Le bilan désastreux du régime iranien en matière de droits de l’homme n'a fait qu'empirer en 2021, avec un nombre croissant de violations, en particulier depuis l’entrée en fonction d’Ebrahim Raïssi, surnommé le «Boucher de Téhéran».
Faisant référence au recours croissant à la peine capitale et au taux alarmant d'exécutions en Iran, Javaid Rehman, le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme dans ce pays, a déclaré à l'Assemblée générale des Nations unies qu'«il existe des critères étendus, vagues et arbitraires permettant d’imposer la peine de mort en Iran et pouvant rapidement la transformer en instrument politique».
Dans son quatrième rapport annuel daté du 25 octobre, Rehman a averti:
«Les défauts structurels du système judiciaire sont si profonds et en contradiction avec la notion d'État de droit qu'on peut à peine parler d'un système judiciaire. Les lacunes profondément enracinées dans la loi et dans l'administration de la peine de mort en Iran signifient que la plupart, sinon la totalité des exécutions sont une privation arbitraire de la vie.»
L’élimination et l'exécution de prisonniers politiques et de ceux qui manifestent contre les mollahs au pouvoir se multiplient. En effet, le régime iranien est parmi ceux qui ont le plus recours aux exécutions capitales, selon le rapport mondial 2021 de Human Rights Watch.
Afin de procéder aux exécutions de prisonniers politiques, la justice iranienne accuse les incriminés de «crimes contre la sécurité nationale» vaguement définis. Il s'agirait notamment de «moharebeh» (inimitié à l’égard de Dieu), «ifsad fil arz» (semer la corruption) et «baghi » (rébellion armée).
Ce n'est pas seulement le nombre d'exécutions qui est épouvantable mais également la nature de certaines exécutions. Celles-ci ont été pratiquées sur des mineurs, des femmes et des personnes appartenant à des groupes minoritaires ethniques et religieux, notamment des kurdes, des Arabes et des sunnites. Bien que l'Iran soit signataire de la Convention des Nations unies sur les droits de l'enfant, le gouvernement n'a fait aucun effort pour modifier le code pénal du pays qui autorise l'exécution de filles âgées de 9 ans seulement.
On peut supposer que les personnes exécutées pour des motifs politiques ou religieux n'ont pas bénéficié d’un procès équitable ou d'une défense légale. Le régime cible, intimide et emprisonne également les avocats qui osent représenter les accusés. Selon le Centre pour les droits humains en Iran: «Trois autres avocats des droits humains en Iran ont été condamnés à des peines de prison injustes en juillet 2021, dans le cadre d'une campagne en cours visant à éliminer une procédure régulière pour les militants et les dissidents, en intimidant les avocats qui les défendent.»
«Les puissances européennes non seulement ne tiennent pas le régime iranien pour responsable de ses violations odieuses des droits humains mais font également des affaires avec Téhéran.»
Dr Majid Rafizadeh
Le centre a déclaré que quatre avocats de la défense – Nasrin Sotoudeh, Mohammed Najafi, Soheila Hejab et Giti Pourfazel – ont été emprisonnés en Iran pour de fausses accusations, en août 2021, tandis que deux autres avocats – Farzaneh Zilabi et Mohammad Hadi Erfanian-Kaseb – ont été poursuivis pour de fausses accusations en juin 2021.
Des hommes, des femmes et des enfants ont par ailleurs été torturés lors d'interrogatoires alors qu'ils étaient détenus, forcés à avouer sous la torture et privés de soins médicaux ainsi que de visites familiales. Les méthodes de torture comprennent le fouet ou les coups avec des bâtons, des matraques et des câbles, ainsi que le placement dans une cellule d'isolement pendant de longues périodes sans eau ni nourriture.
Le 25 octobre, Rehman a exhorté les autorités iraniennes «à entreprendre de nouvelles réformes afin de mettre fin aux condamnations à la peine de mort en violation du droit international, conformément aux recommandations constantes faites d’année en année à l'Iran par les organisations internationales des droits de l’homme».
Cependant, les dirigeants iraniens sont peu enclins à réformer leur système judiciaire répressif en l’absence de pression de la part de l'Union européenne (UE) et de Washington. L'administration Biden semble considérer l'Iran uniquement à travers le prisme du Plan d'action global commun ou l’accord nucléaire.
Par ailleurs, les puissances européennes non seulement ne tiennent pas le régime iranien pour responsable de ses violations odieuses des droits humains mais font également des affaires avec Téhéran. De janvier à juillet 2021, le commerce de l'UE avec l'Iran a rapporté environ 3 milliards de dollars (1 dollar = 0,86 euro) au régime. Selon le journal iranien Financial Tribune, l'Allemagne est restée le premier partenaire commercial du pays au cours des sept mois sous contrôle, avec 1,01 milliard d'euros de marchandises. L'Italie suit avec des échanges d'une valeur de 347,96 millions d'euros.
En résumé, l'administration Biden et l'UE ne devraient plus considérer le régime iranien uniquement à travers le prisme de l'accord nucléaire. Il est temps de placer la question des violations flagrantes par le régime iranien des droits humains en tête de leurs priorités.
Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard. C’est un expert de premier plan de la politique étrangère iranienne et américaine, un homme d'affaires, et président de l'International American Council. Il siège aux conseils d'administration de la Harvard International Review, du Harvard International Relations Council et de la US-Middle East Chamber for Commerce and Business. Twitter: @Dr_Rafizadeh
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Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com