AL-MUKALLÂ, Yémen: Un ancien ambassadeur des États-Unis au Yémen et analyste chevronné a exhorté l'administration Biden à redésigner la milice Houthi comme organisation terroriste pour avoir résisté aux efforts de paix visant à mettre fin à la guerre et avoir organisé des attaques contre les pays voisins.
Écrivant mardi pour la plate-forme américaine War on the Rocks, Gerald Feierstein a déclaré que l'administration Biden devrait envisager de redésigner les Houthis comme une organisation terroriste étrangère, car c'est la seule option disponible pour faire pression sur les Houthis afin qu'ils cessent les hostilités sur le terrain et se conforment aux initiatives de paix.
L'ancien ambassadeur, qui jusqu'à présent s'était opposé à la désignation proposée, a ajouté: «Mais, en l'absence d'autres options viables pour faire pression sur les Houthis pour qu'ils abandonnent leur campagne militaire et recherchent une issue politique pacifique à la guerre, il serait imprudent de ne pas envisager l'utilisation éventuelle d'une désignation terroriste comme outil entre les mains de Washington.»
Le vice-président principal et chercheur principal au Middle East Institute de Washington, DC, faisait partie des 100 anciens diplomates et responsables militaires américains qui ont signé en 2020 une lettre adressée au secrétaire d'État américain de l'époque, Mike Pompeo, s'opposant à l'ajout des Houthis à la liste des terroristes.
Feierstein s'est également opposé à cette désignation dans une interview accordée à Arab News en mars 2020, soutenant que la milice devait être traitée et «vaincue comme un mouvement anti-yéménite».
Mais après une recrudescence des combats au cours de l'année passée et de nouvelles attaques de missiles houthis sur les pays voisins, Feierstein a fait valoir que Washington n'avait d'autre choix que de redésigner la milice en tant qu’organisation terroriste.
«Bien que la désignation n'ait toujours pas d'effets tangibles et immédiats sur les dirigeants houthis, elle enverrait néanmoins un message symbolique puissant qui délégitimera les Houthis en tant que participant à l'avenir politique du Yémen», a-t-il signalé, ajoutant: «L'année passée a démontré que les Houthis ne retourneront pas à la table des négociations tant qu'ils n'auront pas accepté qu'il n'y a pas d'alternative à une résolution politique.»
en bref
Gerald Feierstein a déclaré que l'administration Biden devrait envisager de redésigner les Houthis comme une organisation terroriste étrangère, car c'est la seule option disponible pour faire pression sur les Houthis afin qu'ils cessent les hostilités sur le terrain et se conforment aux initiatives de paix.
Feierstein fait partie des nombreux experts et responsables du gouvernement yéménite qui ont mis en garde contre la tolérance du puissant et radical mouvement Houthi soutenu par Téhéran. L'arsenal de missiles balistiques avancés et de drones à longue portée de la milice est utilisé pour tuer des civils yéménites et viser les pays voisins, ont averti des analystes.
«En tant que membre de l'«axe de la résistance» de l'Iran, le contrôle incontesté du Yémen par les Houthis constituerait un défi durable non seulement pour le bien-être du peuple yéménite, mais aussi pour les intérêts vitaux des États-Unis, notamment la stabilité dans la péninsule arabique, la liberté de navigation dans la mer Rouge et à Bab al-Mandeb, et même la sécurité d’Israël, car les Houthis étendent leurs capacités de missiles et de drones pour atteindre le sud d'Israël», a avisé Feierstein.
Pour faire face aux répercussions possibles de la désignation des Houthis comme organisation terroriste, les États-Unis devraient s'entretenir avec les organisations d'aide internationales qui opèrent au Yémen, les institutions monétaires internationales, les entreprises et les autres parties qui pourraient être affectées par la décision, a ajouté Feierstein.
«Si l'administration Biden décide de poursuivre cette option, elle devrait discuter des termes de la désignation avec les organisations humanitaires internationales, les banques, les entreprises commerciales et d'autres qui pourraient être affectées par celle décision, afin de s'assurer qu'elle est conçue de manière à minimiser les conséquences involontaires», a-t-il déclaré.
L'ancien ambassadeur américain est intervenu au moment où les Houthis ont exigé mercredi que la coalition arabe mette fin aux opérations militaires et «au blocus et à l’agression» afin que des pourparlers de paix puissent commencer.
En réponse à l'appel de l'envoyé de l'ONU au Yémen demandant à toutes les factions du pays d'accepter les efforts de paix négociés par l'ONU, Hossein al-Azi, un responsable houthi, a déclaré que la coalition arabe devrait lever les restrictions sur les aéroports et les ports maritimes, et arrêter les frappes aériennes sur le territoire houthi.
«Oui, aborder l'aspect humanitaire et économique représente la seule porte d'entrée vers une paix sérieuse et réelle au Yémen», a posté Al-Azi sur Twitter.
S'adressant au Conseil de sécurité de l'ONU mardi soir, l'envoyé spécial pour le Yémen, Hans Grundberg, a affirmé qu'il travaillait sur un plan pour relancer les efforts de paix dans le but de parvenir à un règlement politique au Yémen qui tiendrait compte des intérêts et des préoccupations des parties belligérantes du pays.
«Je compte sur le soutien de ce Conseil pour encourager tous les acteurs à participer de manière constructive sans délai. Il s’agit d’une réelle occasion pour les parties yéménites de passer à la vitesse supérieure et de tracer une voie pacifique», a-t-il soutenu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com