L’eau, arme de la cruauté turque, frappe les Kurdes du nord de la Syrie

Les Kurdes syriens font la file sous une chaleur oppressante devant une citerne d'eau près de la ville de Ras Al-Aïn à Hassaka, dans le nord-est de la Syrie, après que les forces d'occupation turques ont coupé l'approvisionnement en eau de leur communauté (Photo, Jamal Photography).
Les Kurdes syriens font la file sous une chaleur oppressante devant une citerne d'eau près de la ville de Ras Al-Aïn à Hassaka, dans le nord-est de la Syrie, après que les forces d'occupation turques ont coupé l'approvisionnement en eau de leur communauté (Photo, Jamal Photography).
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Publié le Lundi 05 octobre 2020

L’eau, arme de la cruauté turque, frappe les Kurdes du nord de la Syrie

  • Les perturbations d'approvisionnement en eau à Hassaka sont de mauvais augure pour les civils à moins que les forces turques ne se retirent du nord-est de la Syrie
  • La création d’une zone de sécurité le long de la frontière, objectif déclaré de la Turquie, entraîne désormais les coupures d'eau comme moyen de pression

DUBAÏ - Près de la ville de Ras Al-Aïn à Hassaka, dans le nord-est de la Syrie, des bidons vides s’empilent sur le bord de la route. Des femmes et leurs enfants impatients attendent dans la chaleur torride que des camions apportent de l'eau à leur communauté assoiffée. Quelques jours auparavant, les forces d'occupation turques avaient de nouveau coupé l'approvisionnement en eau de la station de pompage d'Alouk, à cinq kilomètres de là.

Cette installation essentielle fournit normalement de l'eau potable à près d'un million de personnes à Hassaka. Sans elle, la province a soif.

« Nous n'avons pas eu d'eau pendant un mois », se souvient Ahmed Zubair, 22 ans, employé dans un magasin de téléphonie local. « Sans eau, nous ne pouvons pas nous protéger contre le Covid-19. C’est l’une des raisons de la propagation de la maladie, il n’y a pas assez d’eau pour nettoyer, uniquement pour boire. C'est un danger pour les enfants et la société en général. »

Xelil Osman, un chauffeur-livreur local, déclare : « Nous livrons l'eau aux gens avec des citernes. La situation est vraiment mauvaise et nous craignons que ce ne soit pas suffisant pour la population. S'il y a de l'eau, nous la livrons. Mais s'il n'y en a pas, nous n'avons rien à livrer. »

Ce n'est pas un hasard si l'eau doit être acheminée par ces moyens à des dizaines de milliers de résidents kurdes de Ras Al-Aïn et des environs de Hassaka depuis le 13 août.

En effet, depuis le mois d’octobre de l'année dernière, la Turquie et ses mercenaires rebelles syriens se sont lancés dans ce qu’ils disent être « Opération printemps de la paix », et qui cible les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie. Les FDS sont principalement composées de membres des Unités de protection du peuple, que la Turquie considère comme un groupe terroriste en raison de ses liens idéologiques avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dont la lutte armée pour les droits kurdes depuis 1984 a évolué vers une insurrection au fil du temps.

Les FDS avaient mené la campagne de la coalition des États-Unis contre Daech dans le nord de la Syrie, détruisant les derniers remparts des militants à Deir ez-Zor en mars 2019. Cependant, dans un acte de « trahison » qui a stupéfié les partenaires de la coalition et choqué l'establishment diplomatique américain, Washington n'a pas réagi lorsqu’Ankara a lancé un assaut massif contre les FDS en octobre 2019, les forçant à se retirer de leurs positions le long de la frontière turco-syrienne.

Quelques heures seulement après le début de l’offensive transfrontalière de la Turquie, des obus d’artillerie ont touché la station de pompage d’Alouk, la mettant immédiatement hors service. Bien que l'installation ait depuis été réparée sous surveillance internationale, elle reste sous contrôle turc.

Dans ces circonstances, les réserves d’eau limitées de la région peuvent être exploitées au gré de la Turquie, sans respect des lois internationales humanitaires qui protègent les infrastructures civiles. Cela met une pression supplémentaire sur l'Administration autonome du Nord et de l'Est de la Syrie (NES) dirigée par les Kurdes, qui administre actuellement la région également connue sous le nom de Rojava.

