Corruption en Algérie: deux ex-premiers ministres condamnés à dix ans de prison

Les ex-Premiers ministres algériens Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, assistent à une réunion extraordinaire du RND le 5 mai 2016, dans la capitale Alger (Photo, AFP).
Les ex-Premiers ministres algériens Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, assistent à une réunion extraordinaire du RND le 5 mai 2016, dans la capitale Alger (Photo, AFP).
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Corruption en Algérie: deux ex-premiers ministres condamnés à dix ans de prison

  • Plusieurs accords ont été conclus sans même avoir recours à l’appel d’offre, ce qui est illégal  
  • Ces agissements impliquent des transferts de fonds entre Malte et la Suisse

ALGER: Après avoir été reporté à de nombreuses reprises, en raison de l’absence de l’un des accusés pour des raisons de santé, le procès impliquant de hauts dirigeants algériens semble enfin se solder par une condamnation.

Le procureur de la République du Pôle pénal économique et financier, à Sidi M'hamed à Alger, a requis, lundi, dans l’affaire  «Benamor», une peine de 10 ans de prison ferme et une amende de 2 millions de dinars (approximativement 12700 euros), contre les deux anciens Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal.

Ces derniers sont poursuivis pour dilapidation de deniers publics, blanchiment d’argent, obtention d’indus avantages et exploitation illégale de terres agricoles.

En plus des 6 ans de prison assortie d’une amende de 1 million de dinars (6300 euros environ) exigée contre l'ancien ministre de l'Agriculture, Rachid Benaissa, le représentant du droit public a requis des peines variant entre deux et six ans contre le reste des accusés.
Les sociétés inculpées dans cette affaire ont été condamnées, quant à elles, à une amende de 32 millions de dinars, avec la confiscation de tous les biens, immeubles et comptes bancaires, notamment ceux saisis à l'intérieur et à l'extérieur du pays qui font l'objet d'une poursuite judiciaire toujours en cours. 

Le Procureur de la République a jugé les faits du dossier «dangereux», compte tenu des nombreux dépassements commis par plusieurs fonctionnaires et cadres de l'État qu’il juge avoir « piétiné » les lois de la République en accordant des marchés et en s'ingérant dans les opérations de financement du groupe agroalimentaire algérien Amor Benamor spécialisé dans la fabrication de pâtes alimentaires et couscous. Lequel est est actuellement leader de la production de ces produits en Algérie.

Ce groupe revendiquait « un partenariat » afin de sauver le complexe Corso qui se révéla être une couverture camouflant les agissements criminels de plusieurs fonctionnaires d’état en collaboration avec ces groupes. 

Le rapport de l’inspection générale des finances de Corso avait mis en évidence de graves faits de corruption, qui ont mené à la destruction de cette entreprise. En effet, il est important de noter que cet accord avait été décidé en 2013, au gré à gré avec le Groupe Benamor sous prétexte de réhabiliter le complexe de Corso et redynamiser son activité. Cet accord a été conclu sans même avoir recours à l’appel d’offre, ce qui est illégal d’après la réglementation en vigueur concernant la gestion et la privatisation des entreprises publiques.

Ces agissements évoqués plus tôt impliquent des transferts de fonds entre Malte et la Suisse et par conséquent de blanchiment d'argent par l'achat de biens immobiliers à l'étranger sous prétexte d'investissements économiques, vers l'extérieur et l'intérieur du pays. 

Le procureur a commencé son argumentation en expliquant que tous les indices et preuves  mises en évidence tout au long de l'enquête et l'examen des pièces du dossier prouvent que les accusés sont coupables des crimes pour lesquels ils sont poursuivis. 

Une correspondance accablante 

L'accusation s'est penchée sur la correspondance adressée par l'ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal datant de 2012, dans laquelle il chargeait le complexe de Riyad de négocier avec l'équipe de Benamor en vue de la soumettre au Conseil par actions de l'État, alors que la propriété du complexe des silos revenait à l'Office Professionnel des Céréales. 

Lors de son plaidoyer, le procureur a également précisé que l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia était intervenu en faveur du groupe Benamor en lui accordant les facilités. L’ancien chef du gouvernement aurait adressé une lettre datant de 2017, qui comprenait des instructions au complexe "AGRODIV" afin de lancer des négociations et de parvenir à un prêt d'un montant de 50 milliards de centimes. 

Lors du procès, le représentant du droit public a également appuyé sa plaidoirie sur une lettre envoyée par Ahmed Ouyahia au ministre des Finances dans le but d'accorder un prêt dont a bénéficié Benamor. Ce que le parquet a considéré comme étant une énième violation du règlement du Conseil des contributions de l'État.

L'administration du trésor public, durement touché par ces transactions illégales, a également exigé que les deux anciens premiers ministres ainsi que l'ex-ministre de l’Agriculture , Rachid Benaissa, versent une somme de 1 million dinars en réparation du préjudice qu'ils ont causé au trésor public algérien. 


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.