Tunisie: La suppression du Conseil judiciaire, «un grand pas dans la mauvaise direction»

Michelle Bachelet a averti que la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature de Tunisie «porterait gravement atteinte à l'État de droit». (Photo, AFP)
Michelle Bachelet a averti que la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature de Tunisie «porterait gravement atteinte à l'État de droit». (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 09 février 2022

Tunisie: La suppression du Conseil judiciaire, «un grand pas dans la mauvaise direction»

  • Michelle Bachelet a exhorté le président, Kaïs Saïed, à rétablir le Conseil de la magistrature et à assurer la sécurité de ses membres, dans un contexte de menaces et de haine en ligne
  • Amnesty International a déclaré que les actions du président constituent «une grave menace pour l’équité des procès en Tunisie»

NEW YORK: La Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a exhorté mardi le président tunisien à revenir sur sa décision de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature, l'organe officiel qui supervise les juges en Tunisie. 

Michelle Bachelet a averti que la dissolution du Conseil «porterait gravement atteinte à l'État de droit, à la séparation des pouvoirs et à l'indépendance du pouvoir judiciaire dans le pays».

Elle a décrit la décision du président, Kaïs Saïed, comme «le dernier développement d'une trajectoire inquiétante dans le pays».

Bachelet a avisé: «Le 25 juillet 2021, le président a suspendu le Parlement en assumant tous les pouvoirs exécutives. Depuis lors, les tentatives d’étouffer l’opposition se sont multipliées, notamment par le harcèlement des acteurs de la société civile.»

Saïed a annoncé dimanche sa décision de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature. Cette décision a été rejetée par l’institution et décrite comme une tentative de saper son indépendance. Mardi, les membres du Conseil ont affirmé qu'ils défieraient la décision du président et discuteraient des moyens de la contester.

Bachelet a souligné l'importance du Conseil supérieur de la magistrature en tant qu'organe chargé de garantir l'indépendance de la justice. 

«Sa création en 2016 a été saluée comme une avancée majeure dans la consolidation de l'État de droit, de la séparation des pouvoirs et l'indépendance du pouvoir judiciaire en Tunisie», a-t-elle expliqué.

«Il reste beaucoup à faire afin de mettre la législation, les procédures et les pratiques du secteur de la justice en conformité avec les normes internationales applicables, mais il s’agit là d’un grand pas dans la mauvaise direction.»

«La dissolution du Conseil supérieur de la magistrature constitue une violation flagrante des obligations de la Tunisie en vertu du droit international des droits de l'homme.»

Dans sa déclaration, Bachelet a de plus noté que «les bâtiments du Conseil supérieur de la magistrature ont été bouclés par les forces de sécurité intérieure, et les membres et le personnel ont été empêchés de pénétrer dans les locaux».

Elle a demandé que «toutes les mesures nécessaires» soient prises pour protéger les membres et le personnel du Conseil, qui ont été visés par «des campagnes de haine et des menaces en ligne».

Mardi également, le groupe de défense des droits Amnesty International a déclaré que les actions de Saïed constituaient «une grave menace pour l’équité des procès en Tunisie».

L'Association des juges tunisiens a indiqué que ses membres suspendront tout travail dans les tribunaux mercredi et jeudi et que les juges organiseront une manifestation jeudi.

La Tunisie est en proie à une grave crise financière. Les Tunisiens se plaignent de pénuries de certains produits essentiels. Le gouverneur de la banque centrale du pays a mis en garde contre un effondrement économique similaire à ceux observés au Liban et au Venezuela.

Les négociations se poursuivent entre Tunis et le Fonds monétaire international sur un plan de sauvetage et le déblocage d’une aide financière supplémentaire. Les donateurs occidentaux, notamment les membres du groupe des nations riches du G7, ont exhorté Saïed à adopter une approche inclusive pour les réformes qu'il a promises.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.