« La NES a creusé quelques puits d'eau comme solution de rechange, mais ils ne fournissent pas assez d'eau », déclare Wladimir van Wilgenburg, analyste politique et journaliste qui couvre les affaires kurdes, à Arab News. « La seule solution serait que la communauté internationale fasse pression sur le gouvernement turc pour qu'il cesse de couper l'eau dans certaines parties du nord de la Syrie ».

Lors des dernières coupes, en août dernier, la communauté internationale a tenté de faire pression sur Ankara, sans grand succès. James Jeffrey, l’envoyé spécial américain pour la Syrie, aurait exhorté les dirigeants turcs à reprendre l’approvisionnement en eau, tandis que les ingénieurs militaires russes de la région se sont mis à travailler sur un pipeline pour aider à étancher la soif de Ras Al-Aïn.

La Russie soutient le président syrien Bachar el-Assad, dont le régime est enfermé dans une guerre d’escarmouches avec les forces turques dans la province nord-ouest d'Idlib, et dans une lutte à trois avec les Turcs et les FDS pour le contrôle du nord-est de la Syrie.

La Russie souhaite gagner la faveur des Kurdes pour aider à promouvoir une solution diplomatique au conflit civil en Syrie. Moscou estime que les Kurdes doivent être inclus dans les discussions constitutionnelles avec le régime, sans quoi un gouvernement accepté de tous et un pays unifié ne seront pas possibles.

L’objectif déclaré de l’Opération Printemps de la paix d’Ankara est de forcer les FDS à quitter la frontière turque en créant une zone de sécurité autoproclamée qui enlèverait une trentaine de kilomètres au territoire syrien.

Près d'un an plus tard, les États-Unis, en rivalité croissante avec la Russie, renforcent désormais leur déploiement en Syrie avec des radars Sentinel, des patrouilles de chasseurs supplémentaires et des véhicules de combat Bradley ; la zone est loin d’être sûre.

« Je suis de Ras Al-Aïn. Après que la Turquie a occupé ma ville et coupé l'eau de la station de pompage d'Alouk, les habitants de Hassaka, qui vivaient déjà dans des conditions difficiles, n'avaient pas d'eau pour boire ou se laver, et tout cela était en pleine crise de Covid-19 », déclare Mohammed Baqi, de l'Organisation Hevy pour les secours et le développement, à Arab News.

« L'administration kurde a essayé de forer un puits d'eau appelé Al-Himme Water Station, mais cela n'a pas fonctionné parce que l'eau n’est pas potable – c’est seulement bon pour le lavage », dit-il. « La quantité d'eau de ce puits-là n'était pas suffisante non plus. Alouk continue d'être la principale source d'eau à Hassaka. »

Les différends sur la fourniture d'électricité à la station de pompage d'Alouk semblent avoir enflammé une situation déjà tendue.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, un organisme de surveillance basé en Grande-Bretagne, les forces turques ont coupé l’approvisionnement en eau d’Hassaka pour faire pression sur la NES. Le but est de la forcer à fournir davantage d’électricité de sa centrale électrique de Mabrouka vers les zones contrôlées par les mercenaires syriens de la Turquie. Mais le ministère turc de la Défense nationale a insisté début août sur le fait qu’Alouk était entretenue, et que Hassaka continuait à recevoir de l’eau.

« Bien que la station de pompage d'Alouk ait été réparée dans le cadre d'une médiation internationale, la Turquie coupe régulièrement le débit d'eau vers les zones NES et empêche les réparations d'avoir lieu », déclare Thomas McClure, chercheur au Rojava Information Center. « La Turquie a coupé l'approvisionnement en eau de Hassaka treize fois cette année, selon l'ONU, afin d'exercer une pression politique sur la NES. Plus récemment, la région de Hassaka a passé deux semaines dans la chaleur étouffante du mois d'août, sans le moindre approvisionnement en eau, et certains quartiers ont passé plus de deux mois sans qu'une goutte d'eau ne soit livrée. »

Alors que les cas de COVID-19 augmentent et que les températures restent élevées, tous les efforts pour rouvrir la station de pompage d'Alouk ​​échouent. Pendant ce temps, le Croissant-Rouge kurde et d'autres agences d'aide ont du mal à trouver des sources d'eau alternatives pour la région.

La station d'eau d'Al-Himme offre une solution partielle pour l'instant. « Cependant, elle ne couvre pas plus de 25% des besoins de la population », déclare Bassam Al-Ahmad, directeur de Syrians for Truth and Justice, une organisation non gouvernementale qui documente les violations des droits de l’homme en Syrie.

