AJACCIO, France : La famille du militant indépendantiste corse Yvan Colonna, dans le coma après une agression par un codétenu, a appelé samedi à ce que la mobilisation en Corse soit relayée "au-delà des cercles nationalistes", à la veille d'une manifestation prévue à Corte (Haute-Corse).
"Nous serons par la pensée au côté de cette jeunesse qui, demain dimanche, appelle à une mobilisation par laquelle elle souhaite dénoncer ce que la Corse subit, tout comme notre famille aujourd’hui après tant d’autres", a écrit la famille Colonna dans une lettre transmise par Christine Colonna, la soeur de l'ancien berger.
"Il nous importe aussi que cette mobilisation puisse s’élargir à d’autres sensibilités associatives, politiques ou autres, que nos appels puissent être entendus, relayés au-delà des cercles nationalistes auxquels nous appartenons nous-mêmes", ajoute-t-elle.
Mercredi, Yvan Colonna a été victime d'une violente agression d'un codétenu dans la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône) où il purgeait sa peine pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998.
Depuis, les manifestations s'enchaînent sur l'île, de rassemblements devant les préfectures aux blocages de ferries, avec le mot d'ordre "Etat français assassin", sur fond d'interrogations sur les conditions de l'attaque de M. Colonna, qui réclamait de longue date son rapprochement dans une prison de l'île.
Dans sa lettre, la famille dénonce une "agression, brutale, barbare, techniquement maitrisée", et parle de "tentative d'assassinat". Elle annonce des "initiatives judiciaires" dans les "meilleurs délais". Selon les premiers éléments de l'enquête, ensuite confiée au Parquet national antiterroriste, le détenu qui a agressé Yvan Colonna l'a étranglé à mains nues.
Ses proches ont déploré avoir manqué d'informations juste après l'agression, notamment de la part de l'administration pénitentiaire. "Yvan a ensuite été annoncé décédé puis en état de mort cérébrale et finalement dans un état stationnaire mais cependant gravissime. Ces simples faits sont révélateurs d’une situation anormalement confuse, incompréhensible, suspecte", dénonce la famille.
Les Colonna se disent "profondément touchés par toutes les marques de sympathie, de solidarité et de soutien que les Corses, mais pas seulement, où qu’ils soient, en France, ou ici même, inconnus ou proches, nous ont témoignées".
"Pour tout cela, et pour ce que vous ferez dans les jours à venir, un grand merci du fond du cœur!", ajoutent-ils en langue corse.
Samedi soir, des banderoles de soutien à Yvan Colonna ont été déployées dans une tribune du stade de Furiani, en Haute-Corse, lors du match de ligue 2 opposant le SC Bastia à Valenciennes.
"Pour Yvan et pour le peuple, contre l'Etat assassin. Je te crache à la gueule. Tous à Corte", pouvait-on lire, inscrit en lettres noires sur des bâches blanches, brandies depuis la tribune Est qui abrite les ultras Bastiais, ou encore "La France dehors". Le match s'est déroulé sans incident.
Dimanche, une manifestation à l'appel des syndicats d'étudiants nationalistes, rejoints par de nombreux partis politiques et syndicats, devrait rassembler des centaines de personnes à Corte.
Peu avant, à la mi-journée, le Parquet national antiterroriste fera une conférence de presse à Paris au sujet de l'agression d'Yvan Colonna.