BEYROUTH: Des tweets haineux, misogynes et racistes ont ciblé une présentatrice de télévision soudanaise à la suite d'un reportage dans son émission critiquant le gouvernement libanais, notamment le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
La rage contre Dalia Ahmad est survenue après qu'elle a qualifié les responsables du parti depuis longtemps au pouvoir dans le pays de crocodiles, au cours de son émission Fashet Khalq sur la chaîne d'informations libanaise Al-Jadeed.
#DogBreedImprovement était un hashtag tendance au Liban en arabe, après que des tweets virulents envoyés par des comptes de partisans du Hezbollah ont attaqué Ahmad et la couleur de sa peau.
«Vous êtes assis sous la protection de Dieu, quand un chien noir s’approche et se met à aboyer.Vous voulez le frapper, mais il semble que ce ne soit pas un chien mais une chienne noire du Soudan», dit un tweet d'un profil mettant en vedette une photo du commandant militaire iranien tué Qassem Soleimani.
بتكون قاعد بأمان الله بيجي كلب أسود بصير ينبح بتقوم بدك تضربو بيطلع مش كلب بيطلع كلبة سودا من السودان#تحسين_نسل_الكلب
— علي الرضا حساب جديد ابو جواد (@vHaa4vZoKbMyG3i) January 14, 2022
«Que Dieu maudisse le sperme qui s'est déposé dans le ventre de la mère de ceux qui vous offensent, M. Nasrallah #DogBreedImprovement», peut-on lire dans un autre tweet en arabe. Le profil du compte contient le mot Hezbollah en arabe avec un cœur jaune à côté.
لعنَ الله النُّطفةَ التي إستقّرت في رَحِمِ أمِّ من يُسئ إليك سيدي نصرالله.#تحسين_نسل_الكلب pic.twitter.com/6rNLfxiIYK
— Fatima?? (@Fatimakhalill7) January 15, 2022
Un autre tweet disait: «Sans le #Hezbollah, Dalia Ahmad aurait été proposée à la vente sur le marché aux esclaves, avec ses semblables, par Daëch.»
«Je n'ai Jamais de ma vie attaqué ou critiqué une créature de Dieu, mais cette femme est méprisable, car son cœur et sa langue sont si noirs qu'ils se reflètent sur son visage laid et malveillant», a dit un tweet de @KassemHala555, avec un smiley noir emoji à la fin et deux photos d'Ahmad.
انا بحياتي ما تنمرت ولا بقبل انتقد خلقة ربنا ..
— ??h⚘a⚘l⚘a?? (@KASSEMHALA555) January 14, 2022
بس هيدي الحقيرة من كتر سواد قلبها ولسانها عاكس على وجها المقرق والخبيث ...☻#تحسين_نسل_الكلب pic.twitter.com/fDRwpPX8TK
«Par Dieu, par Dieu, quiconque voudrait attaquer Al-Sayyed (Nasrallah), je voudrais essuyer avec eux le sol et maudire ceux qui les ont mis au monde», selon un autre tweet de @KassemHala555, dont le profil affiche les drapeaux libanais et iranien. Ce tweet comportaitune photo d'Ahmad avec le visage d'un chien photoshopé sur le sien.
والله والله يلي بدو يتطاول على السيد بدي امسح الأرض فيه والعن يلي خلفو ..#تحسين_نسل_الكلب pic.twitter.com/zxxEh0eGX1
— ??h⚘a⚘l⚘a?? (@KASSEMHALA555) January 15, 2022
Des journalistes fidèles au Hezbollah et des représentants des médias sont également intervenus. Le journaliste Hosein Mortada, qui compte plus de 494 000 abonnés, a tweeté une photo d'Ahmad avec le commentaire suivant: «Il y a des races qui ne s'améliorent pas parce que leurs gènes sont impurs depuis le début.»
Son tweet n'est plus visible car, selon la plate-forme, il «a violé les règles de Twitter».
Certains ont pris la défense d'Ahmad, dont le réalisateur et écrivain nommé aux Emmy Awards, Lucien Bourjeily, qui a tweeté: «Mes chers amis: 'crocodiles' est une très belle description. Vos dirigeants sont corrompus, ce sont des escrocs et des criminels, et une société entière est en train d'être détruite par leurs mains! Vous n’avez pas honte de continuer à défendre ceux qui vous ont appauvris, pillés et détruit vos vies?»
في مين عم يدافع بشراسة وعنصرية عن زعيمه لأن الاعلامية #داليا_أحمد وصفت ما يسمى ب "زعماء" ب تماسيح.
— lucien bourjeily (@lucienbourjeily) January 15, 2022
اعزائي: "تماسيح" وصف كتير لطيف.
زعمائكم فاسدين،نصابين،ومجرمين وفي مجتمع باكمله عم يتدمر على ايديهم!
والكم عين بعد تدافعوا عن يلي فقروكم، نهبوكم، ودمروا حياتكم؟ #كلن_يعني_كلن مورطين pic.twitter.com/I43tFI8c1D
Le Hezbollah et ses partisans ont l'habitude de harceler et d'attaquer les femmes journalistes.
En janvier de l'année dernière, la présentatrice du journal télévisé d'Alhurra, Layal Alekhtiar, a reçu des menaces de mort et a été harcelée en ligne après avoir tweeté une vidéo du dévoilement d'une statue de Soleimani et un verset du Coran qui disait: «Quelles sont ces statues auxquelles vous êtes si attachés?»
En octobre 2020, la journaliste indépendante Luna Safwan a été prise pour cible par le Hezbollah dans une campagne agressive en ligne après que son tweet critiquant le parti a été diffusé par une chaîne d'informations israélienne et qu'elle a été accusée de coopération avec Israël.
La journaliste libanaise Maryam Seif Eddine, connue pour ses critiques farouches du Hezbollah bien qu'elle soit chiite, a reçu des menaces de mort de la part du groupe, tandis que sa mère et son frère ont été agressés physiquement, son frère ayant eu le nez cassé. Les partisans du parti avaient ciblé sa maison familiale à Bourj el-Barajneh, dans la banlieue sud de Beyrouth contrôléepar le Hezbollah.
Auparavant, alors que le pays était en proie à de manifestations de masse en 2019, l'ancienne présentatrice du journal télévisé de la LBC et la journaliste chiite Dima Sadek avait été harcelée par le groupe après que son téléphone lui a été volé lors d'une manifestation. Le harcèlement, a-t-elle dit, a été suivi d'appels téléphoniques insultants et menaçants envers sa mère, qui a subi un accident vasculaire cérébral dû au stress.
La journaliste de MTV Nawal Berry, également chiite, a subi de violentes attaques de la part de partisans du Hezbollah et de ses alliés alors qu'elle couvrait les premiers jours des manifestations. Ces derniers ont brisé la caméra de son équipe, lui ont arraché le microphone qu'elle tenait, lui ont craché dessus et lui ont donné un coup de pied dans la jambe.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com