AMMAN: Dimanche dernier, un officier de l’armée jordanienne a été tué et trois autres militaires blessés alors qu’ils tentaient d’empêcher des trafiquants de drogue d’entrer dans le pays à partir de la Syrie.
L’agence de presse officielle Petra rapporte que le capitaine Mohammed Yasin Khdeirat est mort et que trois de ses collègues ont subi des blessures après un échange de tirs près des frontières nord-est de la Jordanie avec la Syrie.
Selon le rapport, les tirs auraient eu lieu à 4 heures du matin. Les trafiquants de drogue ont ouvert le feu et «les soldats jordaniens ont riposté».
Les contrebandiers ont fui vers la Syrie, laissant derrière eux des stocks importants de drogue, peut-on lire dans un communiqué publié par l’armée jordanienne.
«L’armée ripostera de toutes ses forces et avec la plus grande fermeté contre toute tentative d’infiltration afin de protéger nos frontières et d’éloigner quiconque violerait notre sécurité nationale.»
D’importantes cargaisons de drogue ont été saisies après que les trafiquants ont déserté les lieux.
La Syrie est responsable du trafic de drogue vers la Jordanie, déclare à Arab News Mamoun Abou Nuwar, analyste militaire et ancien général de l’armée de l’air jordanienne. Il affirme que la crise syrienne est à l’origine du problème.
«Les frontières avec la Syrie sont une source de menace pour la Jordanie sur le plan du terrorisme et au niveau du trafic de drogue. La Jordanie souhaite redonner une certaine légitimité à la Syrie; mais nous ne percevons toujours pas d’efforts sérieux de la part de cette dernière pour mettre fin à cette menace à travers les frontières.»
Le commerce de drogue rapporterait environ 4 milliards de dollars (1 dollar = 0,88 euro), ajoute-t-il, et les trafiquants de drogue utilisent la Jordanie comme terrain de transit.
«Les États du Golfe sont la destination finale de ces drogues», indique-t-il.
Les responsables jordaniens ont fait part de leur inquiétude devant l’augmentation du trafic de drogue en provenance de Syrie au cours de l’année dernière, avec de grandes quantités cachées dans des camions syriens qui passent par son principal poste frontalier en direction du Golfe.
La Jordanie a récemment abattu un drone qui transportait une grande quantité de drogue à travers la frontière.
Des responsables affirment que le Hezbollah libanais, ainsi que d’autres milices soutenues par l’Iran et qui dominent le sud de la Syrie, étaient à l’origine de la contrebande d’une drogue populaire et interdite – un stimulant connu sous le nom de «Captagon» – qui possède un marché en plein essor dans le Golfe. Le Hezbollah nie ces accusations.
Les experts de l’ONU en matière de drogue affirment que la Syrie, déchirée par une guerre civile qui se prolonge depuis une décennie, est devenue le principal site de production des drogues à destination de la Jordanie, de l’Irak, du Golfe et de l’Europe.
Les autorités syriennes ont fait part ces derniers mois de plusieurs interceptions importantes de drogues destinées aux marchés du Golfe. Elles ont affirmé qu’elles faisaient tout leur possible pour mettre un terme à la production généralisée dans le pays.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com