante aïeule, qu’elle lui offrait à travers l'art l'exutoire thérapeutique suprême, un moyen d'exprimer ses émotions et d'affronter les complexités de la vie ?  A force de peindre son quotidien, ses lieux familiers et le chaos de Beyrouth, il devient le chroniqueur visuel d'événements importants tout comme de sa propre évolution, projetant ses troubles sur la toile et y gagnant en retour paix intérieure et stabilité.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Sa signature artistique se caractérise par un style vibrant et coloré, joyeux et dynamique, ce qui ne l’empêche pas de trouver, dans les infinies nuances de sa palette lumineuse, une harmonie chromatique qui se révèle au premier coup d’oeil. Il y a dans ses oeuvres une joie contagieuse que confirme le sourire spontané de tout spectateur qui y est confronté. Ce pouvoir n’échappe pas au regard avisé de la galeriste Nadine Begdache, commissaire de l’espace Janine Rubeiz, à Beyrouth. En 2016, elle lui offre son exposition inaugurale : "Looking at the Bright Side" (regard sur le côté lumineux de la vie). Une présentation saluée par les critiques d'art et les collectionneurs.

Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Paul Kupelian, chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Qu’on ne se trompe pas sur la « naïveté » de cet artiste autodidacte. Sa profonde compréhension des proportions, de la perspective et des détails complexes, n’échappent pas à un regard averti.  Ses peintures, bien que légères, servent de canal à son engagement émotionnel. Dans ses œuvres récentes, Paul Kupelian utilise principalement la peinture acrylique à grande échelle, un médium dont il apprécie la polyvalence et le potentiel expressif.

Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)
Chroniqueur des événements et de sa propre vie (fournie)

Bien qu’il n’ait pas donné d’exposition depuis un certain temps, il confie à Arab News en français qu’il vit à présent à Dubai où il occupe poste de direction dans le retail.  « Je peins dès que j’en ai le temps, le soir et surtout les weekends » poursuit-il. « La peinture est mon exutoire, je peux y passer des heures sans voir le temps passer. Cela me permet de tout oublier et m’apporte énormément de joie » ajoute Paul Kupelian qui affirme que, comme pour beaucoup d’artistes, son art est sa thérapie. Ajoutez à cette passion celle de l’histoire, la géopolitique, la philosophie, la musique, les voyages, le sport, vous obtenez, dans chaque toile, une nouvelle fenêtre ou un nouveau miroir où chacun peut trouver une réponse à ses propres questionnements.

 


Deuxième jour de la RSFW: défilé historique de maillots de bain et dentelle élégante

La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
La collection d’EAU comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. (Photo fournie)
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  • Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués
  • La collection de Sara Altwaim, comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline

MER ROUGE: La marque marocaine EAU a marqué l’histoire en lançant, vendredi, la deuxième série de défilés de la Red Sea Fashion Week. En effet, c’est la première fois que des maillots de bain font leur entrée sur un podium saoudien.

Avec la piscine scintillante de St. Regis et les palmiers ondulants en arrière-plan, la deuxième RSFW a mis en valeur l’une des pièces incontournables de l’été.

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EAU. (Photo fournie)

La collection comprenait des maillots de bain simples – une pièce en V profond, motifs à épaules dénudées, tops bandeau et divers paréos. Bleu roi, jaune moutarde, vert chasseur et rouge marron dominaient la collection, créant une palette d’automne plutôt singulière, mais bienvenue, pour la saison estivale à venir.

Certains looks élégants étaient associés à des couvre-chefs soyeux et à des sacs à main sophistiqués, notamment des paniers tressés parsemés de strass, des sacs de plage en paille et des pochettes à franges.

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Sarah Altwaim. (Photo fournie)

La mode affluait à mesure que la mer Rouge brillait. La collection de Sara Altwaim comprenait un certain nombre de robes blanches fluides en dentelle et en mousseline. Chacune des pièces est attrayante, grâce à une touche individuelle, de subtiles perles, des coupes superposées ou un mélange de tissus.

Altwaim a présenté un tissu en mousseline d’inspiration sous-marine présentant des croquis de créatures des fonds marins, comme les poissons, les crevettes et les crabes, qui ont fait leur apparition dans une variété d’ensembles.

Les cols de perles très superposés, les jupes en forme de paréo, les résilles ornées de bijoux, les tissus métalliques et les vêtements fluides étaient également inspirés de la vie marine.

