Présidentielles: depuis le séisme de 2002, des sondages en quête de fiabilité

Une carte électorale et des dépliants de programme des douze candidats à quatre jours du premier tour de l'élection présidentielle française (Photo, AFP).
Une carte électorale et des dépliants de programme des douze candidats à quatre jours du premier tour de l'élection présidentielle française (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 08 avril 2022

Présidentielles: depuis le séisme de 2002, des sondages en quête de fiabilité

  • En avril 1995, à une semaine du premier tour, les instituts donnent une confortable avance à Jacques Chirac, à 26,1% d'intentions de vote
  • Jacques Chirac et Lionel Jospin sont qualifiés pour le second tour mais le rapport de forces n'est pas du tout conforme aux projections

PARIS: Les sondages se trompent-ils souvent ? Les candidats en mal de dynamique le crient haut et fort même si, depuis le séisme Le Pen de 2002, les résultats à la présidentielle ont assez peu différé des projections, malgré l'angle mort persistant de l'abstention.

1995: le vote Chirac surestimé

En avril 1995, à une semaine du premier tour, les instituts donnent une confortable avance à Jacques Chirac, à 26,1% d'intentions de vote. Suivent le socialiste Lionel Jospin, avec 20,1% et Edouard Balladur (16,9%).

Surprise au soir du 23 avril : Jacques Chirac et Lionel Jospin sont qualifiés pour le second tour mais le rapport de forces n'est pas du tout conforme aux projections: le candidat socialiste arrive en tête (17,7%) et Jacques Chirac ne devance son rival de droite que d'une courte tête (15,9% contre 14,1%).

Sonné, M. Chirac juge "extraordinaire" que les sondeurs "se soient plantés comme il n'est pas permis". "On a un problème pour mesurer l'état politique réel du pays", concède à l'époque Stéphane Vacher (Louis Harris).

2002: l'accident industriel

En avril 2002, dans le sprint final du premier tour, les sondages donnent tous Jacques Chirac et Lionel Jospin en tête, entre 18 à 19%, loin devant Jean-Marie Le Pen (12,5 à 14%).

"Coup de tonnerre" le 21 avril : Jacques Chirac obtient 19,9%, mais c'est Jean-Marie Le Pen (16,9%) qui accède au deuxième tour, devançant Lionel Jospin (16,2%).

"2002, c'est l'accident industriel", analyse pour l'AFP aujourd'hui Martial Foucault, directeur du Cevipof. "Les sondeurs ont été incapables d'estimer l'inhibition alors très forte autour du vote Le Pen".

A l'époque, les sondages se font encore beaucoup par téléphone où "il y a une interaction humaine avec un enquêteur qui peut créer une gêne", estime le politologue.  

2007, 2012, 2017: un classement respecté malgré quelques écarts

Lors des trois présidentielles suivantes, les résultats aux premier et deuxième tours sont globalement conformes aux sondages.

En 2007, Nicolas Sarkozy, classé premier dans toutes les enquêtes d'avant premier tour à plus de 28%, se retrouve en pole position, avec trois points de plus (31,2%), suivi par Ségolène Royal, qui termine à 25,9%, après avoir été créditée de 24% dans les sondages.

Le classement sera aussi respecté pour François Bayrou et Jean-Marie Le Pen, respectivement troisième et quatrième. Les instituts de sondage auront tout de même surévalué d'environ 3,5 points le vote Le Pen à quelques jours du premier tour.

Lors du duel Hollande-Sarkozy de 2012, le candidat socialiste, crédité de 28% en moyenne les jours précédant le premier tour, l'emporte avec 28,6%. Son rival récolte 27,2% des votes, soit environ un point de plus que ce que lui prêtaient les sondages.

Marine Le Pen, 3e, Jean-Luc Mélenchon, 4e et François Bayrou, 5e, terminent aussi à la place prédite par les instituts, même si M. Mélenchon était crédité d'environ 3 points de plus

En 2017, les derniers sondages voient aussi juste : Emmanuel Macron et Marine Le Pen finissent au deuxième tour, talonnés par François Fillon et Jean-Luc Mélenchon.

Le score du candidat En Marche! (24,0%) est conforme aux projections tandis que Marine Le Pen (21,3%) a été légèrement surévaluée dans les sondages.

"On observe un changement après 2002 sur la manière dont les sondeurs pondèrent les intentions de vote", affirme à l'AFP Flora ChanvriI-Ligneel, statisticienne au Cevipof, qui évoque aussi la publication des marges d'erreur, obligatoire depuis 2016.

Des angles morts et des critiques 

Depuis le crash de 2002, les instituts continuent toutefois d'avoir une grande difficulté à mesurer le taux de participation.

"Les intentions de vote ne sont pas mesurées sur l'ensemble des sondés mais seulement sur la partie d'entre eux qui ont déclaré être certains d'aller voter", assure Martial Foucault, pointant le risque que les sondages reflètent d'abord l'opinion de gens politisés.

Des voix s'élèvent également contre la prolifération de sondages plusieurs mois avant le scrutin, au risque de "fabriquer" l'opinion publique.

"Il y a des sondages en permanence, déplore Christian Brousse, directeur du très critique Observatoire des sondages. Le résultat, c'est que ça brouille le jeu électoral en guidant certains électeurs".


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.