AZAZ : Plus de 70 familles syriennes ont lancé vendredi un appel à la communauté internationale pour que la lumière soit faite sur le sort de leurs proches, disparus ou détenus, lors d'un rassemblement dans le nord du pays.
Depuis le début du conflit en 2011, près d'un million de personnes ont été incarcérées par le régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, une ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d'un vaste réseau de sources dans le pays.
Environ 105 000 d'entre elles ont été exécutées ou sont mortes sous la torture et des dizaines de milliers sont portées disparues, selon la même source.
Le rassemblement de vendredi, organisé à l'initiative de "Nastaqel", une ONG syrienne de défense des droits humains, a eu lieu sur une place d'Azaz, une ville près de la frontière turque sous le contrôle de rebelles pro-Ankara.
Lama Andani a collé sur un mur une lettre dans laquelle elle réclame des nouvelles de son mari, arrêté en 2012 à Damas.
"Je rêve de revoir mon mari (...) et de connaître son sort", déclare Lama, qui a trouvé refuge à Azaz après avoir fui Alep, un peu plus au sud.
"Nous sommes venus dans l'espoir de transmettre notre message à la communauté internationale" pour que ce dossier "ne soit pas oublié", ajoute-t-elle.
Lama raconte avoir pu avoir certaines nouvelles de son mari indirectement pendant un an et demi avant de perdre tout contact avec lui.
"Je sais ce que c’est que d'être torturée dans les geôles du régime", ajoute la Syrienne, qui dit avoir été détenue pendant neuf ans par le régime au début des années 80.
Autour de Lama, des dizaines d'autres personnes ont déposé des messages similaires au sujet de détenus et disparus.
En 2014, un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré sous le pseudonyme de "César", avait révélé des photographies de corps torturés et suppliciés dans les prisons du régime entre 2011 et 2013. Il s'était enfui de Syrie en 2013, en emportant 55 000 photographies effroyables.
Des témoignages de proches de détenus et d'ONG accusent par ailleurs le régime d'avoir exécuté des dizaines de milliers de prisonniers.