PARIS : Deux hommes dont un Marocain, soupçonnés d'avoir voulu commettre "une tuerie de masse" à Paris, ont vue leurs peines de 24 et 30 ans de réclusion criminelle confirmées vendredi en appel en France.
Reconnus coupables de participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d'actes terroristes, Yassine Bousseria, 42 ans, s'est vu infliger une peine de 24 ans de réclusion criminelle tandis que le Marocain Hicham El-Hanafi, 31 ans, a été condamné à 30 ans de prison. La condamnation est assortie à chaque fois d'une peine de sûreté des deux tiers.
"Les faits établis à l'encontre de Hicham El-Hanafi sont les plus graves qui puissent être commis dans le cadre d'une association de malfaiteurs terroriste puisqu'ils tendaient directement à la commission d'un attentat à l'arme de guerre sur le territoire français", a affirmé la cour.
Concernant Yassine Bousseria, la cour a relevé "ses difficultés réelles d'introspection et l'accentuation en détention de sa pratique religieuse".
L'avocat général avait requis jeudi 30 ans de réclusion à l'encontre de Hicham El-Hanafi et 25 ans de réclusion contre Yassine Bousseria.
"Oui, Yassine Bousseria voulait se rendre en Syrie mais c'était pour combattre là-bas, pas ici", a soutenu son avocate Me Camille Le Gall. "Il ne représente pas un danger", a-t-elle insisté.
Un des avocats de Hicham El-Hanafi, Me Foucauld Prache, a soutenu que son client n'avait "jamais projeté de commettre un attentat en France ou ailleurs". "On veut lui faire porter un costume bien trop grand pour lui".
Un troisième homme jugé à leurs côtés en première instance, Hicham Makran, ami de Yassine Bousseria, avait été condamné à 22 ans de réclusion, et n'a pas fait appel.
Yassine Bousseria avait été interpellé à Strasbourg, dans l'est de la France, en novembre 2016. Hicham El-Hanafi avait été arrêté le lendemain à Marseille (sud-est).
Leurs arrestations entraient dans le cadre d'un audacieuse opération de cyber-infiltration de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), baptisée "Ulysse".
En mars 2016, la DGSI apprend par un informateur proche du groupe État islamique (EI) que l'organisation cherche à se procurer des kalachnikovs pour commettre un attentat sur le sol français.
"Ulysse" - en fait deux "cyber-infiltrateurs" de la DGSI - parvient à tromper la méfiance de l'EI et entre en contact avec des donneurs d'ordres en zone irako-syrienne.
"Ulysse" fait croire à l'EI qu'il est en mesure de lui fournir des armes automatiques. Quatre AK-47, préalablement démilitarisés, sont cachés en forêt de Montmorency, en région parisienne, et les coordonnées GPS de la cache transmises aux donneurs d'ordres en Syrie.
En transmettant ces coordonnées à des "opérationnels" en France, l'EI les jetait en fait dans le piège dressé par la DGSI. MM. Bousseria et El-Hanafi, qui ne se connaissaient pas, ont en effet été retrouvés avec les coordonnées GPS de la cache.