DJEDDAH: Au fil des siècles, le ramadan a été le témoin de nombreuses traditions, dont certaines sont toujours vivantes et ont été transmises d'une génération à l'autre, tandis que d'autres se sont estompées avec le temps.
L'une d’elle est celle d'Al-Musharati, une personne qui se promène dans le quartier en battant son tambour et en chantant des poèmes afin de réveiller les gens pour le sahur.
«Ces traditions séculaires se font plus rares à Djeddah», explique Ahmed Abdo, qui vit dans le vieux quartier de Djeddah depuis plus de cinq décennies.
Évoquant Al-Musharati tout en sirotant un thé et en discutant avec de vieux amis dans l'un des plus anciens Al-Mirkaz (conseil public) de Balad, Abdo confie: «Il y avait autrefois des Al-Musharati dans chaque région, mais, aujourd'hui, beaucoup d'entre eux ont disparu. Les jeunes générations ont adopté d'autres occupations.»
Le ramadan d'antan lui manque, quand il se réveillait au son d'Al-Musharati pour le sahur. Al-Musharati était choisi par les habitants de chaque région et il accomplissait son devoir avec diligence jusqu'au dernier jour du ramadan. Il chantait souvent et appelait les gens par leur nom avec éloquence; souvent, les gens lui offraient le sahur en retour.
Abdo se souvient: «Al-Musharati jouait un grand et beau rôle dans le quartier... Les gens de l'époque dormaient immédiatement après les prières du Tarawi et, à l'aube, Al-Musharati jouait de son petit tambour afin de réveiller les gens pour leur sahur.»
«Al-Musharati n'est plus qu'un vieux et beau conte», admet Abdo en secouant la tête. «Les gens ne sont plus ce qu'ils étaient, ils ne dorment pas tôt. Par conséquent, Al-Musharati ne joue plus aucun rôle et il s'est complètement effacé.»
Avec le temps, Abdo et ses amis ont déménagé dans d'autres quartiers, mais ils se retrouvent toujours à Al-Mirkaz, dans le quartier d'Al-Sham, pour boire du thé, discuter et revivre leurs souvenirs d'antan.
Abdelrahmane al-Awfi, un ami d'Abdo âgé de 59 ans, précise qu’Al-Musharati est l'une des traditions du ramadan qui compte parmi les plus anciennes et les plus enracinées. Cependant, cette tradition s'est estompée depuis que la technologie est entrée dans les foyers. La télévision, les réveils et les téléphones portables ont remplacé Al-Musharati.»
Il ajoute: «Aujourd'hui, nous dépendons de la télévision et des réveils pour savoir quand il est temps de faire le sahur. Dans le passé, les gens avaient l'habitude de dormir toute la nuit en sachant qu'Al-Musharati les réveillerait.»
«Les temps changent, les traditions évoluent, naturellement, mais il est important de transmettre le sens de ce jour aux jeunes générations», souligne un autre résident du vieux quartier de Djeddah.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com