 « La solution à long terme est que la Turquie se retire du nord de la Syrie. C'est un territoire syrien. Pour le moment, nous avons besoin d'une prise de position internationale forte contre les assauts turcs ».

Faisant pression pour que justice soit rendue, les agences d'aide locales affirment que la Turquie a non seulement enfreint le droit international humanitaire en refusant à Hassaka l'accès à l'eau courante, mais qu'elle a aussi commis un crime de guerre. Elles disent que puisque les stations de pompage d'eau et les barrages du nord-est de la Syrie sont situés près des lignes de front, leur protection est vitale pour le bien-être de la population locale.

« Selon le droit international humanitaire et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, couper l'approvisionnement en eau d'une population civile est un crime contre l'humanité et un crime de guerre », souligne Sara Montinaro, avocate et chef de projet pour le Croissant-Rouge kurde, à Arab News.

Selon les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels, les opérations militaires doivent être menées conformément au droit international humanitaire et éviter la destruction d'objets indispensables à la survie de la population civile, y compris l'eau et les services d’assainissement.

« Avec la situation actuelle du Covid-19, la situation sur le terrain est encore pire qu'avant, mais la Turquie ne semble pas changer son comportement envers les Kurdes syriens », ajoute Montinaro.

« Il y a maintenant plusieurs déclarations de l'ONU qui somment la Turquie de cesser les coupures d’eau, mais en vain. Ce qui se passe est une violation du droit international humanitaire. »

Pour l'instant, les femmes sur le bord de la route près de Ras Al-Aïn doivent continuer, quand c’est possible, de dépendre de l'eau acheminée par citerne, jusqu'à ce qu'une source plus durable puisse être trouvée et sécurisée - ou que la Turquie lève sa botte du tuyau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël retire ses condoléances après le décès du pape François

Dans son dernier message de Pâques, le pape avait réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, qualifiant la situation humanitaire de «dramatique et déplorable». (AFP)
Dans son dernier message de Pâques, le pape avait réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, qualifiant la situation humanitaire de «dramatique et déplorable». (AFP)
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  •  Le ministère israélien des AE a ordonné la suppression de l'article quelques heures après sa publication, invoquant une «erreur»
  • Cette décision semble être liée à une critique virulente des actions d'Israël à Gaza et en Cisjordanie

LONDRES: Le ministère israélien des Affaires étrangères est revenu sur un message de condoléances diffusé sur les réseaux sociaux à la suite du décès du pape François, supprimant le message quelques heures seulement après sa publication.

Le message, apparu sur les comptes officiels X de plusieurs ambassades israéliennes dans le monde, se lisait comme suit: «Repose en paix, Pape François. Que sa mémoire soit une bénédiction.» Il était accompagné d'une image du pontife au Mur occidental de Jérusalem, le site le plus sacré pour le peuple juif.

Le ministère des Affaires étrangères a ensuite ordonné que le message soit retiré et a demandé aux ambassadeurs de ne pas signer les livres de condoléances dans les missions du Vatican à travers le monde, selon les médias israéliens.

Ce revirement aurait suscité la frustration des diplomates, en particulier dans les pays majoritairement catholiques, et provoqué des critiques internes à l'encontre de la direction du ministère.

Raphael Schutz, ancien ambassadeur d'Israël au Vatican, a déclaré: «Je pense que cette décision est une erreur. Nous ne devrions pas juger ainsi après la mort d'une personne.»

M. Schutz et d'autres diplomates ont fait valoir que la rétractation des condoléances risquait de nuire à l'image d'Israël auprès des 1,3 milliard de catholiques que compte la planète.

Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que le message original avait été publié «par erreur», mais la décision de le retirer semble liée aux récentes critiques du pape François à l'égard des actions d'Israël à Gaza et en Cisjordanie.

Le pape, qui est décédé lundi à l'âge de 88 ans à la suite d'un accident vasculaire cérébral et d'une insuffisance cardiaque, s'était imposé comme l'un des critiques les plus virulents de la campagne militaire israélienne à Gaza.

Dans son dernier message de Pâques, il avait réitéré son appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et qualifié la situation humanitaire de «dramatique et déplorable».

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, a déclaré que le défunt pape «était très proche de la communauté de Gaza, de la paroisse de Gaza3.

