La Maquisarde, un film consacré aux moudjahidates, ces héroïnes oubliées

L'affiche du film (Photo, fournie).
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Publié le Lundi 12 octobre 2020

La Maquisarde, un film consacré aux moudjahidates, ces héroïnes oubliées

  • Le film relate l’histoire de Neïla, une jeune fille de 16 ans, interprétée par l’actrice Sawsan Abès. Cette paysanne fuit son village de Kabylie, brûlé par les soldats français
  • « Je pense qu’on devient plus fort dans sa tête et dans sa vie quand on sait d’où on vient », affirme Nora Hamdi, réalisatrice de La Maquisarde

PARIS: Réalisé par la romancière et cinéaste Nora Hamdi, le film La Maquisarde, sorti en salle le 16 septembre dernier, est une adaptation de son roman publié en 2014 par les éditions Grasset (France) et Sédia (Algérie).

Nora Hamdi met en scène le sacrifice des maquisardes – couramment appelées «moudjahidates» – durant la guerre de libération contre le colonialisme français. «Personne ne pourrait imaginer que des femmes silencieuses, croisées si souvent dans les rues ou les marchés en France ou en Algérie, ont sans doute eu des vies héroïques», a commenté l’auteure lors de la parution de son roman, en 2014.

Lutte pour l’indépendance

Le film relate l’histoire de Neïla, une jeune fille de 16 ans, interprétée par l’actrice Sawsan Abès. Cette paysanne fuit son village de Kabylie, brûlé par les soldats français. Elle se réfugie auprès de son frère et de son fiancé, des maquisards engagés dans la lutte pour l’indépendance du pays. En 1956, en peine guerre de libération, elle devient combattante à son tour. Arrêtée par les soldats français lors d’une confrontation armée, elle sera enfermée dans un camp, un lieu tenu secret dans lequel les soldats français ne respectent pas les règles procédurales, et où l’on pratique des séances d’interrogatoires musclées, le viol et la torture.

Le film, tourné dans ce cadre sinistre, est un échange entre deux prisonnières: Neïla et Suzanne, sa camarade de cellule. Ce personnage, interprété par l’actrice Émilie Favre-Bertin, est une infirmière française, engagée dans la même lutte. Ancienne figure de la résistance aux nazis sous l’Occupation, elle est accusée d’aider le FLN. Avec les autres prisonnières, elles font face à des militaires déterminés, brutaux et arrogants. Mais un appelé, humaniste insoumis qui réprouve les méthodes de ses acolytes, va tenter de les aider à s’évader.

Fierté et dignité

«Ce film aborde la guerre d’Algérie comme fait historique et non comme tabou», précise la réalisatrice. En effet, l’implication des femmes dans la guerre de libération n’est ni un secret, ni un tabou. Des femmes courageuses ont lutté pour la justice et la liberté, avec fierté et dignité, et elles sont nombreuses à avoir subi la torture et le viol. Elles sont issues de tous les milieux: paysannes, citadines, jeunes ouvrières ou étudiantes, elles ont tenu à prendre leurs responsabilités face au destin du pays, à combattre pour le libérer du colonialisme.

«Je souhaite rappeler via ce film qu’elles existent dans chaque famille algérienne et que, pour beaucoup, elles sont mortes dans l’oubli», souligne Nora Hamdi dans un entretien accordé au journal algérien El Watan. «Le film apporte une manière de repenser la position de la femme, son statut, son courage, l’égalité homme/femme face au même combat. Et surtout de rappeler que les femmes méritent d’être indépendantes au même titre que le pays, une indépendance acquise aussi grâce à elles», explique-t-elle.

La mise en scène est axée sur l’enfermement des femmes dans un contexte de huis clos, pour révéler aux spectateurs les répercussions psychologiques de leur vie en prison. Des séquences puissantes et émouvantes qui démontrent la force de conviction et de caractère de ces femmes, aussi bien sur le champ de bataille que face à la mort.

La réalisatrice rappelle que c’est grâce à l’autofinancement que son film La Maquisarde, inspiré des témoignages de sa mère, a pu être réalisé. «J’ai fait le choix du huis clos pour des raisons artistiques mais, il faut l’avouer, surtout économiques. C’est le moyen que j’ai trouvé pour que le film existe», souligne Nora Hamdi. Le choix de séquences filmées en plans serrés et en gros plan a été retenu pour mieux capter les regards des spectateurs, afin de leur transmettre des émotions.

«Mieux me connaître»

«Parce qu’étant née en France et y ayant toujours vécu, je me sentais privée de mon histoire, celle avec un grand H. Il y a moi et il y a mes parents et j’avais besoin de connaître leur histoire pour mieux me connaître. Je pense qu’on devient plus fort dans sa tête et dans sa vie quand on sait d’où on vient», déclare Nora Hamdi lors d’un entretien accordé au journal algérien Liberté.

Malgré le manque de moyens, la réalisatrice a souhaité rendre hommage aux femmes qui ont participé activement, au même titre que les hommes, à la lutte pour libérer le pays du colonialisme. «Les maquisardes algériennes ont été les grandes oubliées de la guerre d’Algérie», souligne Nora Hamdi. «On a glorifié les hommes et demandé aux femmes de retourner derrière les fourneaux après l’indépendance», regrette-t-elle.

À propos de ce film, elle affirme: «Il est important de rendre hommage à ces femmes dignes et combatives, comme ma mère, et de montrer toutes ces résistantes dans leur diversité». Mais pour ses projets futurs, Nora Hamdi – qui a commencé sa carrière par la peinture, et est diplômée d’une école d’arts plastiques – compte revenir ses premiers amours, le monde de l’art, tout en restant attachée à l’actualité des femmes maghrébines, encore négligée en France.

La romancière et réalisatrice a réalisé son premier film, Des Poupées et des Anges, en 2008, avec Leïla Bekhti, Léa Seydoux et Samy Naceri. La Maquisarde a été présenté lors de festivals en Algérie, notamment à Béjaïa et à Saïda, ainsi qu’en Tunisie et, depuis le 16 septembre, en France.


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com