PARIS: De nombreuses personnes afghanes évacuées vers la France il y a plus de six mois lorsque les talibans ont pris le pouvoir dans leur pays, sont encore confrontées à des états traumatiques et de détresse psychologique, prévient jeudi l'ONG Human Rights Watch.
Beaucoup d'Afghans ont quitté le pays brusquement en laissant dans certains cas des membres de leur famille derrière eux, quand les forces talibanes ont pris le contrôle de l'Afghanistan en août 2021, rappelle l'ONG.
Ceux qui ont travaillé avec des gouvernements et des armées de pays étrangers, ainsi qu'à divers postes au sein du gouvernement, de l'armée ou des forces de sécurité afghanes, ont été exposés à "un risque accru de persécution", ajoute-t-elle.
Or "beaucoup continuent à rencontrer des difficultés" d'ordre psychologique, souligne Jonas Bull, assistant de recherche auprès de la division Droits des personnes handicapées de Human Rights Watch, cité dans un communiqué.
Quand Kaboul est tombée entre les mains des talibans, le gouvernement français a lancé l'Opération Apagan pour évacuer et mettre en sécurité plus de 3.000 personnes, dont 2.630 de nationalité afghane, entre le 15 et le 26 août, rappelle HRW.
Les personnes évacuées étant dispersées à travers le pays, certaines ont pu rapidement avoir accès à des services de santé mentale, tandis que d'autres ont eu du mal à trouver l'aide qu'il leur fallait, décrit le rapport de l'organisation.
Par ailleurs, les demandeurs d'asile n'ont pas accès à une couverture maladie complète pendant leurs trois premiers mois en France, ce qui représente souvent un obstacle majeur à l'accès aux services de santé mentale.
Si le gouvernement français a déployé "des efforts importants pour accueillir, loger rapidement et soutenir les personnes afghanes évacuées", des Afghans interrogés par l'organisation ont connu avec le temps "anxiété", "dépression", "insomnie" et "parfois une grave détresse psychologique, y compris le stress post-traumatique".
Les Afghans en France "ont encore besoin d'un soutien accru, et au moment où les pays européens commencent à accueillir des réfugiés fuyant la guerre en Ukraine, les enseignements de l'évacuation de l’Afghanistan vers la France soulignent l'importance de faire de la santé mentale une priorité", conclut Jonas Bull.