La diplomatie ne suffit pas avec l'Iran

Des agriculteurs iraniens protestent contre les pénuries d'eau à Ispahan, le 19 novembre 2021. (AFP)
Des agriculteurs iraniens protestent contre les pénuries d'eau à Ispahan, le 19 novembre 2021. (AFP)
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Publié le Samedi 15 janvier 2022

La diplomatie ne suffit pas avec l'Iran

La diplomatie ne suffit pas avec l'Iran
  • Le problème de l’administration Biden est qu’elle s'est pleinement appuyée sur la diplomatie sans recours à la force
  • Les États-Unis ne prennent aucune mesure ferme contre les violations par l'Iran des sanctions américaines et des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU

La stratégie de l'administration Biden à l’égard du régime iranien, qui semble être uniquement ancrée dans la diplomatie, est vouée à l'échec.

La Maison Blanche estime que la politique de pression maximale de l'administration Trump sur l'Iran était inefficace. En conséquence, Joe Biden en a complètement inversé le cours et a utilisé la diplomatie pour tenter de contenir le régime et de faire face à ses menaces. Mais le problème est que son administration s'est pleinement appuyée sur la diplomatie sans recours à la force.

Dans le cadre de son initiative diplomatique, la Maison Blanche a laissé entendre aux dirigeants iraniens qu'elle était non seulement disposée à lever les sanctions liées au nucléaire, mais qu'elle envisageait également d’en lever d'autres.

Biden a également fait des concessions sur le proxy de l’Iran au Yémen, les Houthis. Alors même que les preuves – y compris un rapport de l'ONU – montraient que le régime iranien livrait des armes sophistiquées à la milice, l'administration Biden a suspendu en janvier dernier certaines des sanctions antiterroristes que Donald Trump avait imposées à la milice. Peu de temps après, l'administration Biden a également révoqué la qualification d’organisation terroriste des Houthis.

Puis, en juin dernier, les États-Unis ont levé les sanctions contre trois anciens responsables iraniens et plusieurs sociétés énergétiques. Et, portant un coup dur au peuple iranien et aux défenseurs de la démocratie et des droits de l'homme, quelques jours après que le régime a choisi un meurtrier de masse présumé pour être son prochain président, l'administration Biden a refusé d'exclure une levée des sanctions contre le Guide suprême iranien, Ali Khamenei.

Non seulement la voie diplomatique de l'administration Biden a inclus la levée de certaines des sanctions contre le régime iranien et les Houthis, mais elle a également tourné le dos au comportement malveillant et destructeur de Téhéran dans la région. Par exemple, la Maison Blanche n'a pas pris de mesures proportionnées contre l'établissement théocratique après l’annonce le mois dernier par le ministère américain de la Justice qu'il avait saisi deux grandes caches d'armes iraniennes. Les armes comprenaient «171 missiles antichars guidés, huit missiles sol-air, des composants de missiles de croisière d'attaque terrestre, des composants de missiles de croisière antinavires, des optiques d'armes thermiques et d'autres composants pour missiles et véhicules aériens sans pilote».

L'administration Biden est également restée silencieuse après que la marine américaine a saisi des produits pétroliers iraniens de «quatre tankers battant pavillon étranger dans ou autour de la mer d'Oman qui faisaient route vers le Venezuela. Ces actions représentent les plus importantes confiscations jamais faites par le gouvernement de cargaisons de carburant et d'armes en provenance d'Iran», selon le ministère de la Justice.

En outre, les États-Unis ne prennent aucune mesure ferme contre les violations par l'Iran des sanctions américaines et des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. Par exemple, les expéditions de pétrole de l'Iran vers la Syrie et le Hezbollah violent les sanctions américaines. Et les transferts d'armes aux Houthis contreviennent à la résolution 2140 du Conseil de sécurité de l’ONU.

L'administration Biden détourne également le regard lorsque le régime iranien réprime les manifestants. Un grand nombre de personnes dans la province d'Ispahan se sont soulevées contre les mollahs au pouvoir en novembre. Des dizaines de milliers d'agriculteurs et d'autres manifestants sont descendus dans les rues et ont critiqué les responsables gouvernementaux, à la suite de graves pénuries d'eau. Alors que le régime a coupé l'accès à Internet, les forces de sécurité ont tiré avec des fusils de chasse et utilisé des gaz lacrymogènes sur les manifestants, faisant des morts et des centaines de blessés. Lorsque le hashtag «#BloodyFriday» s’est répandu sur Twitter, Mohammed-Reza Mirheidari, le chef de la police d'Ispahan, a menacé de «s’occuper» des manifestants.

 

L'administration Biden a fermé les yeux sur le comportement malveillant et destructeur de Téhéran dans la région.

Dr Majid Rafizadeh

 

L'organisation Irano-Américains pour la liberté avait pourtant supplié l'administration Biden de faire preuve de solidarité avec les manifestants. «Nous appelons le président Joe Biden, le secrétaire Antony Blinken et tous les membres du Congrès à se tenir aux côtés du peuple iranien», avait-elle déclaré. «La diplomatie avec le principal sponsor mondial du terrorisme ne produira jamais un résultat favorable qui profitera au peuple américain ou iranien. La diplomatie avec la République islamique était vouée à l'échec dès le premier jour», avait-elle ajouté.

Alors, quel a été le résultat de l'initiative diplomatique de l'administration Biden avec le régime iranien, qui a consisté à faire des concessions et fermer les yeux sur les violations des sanctions et du comportement destructeur de Téhéran? Le régime continue de monter les enchères et s’enhardit davantage pour faire avancer ses idéaux révolutionnaires.

En conclusion, le comportement du régime iranien au cours de la dernière année devrait être la preuve pour Biden que la diplomatie sans recours à la force ne fonctionnera pas avec Téhéran.

 

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

Twitter : @Dr_Rafizadeh

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.