MOSSOUL: Cinq ans après la bataille qui a délogé Daech de la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, un festival de musique traditionnelle de quatre jours a été organisé dans le but de sauver la scène artistique brisée de la région et de promouvoir la coexistence culturelle.
Le festival, qui s'est déroulé du 24 au 27 mars avec le soutien de l'Unesco, a réuni des musiciens de Mossoul et de la province environnante de Ninive, ainsi que plusieurs artistes invités d'Europe et d'ailleurs.
Khaled Alrawi, un joueur de oud de Mossoul, a déclaré à Arab News: «C'était un rêve d'organiser un festival comme celui-ci. J'espère que ce genre de festival continuera à l'avenir. Nous espérons qu'il deviendra un festival annuel, qui inclura d'autres activités.»
En plus de chercher à faire revivre la scène musicale autrefois florissante de la ville, détruite par la guerre et la fuite des artistes à l'étranger, les organisateurs ont voulu refléter le véritable dynamisme et la diversité culturelle de la région, qui a résisté à l'extrémisme de Daech.
Harth Yasin, coordinateur du festival, a déclaré à Arab News: «C’est ici la naissance d’une nouvelle culture musicale. Cet événement ouvrira la porte aux touristes et permettra aux autres d'en savoir plus sur la ville de Mossoul. Il créera certainement des opportunités pour nos jeunes musiciens et artistes talentueux.»
Dix-sept groupes ont pris part au festival, reflétant ensemble la large composition ethnique et religieuse de la région, notamment des Arabes, des Kurdes, des Turkmènes et des Assyriens. Le festival a de plus accueilli des musiciens venus de France, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne et du Népal.
«Nous espérons qu'il y aura d’autres événements de ce type avec plus de soutien à l'avenir dans les lieux qui représentent la culture et l'histoire de Mossoul», a déclaré Yasin.
Daech a pris le contrôle de Mossoul et de larges zones de Ninive en juin 2014, imposant son interprétation extrême de l'islam à la population, qui a étouffé toutes les activités culturelles qui n’étaient pas conformes à l'idéologie rigide du groupe.
En juillet 2017, après neuf mois de guerre urbaine féroce, le gouvernement de Bagdad a officiellement déclaré que Mossoul avait été libérée, dépossédant Daech de son dernier grand bastion en Irak.
Cependant, cette victoire a coûté cher à l'infrastructure et à l’identité fière de la ville. Depuis lors, les gouvernements et les organismes d'aide ont financé des projets afin d’aider à reconstruire la précieuse architecture de la vieille ville historique et de ses quartiers environnants.
Se remettre de cette période sombre prendra sans doute de nombreuses années, car les communautés déplacées essayent de sauver leurs maisons et de relancer l'économie locale. Mais, grâce à des festivals comme celui-ci, la vie quotidienne reprend lentement des couleurs.
Talal al-Chimali, président de l'Association musicale de la branche de Ninive, a expliqué à Arab News: «Mossoul était complètement fermée au monde. Personne n’en savait de rien. Maintenant, ils vont mieux la connaitre.»
«Ce festival est un événement très important ici à Mossoul. Il renforcera la scène musicale et encouragera les musiciens et les artistes de Mossoul à progresser et à s’engager dans d'autres cultures et musiques. C'est une bonne initiative, qui profitera surement à la ville et à ses habitants. Le festival représente toutes les voix et la musique de toutes les ethnies et minorités de Mossoul.
«Mon message à tous est de soutenir la musique à Mossoul. La ville de Mossoul est fatiguée et a besoin de plus de soutien. Nous demandons à toutes les organisations internationales de soutenir et d'aider Mossoul. La musique dans la ville s'est éteinte jour après jour au cours des deux dernières années, et avec l'aide des organisations internationales et locales, nous pouvons encore la sauver.»
Ce festival a marqué une étape importante dans le processus de relance de la ville, surtout pour ceux qui tentent de sauver la scène artistique de Mossoul.
Basma al-Houssiani, fondatrice de l'association irakienne Al-Amal, a affirmé à Arab News: «L'art est le cœur de la communauté, du développement économique et constitue la base de toute société.»
«L'art est primordial pour tout ici. C'est pourquoi je dis à tous ceux qui travaillent à la restauration de Mossoul que l'art doit occuper une grande partie de ce processus.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com