Le pape François a déclaré à propos des actions d'Israël à Gaza en novembre 2023: «Ce n'est pas une guerre, c'est du terrorisme.» Ses propos ont suscité de vives critiques de la part de responsables et de médias israéliens, dont un éditorial du Jerusalem Post l'accusant d'offrir un «soutien inconditionnel au Hamas».

Hormis un message de condoléances du président Isaac Herzog, qui a exprimé l'espoir que la mémoire du pape «inspire des actes de bonté et d'espoir pour l'humanité», les dirigeants israéliens ont, pour la majorité, gardé le silence. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa'ar n'ont fait aucune déclaration publique et n'ont publié aucun message sur les réseaux sociaux.

La décision de ne pas s'engager a suscité des critiques de la part de commentateurs israéliens et de membres du public, qui ont fait valoir qu'elle ne reflétait pas l'opinion de la plupart des Israéliens.

Des dirigeants politiques et religieux du monde entier ont exprimé leurs condoléances. Le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane d'Arabie saoudite ont envoyé des messages officiels déplorant la mort du chef de l'État de la Cité du Vatican.

Le pape François, qui a dirigé l'Église catholique pendant 12 ans, sera inhumé à Rome samedi. Des dirigeants du monde entier, y compris de la région arabe, devraient y assister. On ne sait pas encore si Israël enverra une délégation officielle.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'envoyé spécial de l'ONU au Yémen rencontre des responsables houthis à Oman

L'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a rencontré des responsables des rebelles houthis jeudi à Oman pour discuter de "la nécessité de stabiliser la situation" dans ce pays de la péninsule arabique en guerre depuis 2014. (AFP)
L'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a rencontré des responsables des rebelles houthis jeudi à Oman pour discuter de "la nécessité de stabiliser la situation" dans ce pays de la péninsule arabique en guerre depuis 2014. (AFP)
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  • Les discussions étaient centrées "sur la nécessité de stabiliser la situation au Yémen pour permettre à tous les Yéménites de vivre dans la dignité et la prospérité, et répondre aux inquiétudes légitimes de toutes les parties"
  • Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, les Houthis - qui font partie de "l'axe de résistance" contre Israël piloté par Téhéran - ont multiplié les attaques de missiles contre Israël

MASCATE: L'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a rencontré des responsables des rebelles houthis jeudi à Oman pour discuter de "la nécessité de stabiliser la situation" dans ce pays de la péninsule arabique en guerre depuis 2014.

Dans un communiqué sur X, les services de M. Grundberg ont indiqué qu'il "avait rencontré ce jour (jeudi) à Mascate des haut responsables omanais, des membres de la direction d'Ansar Allah (nom officiel des Houthis, NDLR) et des représentants de la communauté diplomatique".

Les discussions étaient centrées "sur la nécessité de stabiliser la situation au Yémen pour permettre à tous les Yéménites de vivre dans la dignité et la prospérité, et répondre aux inquiétudes légitimes de toutes les parties, dont la région et la communauté internationale", indique le communiqué.

Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, les Houthis - qui font partie de "l'axe de résistance" contre Israël piloté par Téhéran - ont multiplié les attaques de missiles contre Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils mènent aussi des attaques contre des navires accusés de liens avec Israël en mer Rouge et dans le golfe d'Aden, perturbant le trafic international en mer.

Depuis le 15 mars, les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont lancé contre eux une campagne de bombardements, avec des raids quasi quotidiens, au lourd bilan humain selon les Houthis.

Les entretiens de l'envoyé spécial à Mascate interviennent deux jours avant un troisième cycle de pourparlers indirects entre les Etats-Unis et l'Iran sur le nucléaire iranien.

M. Grundberg a également réitéré la demande de l'ONU d'"une libération immédiate et sans condition des personnels diplomatiques ou appartenant aux Nations unies, à des ONG et à la société civile détenus au Yémen".

Au moins de juin 2024, les Houthis détenaient 13 employés de l'ONU, dont six du bureau des droits de l'Homme, plus de 50 membres d'ONG et un employé d'une ambassade.

Les rebelles les ont accusés de faire partie d'"un réseau d'espions américano-israéliens" opérant sous couvert d'action humanitaire, des allégations rejetées par le Haut-commissariat aux droits de l'Homme de l'ONU.


