COPENHAGUE : Après une pause de près de dix ans, la série politique danoise "Borgen" revient dimanche au Danemark, avant un lancement international sur Netflix au printemps pour tenter de renouveler le carton inattendu de la fiction nordique.
On avait quitté son héroïne Birgitte Nyborg au lendemain d'une victoire électorale, la voici une décennie plus tard ministre des Affaires étrangères dans un gouvernement dirigé par une autre femme, de dix ans sa cadette.
A la tête de la diplomatie danoise, un poste qu'elle convoitait déjà à la fin de la troisième et dernière saison, l'héroïne de cette nouvelle saison baptisée "Borgen - le Royaume, le Pouvoir et la Gloire" va devoir gérer la découverte de pétrole au Groenland, territoire autonome danois qui croit tenir là la clé de son indépendance.
Ce quatrième opus propose un contenu complètement renouvelé issu de l'imagination de son créateur original, Adam Price, explique Henriette Marienlund, la responsable fictions de la télévision publique danoise DR, qui l'a développée.
"Depuis que nous avons dit au revoir à Birgitte, beaucoup de choses ont changé, elle est plus âgée, sa vie est différente, ses enfants ont grandi et le monde est différent", raconte-t-elle à l'AFP.
«Plus internationale»
"Même si cette saison est plus internationale que les précédentes, ça reste une série très danoise où on retrouve beaucoup du mode de vie danois", note Mme Marienlund.
Et c'est le secret de son succès, un savant mélange de "hygge", le mode de vie danois forcément exotique une fois les frontières scandinaves franchies et de réalisme avec des personnages "normaux" avec des problèmes d'intendance comme tout un chacun.
"Borgen a été commandé pour un public danois et son succès à l'étranger a créé la surprise. Mais l'imbrication entre la scène politique, les drames personnels et le paysage médiatique dans un contexte danois a aussi intrigué et fasciné à l'étranger", souligne l'universitaire Eva Redvall, spécialiste des fictions scandinaves.
"Au Danemark, Borgen, c'est de la télévision pour tout le monde, à l'étranger c'est une série sous-titrée, de niche", avance la chercheuse.
Vendue sur près de 190 marchés, Borgen a connu une nouvelle vie avec l'arrivée de ses trois saisons passées sur Netflix, qui a beaucoup misé sur les productions scandinaves.
Fin 2021, la plateforme proposait quelque 70 titres nordiques, preuve de leur popularité constante 15 ans après la sortie de la première saison du drame policier "The Killing".
"Ce qui a commencé avec +Wallander+, +The Killing+, +Borgen+ et +The Bridge+ s'est diversifié en de nouveaux genres", de la comédie romantique "Home for Christmas" à la science-fiction avec "Real Humans", souligne Mme Redvall.
"Netflix a aidé à promouvoir cette diversité car ils ont encouragé plus de gens à regarder des séries avec sous-titres, ce qui était inhabituel avant, surtout au Royaume-Uni", dit-elle.
Selon la plateforme, près des deux tiers de ses abonnés dans le monde ont regardé un film ou une série nordique en 2021.
Le géant du streaming n'a pas précisé la date de la mise en disponibilité des huit nouveaux épisodes mais elle interviendra après la diffusion sur DR.
"Nous avons hâte de partager cette série incroyable +made in Denmark+ avec les fans du monde entier", a assuré le directeur Europe des acquisitions et productions, Kai Finke.
Dans le royaume scandinave de 5,8 millions d'habitants, les saisons précédentes ont rassemblé jusqu'à 1,6 million de téléspectateurs.
"Le battage médiatique est tel que de nombreuses personnes regarderont probablement la première sur DR dimanche, d'autant plus qu'il y a une combinaison de +vieux+ téléspectateurs et d'un nouveau public plus jeune qui a découvert la série sur Netflix et qui est impatient de voir la nouvelle saison", pronostique Mme Redvall.
Pour l'instant, une seule saison a été tournée. "Je ne sais pas encore s'il y en aura d'autres. C'est peut-être la toute dernière", glisse la cheffe de la fiction de DR.