MONTRÉAL: Au Québec, les jeunes utilisent deux langues au quotidien, le français et l’anglais. Mais jusqu’à quand? En raison de l'omniprésence de la culture anglophone, les craintes pour l’avenir de la langue française deviennent de plus en plus importantes.
Le français parlé aujourd'hui dans la «Belle Province» est issu d'un mélange de français classique, importé en Amérique du Nord par les colons français au XVIe siècle, et d'influences anglo-américaines et amérindiennes. Ce dernier reflète à la fois l’ouverture des Québécois au monde et leur profond attachement à leurs racines.
Quelques mots et expressions pour parler québécois
- un char – une voiture
- frette – très froid (moins 20°C et au-dessous)
- le magasinage – le shopping
- avoir de l'eau dans la cave - avoir le feu au plancher
- avoir son voyage - être à bout de nerfs
- ne pas lâcher la patate - tenir bon
À l’occasion de la Journée internationale de la francophonie, Arab news en français, est allé à la rencontre de Clara et de Céline. Elles ont toutes les deux un point commun: la langue française, qu'elles apprécient particulièrement.
Partie de Gérone, une ville située dans le nord-est de l'Espagne, en Catalogne, Clara est arrivée à Montréal depuis presque deux ans. Celle qui exerçait le métier d’avocate dans son pays natal a pris la décision d’apprendre le français.
Grâce aux cours de français proposés par le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration (MIFI), Clara a progressé à la vitesse grand V, ses efforts lui permettent déjà de s’exprimer aisément dans la langue de Molière. Nous avons pu d’ailleurs le constater lors de notre entrevue.
«Ces cours sont indispensables pour pouvoir m’intégrer», dit-elle, «malgré une hausse de bilinguisme à Montréal, le français est nécessaire pour que je puisse communiquer dans les différentes régions du Québec. J’aime la langue française et apprendre une nouvelle langue est un enrichissement!», s’exclame-t-elle.
Immigrants selon la connaissance du français et de l'anglais, Québec, 2017- 2019
Année |
Français seulement
|
Français et anglais
|
Anglais seulement
|
Ni français ni anglais
|
2017 |
23.3 |
26.5 |
27 |
20.8 |
2018 |
22.7 |
25.1 |
28.8 |
20 |
2019 |
24.7 |
24.3 |
29.1 |
20.3 |
(Source: Ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration)
De son côté, Céline Atieh, coordonnatrice de la francisation au Centre social d'aide aux immigrants (CSAI) à Montréal, affirme que «pour réussir son intégration dans la société québécoise, apprendre le français est très important».
D’ailleurs, les migrants qui ne maîtrisent pas la langue française font face à de nombreux défis «pour trouver du travail ou inscrire leurs enfants à l’école, ou même pour des activités simples comme faire des achats à l’épicerie, se rendre à une visite médicale», assure-t-elle.
Le CSAI, en collaboration avec le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, offre des cours de français à temps partiel, ainsi que des ateliers de conversation et d’écriture aux personnes immigrantes, réfugiés et demandeurs d'asile.
Pour éviter la lente disparition du peuple francophone au Québec, le Premier ministre du Québec, François Legault, a plaidé l’urgence de renforcer la place du français au travail, dans l’éducation et dans l’administration de l’État.
Déposé il y a quelques mois à l’Assemblée nationale, le projet de loi 96 (réforme de la loi 101) obligera les fonctionnaires québécois à s'adresser exclusivement en français à tous les immigrants dès leur arrivée au Québec, y compris les réfugiés et les demandeurs d’asile.
Loi 101
Cette loi est le résultat de la Charte de la langue française (loi 101) adoptée par l'Assemblée nationale du Québec en 1977, qui a pour but d'assurer la qualité et le rayonnement de la langue française. Cette loi fait du français la langue de l'État, de l'enseignement, du commerce, des affaires. Elle est aussi considérée comme la langue normale et habituelle du travail.
L’objectif n’est pas d’obliger les nouveaux arrivants à suivre des cours de français, mais de faire en sorte qu’ils se sentent, eux-mêmes, contraints d’apprendre le français, qu’ils en voient la nécessité dans leur vie de tous les jours, un constat que font nombre d’entre eux...