RABAT: Les autorités algériennes ont procédé à la libération de plusieurs détenus d’opinion, certains d’entre eux étant des figures de proue du mouvement pro-démocratie «Hirak» (en français: mouvement) entamé le 22 février 2019.
Ce 30 mars, alors que certains ont été libérés, d’autres ont été arrêtés, rapporte le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association à but non lucratif fondée au 7e mois du Hirak par des avocats et les familles de prisonniers politiques.
Pour sa part, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) dénombre 60 libérations, selon son vice-président Saïd Salhi, qui en a fait l’annonce sur Facebook.
Parmi les détenus libérés, figurent l’activiste Brahim Laalami, le journaliste Abdelkrim Zeghileche ainsi que de simples citoyens.
La raison de leur libération n’a pas été précisée, mais elle coïncide avec la visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken qui, après le Moyen-Orient, s’est rendu au Maghreb.
Des arrestations en simultané
Malgré ces libérations, ils resteraient plus de 300 détenus d’opinions dans les prisons algériennes, pour beaucoup accusés d’appartenance à une organisation terroriste suite à l’introduction en juin 2021 de l’article 87 bis du code pénal. Un article qui a élargi la définition du terrorisme à tout acte « visant la sûreté de l’État, l’unité nationale et la stabilité et le fonctionnement normal des institutions », pour inclure le mouvement politique d’opposition Rachad – de tendance islamiste – et le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) dont les dirigeants sont en exil et à l’encontre de qui les autorités ont émis des mandats d’arrêt.
Pour Amnesty international, cette définition – jugée « vague » – permet aux autorités de poursuivre, de manière arbitraire, les militants politiques, journalistes et autres voix discordantes, ce que l’ONG dénonçait déjà en septembre 2021.
Au courant du mois de mars, les autorités ont intensifié les arrestations, souvent avec perquisition à domicile. Pendant que certains retrouvaient la liberté, d’autres n’ont pas été si chanceux, à l’instar de Mahrez Mesdoui et Toufik Hamdane, tous deux arrêtés le 27 mars à Naceria, selon le CNLD. Pour d’autres, les autorités ont renvoyé leurs procès.
Des arrestations qui avaient fait réagir la Rapporteuse spéciale de l'ONU sur la situation des défenseurs des droits humains, Mary Lawler, le 22 février 2022, date du troisième anniversaire du Hirak. S’exprimant sur le sujet, la rapporteuse avait exhorté les autorités algériennes à libérer les détenus d’opinions: « j’ai reçu ce week-end des informations inquiétantes sur la détention des défenseurs des droits humains en Algérie Faleh Hammoudi et Zaki Hannache et j'exhorte les autorités à les libérer immédiatement et sans condition ».
Depuis l’élection présidentielle de 2019 qui a propulsé Abdelmadjid Tebboune au pouvoir, les autorités ont été accusées de vouloir en finir avec le Hirak, en intensifiant la répression.