Gaza: 55 morts dans des frappes, Israël menace d'une offensive «plus vaste»

Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante", ciblant une zone accusée d'abriter "des opérations de snipers et des activités terroristes". (AFP)
Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante", ciblant une zone accusée d'abriter "des opérations de snipers et des activités terroristes". (AFP)
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  • Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante"
  • La Défense civile et des sources hospitalières palestiniennes ont fait état de leur côté de 55 morts depuis le début de la journée

GAZA: Israël a menacé jeudi de lancer une offensive "plus vaste" à Gaza si les otages n'étaient pas libérés du territoire palestinien, où au moins 55 personnes, dont des enfants, ont été tuées dans des bombardements israéliens, selon des sources palestiniennes.

Rompant une trêve de près de deux mois dans la guerre déclenchée il y a plus d'un an et demi, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

"Si nous ne constatons pas de progrès dans le retour des otages dans un avenir proche, nous étendrons nos activités à une opération plus vaste", a dit le lieutenant général Eyal Zamir lors d'une visite aux troupes israéliennes dans le territoire assiégé.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas en Israël, lors de laquelle plus de 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza.

Plus tôt jeudi, l'armée a appelé les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, à évacuer avant "une frappe puissante", ciblant une zone accusée d'abriter "des opérations de snipers et des activités terroristes".

La Défense civile et des sources hospitalières palestiniennes ont fait état de leur côté de 55 morts depuis le début de la journée.

L'hôpital indonésien à Jabalia a dit avoir reçu les corps de neuf victimes après une frappe sur un commissariat de police de cette ville du nord.

"Chaque jour, la mort" 

L'armée israélienne a confirmé avoir frappé dans le secteur, précisant qu'elle ciblait "des terroristes opérant dans un centre de commandement et de contrôle du Hamas et du Jihad islamique", un groupe allié.

"Le bombardement était extrêmement intense et a secoué toute la zone", a expliqué un témoin, Abdel Qader Sabah, à l'AFP. "Tout le monde s'est mis à courir et à crier".

Un autre bombardement sur une maison du nord de la ville de Gaza (nord) a tué une famille de six personnes, un couple et ses quatre enfants, a indiqué la Défense civile.

"La destruction n'épargne personne", s'est lamenté le cousin du père de famille, Nidal al-Sarafiti, auprès de l'AFP.

Plusieurs autres frappes ont tué au moins 40 personnes ailleurs, dont 12 dans une maison familiale à Jabalia.

Des images de l'AFP tournées dans une maison touchée à Khan Younès (sud) montrent des personnes éteignant les flammes et d'autres inspectant des décombres à la lumière de torches.

"On était assis en paix quand le missile est tombé", a déclaré un témoin, Mohammed Faris.

Des corps gisaient au sol, dont une jeune femme et un garçon, dans des housses mortuaires, entourés de proches en pleurs, embrassant et caressant leurs visages.

"Ses enfants et elle ont été tués et réduits en morceaux", se lamente Rania al-Jumla, en évoquant sa soeur tuée dans le bombardement. "On n'en peut plus. Chaque jour, c'est la mort".

"Excuses officielles" 

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 1.978 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars.

Ce bilan porte à 51.355 le nombre de morts dans la bande de Gaza, selon la même source, depuis le début de l'offensive israélienne lancée en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023.

Cette attaque a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes alors enlevées, 58 sont toujours otages à Gaza dont 34 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Jeudi, l'armée israélienne a annoncé qu'un employé --bulgare-- de l'ONU tué le mois dernier dans le territoire palestinien avait été victime d'un tir d'un de ses chars, selon des conclusions provisoires d'une enquête interne.

Elle a dit "regretter cet incident grave".

"Le bâtiment a été visé en raison d'une présence ennemie présumée et n'a pas été identifié par les forces comme une installation de l'ONU", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

La Bulgarie a dit avoir "reçu des excuses officielles" d'Israël.

Le 19 mars, l'ONU avait annoncé la mort d'un employé dans une explosion d'un bâtiment du Bureau de l'ONU pour les services d'appui au projet (Unops) à Deir el-Balah (centre).

L'armée israélienne avait initialement rejeté toute responsabilité.

La situation humanitaire est particulièrement dramatique à Gaza depuis qu'Israël a fermé le 2 mars les points de passage pour l'aide humanitaire, accusant le Hamas de la détourner.

Sur les marchés improvisés, les Gazaouis ne trouvent plus beaucoup de nourriture, les stocks de farine s'épuisent, alors que les organisations humanitaires opérant dans le territoire manquent de tout.