La créatrice saoudienne Yasmina Q a introduit les vêtements d’intérieur, clôturant les défilés avec une collection de robes en tricot effet côtelé dans des tons vert menthe, bleu écume de mer, jaune vif, corail et bien plus encore.

Il y avait aussi des manches évasées et une taille ajustée qui se transformait en une forme trapèze. Certaines pièces étaient également sans manches pour un look estival plus décontracté. La collection, composée de lunettes de soleil et de chapeauxestivaux, présentait également une gamme de vêtements d’intérieur, allant des bas côtelés aux hauts ajustés simples, en passant par les chemises côtelées, les hauts kimonos et les pulls amples.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les 80 ans de Dave: «pour un beatnik, faire carrière est un gros mot!»

Le chanteur néerlandais francophone Wouter Otto Levenbach alias Dave, pose lors d'une séance photo à Paris le 29 avril 2024 (Photo, AFP).
Le chanteur néerlandais francophone Wouter Otto Levenbach alias Dave, pose lors d'une séance photo à Paris le 29 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Mardi, Dave fête ses 80 ans et ses 60 ans de scène au Grand Rex, à Paris
  • Débarqué des Pays-Bas, le jeune Wouter Otto Levenbach débute à Paris en 1965

PARIS: "A 20 ans, je rêvais de vivre en chantant, surtout pas faire carrière! Pour le beatnik que j'étais, c'était un gros mot!": à 80 ans, Dave, l'interprète des indémodables "Vanina" et "Du côté de chez Swann", n'en revient pas d'être devenu un chanteur populaire mais refuse de songer à des adieux.

"J'aimerais bien chanter jusqu’à la fin. La scène, c'est le nirvana et on nous paie pour ça, en plus!", confie à l'AFP le plus Français des Néerlandais, connu aussi pour son franc-parler.

Mardi, Dave fête ses 80 ans et ses 60 ans de scène au Grand Rex, à Paris, avant une nouvelle tournée qui passera par Amsterdam et Bruxelles.

"Quand je suis devenu chanteur populaire, je n'ai rien compris. En plus, je n'étais pas du tout branché +variétoche+...", ajoute celui qui est toujours fan de jazz.

Débarqué des Pays-Bas, le jeune Wouter Otto Levenbach débute à Paris en 1965: "je faisais la manche dans le Quartier latin. En m'accompagnant à la guitare, je reprenais les succès du moment", raconte Dave, qui vient de publier une autobiographie, "Comment ne pas être amoureux de vous" (Talent Editions).

"On m'a conseillé d'aller plutôt à Saint-Tropez. (...) Maintenant, j'y retourne, mais comme client!", ajoute le chanteur vite remarqué par le producteur Eddie Barclay.

En 1972, il est enrôlé dans l'opéra-rock "Godspell". Deux ans après, il perce enfin avec la reprise de "Sugar Baby Love" des Rubbets, adapté en français par son compagnon Patrick Loiseau, qui deviendra son parolier attitré. La même année, "Vanina" dépasse le million d'exemplaires.

Après "Dansez maintenant" et "Mon cœur est malade", deux autres tubes, Dave se maintient au sommet du hit-parade avec "Du côté de chez Swann", une ballade romantique signée encore Patrick Loiseau et devenue l'une des chansons emblématiques des seventies.

«Comme Henri Salvador»

"Quand Patrick m'a proposé ce texte, je lui ai demandé s’il n'était pas fou. Cela me semblait trop littéraire et je pensais que ça ne marcherait jamais... Finalement, le succès a été énorme. Ma seule chanson diffusée sur France Inter!", ironise-t-il.

"Sans prétention, les textes étaient plutôt intéressants à l'époque. Aujourd'hui, ils ont perdu un peu en qualité", juge-t-il. Dans la jeune génération, Zaho de Sagazan et Vianney sont toutefois ses préférés.

"Depuis toujours, j'aime amuser la galerie avec des blagues caustiques mais je suis un gentil avec un bon fond", assure le chanteur, victime d'une lourde chute en 2022 qui a entraîné quatre jours de coma, avec, pour seules séquelles, la perte de l'odorat et du goût.

A 80 ans, le chanteur rêve d'un album "à un million d’exemplaires, comme Henri Salvador à la fin de sa vie".

"Pour le plus tard possible", Dave a laissé des instructions pour qu'on grave sur son urne funéraire le mot "ouf": "parce que je serai probablement content que cela se termine et parce que +ouf+ en verlan, veut dire fou. Un bon résumé de ma vie".