NEW YORK: Mardi, la représentante permanente des Émirats arabes unis (EAU) auprès de l’ONU, Lana Nousseibeh, a critiqué l’organisation pour son incapacité à limiter les attaques des Houthis, ainsi que la «paralysie persistante» des efforts déployés par l’ONU pour mettre fin à la guerre au Yémen.
Lana Nousseibeh a condamné l’utilisation du port de Hodeidah par la milice houthie, soutenue par l’Iran, pour le stockage d’armes et le lancement d’attaques sur les routes maritimes, «menaçant la sécurité de la navigation et les pays de la région». Elle a appelé l’ONU à surveiller le port et à empêcher son utilisation dans les conflits armés.
Mme Nousseibeh a appelé la communauté internationale à traiter avec les Houthis de manière «plus ferme et plus réaliste» en leur imposant davantage de sanctions, en coupant leur financement et en appliquant strictement un embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU en 2015, «tout cela en gardant à l’esprit la nature de l’idéologie extrémiste des Houthis et leurs véritables intentions». Elle a également appelé à leur désignation comme organisation terroriste.
Elle a tenu ces propos lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée aux derniers développements au Yémen, moins d’un mois après les attaques menées par les Houthis à Abu Dhabi le 17 janvier, qui avaient fait trois morts et six blessés parmi les civils. À l’époque, le Conseil de sécurité avait condamné ces attaques à l’unanimité, de même que plus de 120 pays et organisations internationales.
Malgré la condamnation internationale, les attaques des Houthis contre les Émirats et l’Arabie saoudite se poursuivent, atteignant des «niveaux sans précédent», a déclaré la représentante permanente des EAU à l’ONU.
«Au cours des derniers mois, nous avons entendu de nombreux exposés, y compris de la part de l’envoyé spécial de l’ONU, Hans Grundberg, nous demandant de lui donner une chance pour faire revenir les Houthis à la table des négociations», a-t-elle ajouté. «Cependant, après que l’infrastructure civile des EAU a fait l’objet d’attaques terroristes qui ont coûté la vie à des civils innocents, nous ne pouvons que demander: quand cessera-t-on de se montrer conciliant envers ce groupe terroriste?»
Mme Nousseibeh a réaffirmé le «droit souverain des EAU à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la sécurité et la stabilité de son territoire, ainsi que la sécurité de ses citoyens et résidents, contre toute attaque terroriste, conformément à ses obligations en vertu du droit international».
Les EAU continuent de soutenir fermement une solution politique au Yémen qui reflète les réalités sur le terrain et traite les revendications du pays «de manière tangible», a-t-elle indiqué, ajoutant que l’initiative de paix saoudienne incarnait cet esprit. Bien qu’elle ait exprimé son soutien à des négociations entre les parties yéménites elles-mêmes, Mme Nousseibeh a averti que «les Houthis ont démontré qu’ils ne concluront aucun accord sans une pression internationale claire».
«Comme nous l’avons vu avec le pétrolier Safer, les Houthis ne tiennent pas leurs promesses et empêchent toujours l’équipe de l’ONU de procéder aux inspections nécessaires», a-t-elle rappelé. Mme Nousseibeh s’est dite profondément préoccupée par la détérioration continue de la situation humanitaire et économique au Yémen et a dénoncé les attaques des Houthis contre les travailleurs humanitaires ainsi que la manipulation et le blocage de l’aide internationale par la milice. «Nous dénonçons également les violations qu’ils commettent à l’encontre des femmes, notamment les violences sexuelles, et des enfants en les recrutant sur leurs lignes de front militaires», a-t-elle ajouté.
L’ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, s’est jointe aux autres membres du Conseil de sécurité pour condamner fermement les attaques des Houthis contre des sites civils «dans toute la région au cours du mois dernier, y compris de nombreuses attaques contre les EAU et l’Arabie saoudite qui ont tué des civils innocents».
«Nous sommes solidaires de nos partenaires saoudiens et émiratis, et nous demeurons déterminés à les aider à défendre leur territoire et leurs résidents, parmi lesquels se trouvent des dizaines de milliers de citoyens américains», a-t-elle assuré. Mme Thomas-Greenfield a précisé qu’en dépit de la condamnation du Conseil de sécurité, les Houthis détenaient toujours les membres actuels et anciens du personnel yéménite de l’ambassade des États-Unis, les empêchant de contacter leurs familles. Ils contrôlent en effet toujours l’ancien complexe de l’ambassade à Sanaa. Elle a appelé à ce qu’ils soient libérés immédiatement, «indemnes». «La conclusion inéluctable est que nous n’avons pas réussi à démontrer aux Houthis que ce comportement avait des conséquences», a-t-elle déploré. «Les Houthis ont clairement fait comprendre qu’ils cherchaient à perturber la sécurité régionale, à cibler des sites civils et à perturber le commerce maritime. Nous devons redoubler d’efforts pour contrer ces attaques, d’une seule voix, notamment en imposant des coûts tangibles au groupe.»
La dernière offensive des Houthis à Marib constitue «l’obstacle le plus important aux efforts de paix», selon Mme Thomas-Greenfield. «Il est clair que cette offensive militaire des Houthis ne fera que causer de nouvelles souffrances et aggraver la situation humanitaire du peuple yéménite. Elle doit cesser.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com