Au Pakistan, les proches de l'attaquant au hachoir de Paris prennent sa défense

« Il a tué celui qui manque de respect au prophète » : pour Arshad Mahmoud, le père de l'attaquant au hachoir de Paris, son fils a fait une « bonne action » (Photo, AFP-TV)
« Il a tué celui qui manque de respect au prophète » : pour Arshad Mahmoud, le père de l'attaquant au hachoir de Paris, son fils a fait une « bonne action » (Photo, AFP-TV)
Short Url
Publié le Jeudi 01 octobre 2020

Au Pakistan, les proches de l'attaquant au hachoir de Paris prennent sa défense

  • « Il nous a expliqué qu'il le ferait après les prières du vendredi. Il a aussi appelé l'un de ses amis et lui a dit qu'il avait vu le saint prophète dans ses rêves », raconte sa mère Rukhsana Begum
  • La population est « extrêmement fière » de lui, s'enthousiasme Haji Qaiser, un voisin de la famille

KOTHLI QAZI : « Il a défendu le prophète ». Arshad Mahmoud, le père de l'attaquant au hachoir de Paris, est persuadé du bon droit de son fils, qui pensait s'en prendre à l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, honni au Pakistan, où la question du blasphème est incendiaire.

Dans la vaste maison familiale de Kothli Qazi, petit village de la province du Pendjab (Est) entouré de cultures céréalières verdoyantes, tous soutiennent Zaheer Hassan Mahmoud, 25 ans, dont le geste a plongé la France dans l'horreur. 

« Il a tué celui qui manque de respect au prophète. Ceux qui font cela vont au paradis, avec toute leur famille », affirme le père, au discours préparé, qui dit se sentir « très bien » après « la bonne action » de son fils.

Vendredi, celui-ci n'a pourtant pas tué mais grièvement blessé au hachoir deux personnes dont il croyait, à tort, qu'elles travaillaient pour Charlie Hebdo. Ses motivations : la récente republication des caricatures du prophète Mahomet.

« Nous espérons que la justice l'emportera », commente son frère Harun Arshad, qui croit en une « faible sanction » en raison du « jeune âge » de l'assaillant présumé.

Troisième fils d'une famille de huit enfants, Zaheer Hassan Mahmoud s'est fait faire de faux papiers au nom Hassan Ali, âge 16 ans, avant de s'engager sur les routes migratoires clandestines. Il est entré dans l'Union européenne via la Turquie et la Grèce, explique Harun Arshad.

Aux enquêteurs français, l'assaillant a déclaré être arrivé en France en août 2018, où il a bénéficié de l'aide sociale à l'enfance grâce à son faux statut de mineur.

« Honneur blessé »

Inconnu des services de renseignement hexagonaux, celui qui a été inculpé pour « tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste » puis écroué a appelé sa famille avant de passer à l'acte.

« Il nous a expliqué qu'il le ferait après les prières du vendredi. Il a aussi appelé l'un de ses amis et lui a dit qu'il avait vu le saint prophète dans ses rêves », raconte sa mère Rukhsana Begum.

« Son honneur était blessé. Il a été obligé de faire quelque chose », justifie-t-elle. Et de s'en prendre aux blasphémateurs du prophète Mahomet, « des Juifs », selon elle.

Le blasphème est une question brûlante au Pakistan, où même des allégations non prouvées d'offense à l'islam peuvent entraîner assassinats et lynchages. En août, un Américain faisant face à de telles accusations a été abattu dans l'enceinte d'un tribunal à Peshawar (Nord-Ouest).

L'acquittement fin octobre 2018 de la chrétienne Asia Bibi, qui avait passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort pour blasphème, ce qu'elle a toujours nié, avait provoqué des manifestations violentes dans tout le pays.

A la manœuvre, le parti extrémiste Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), dont la lutte contre le blasphème est la principale arme politique, et dont l'attaquant au hachoir « regardait abondamment » les vidéos ces derniers temps, selon la justice française.

Interrogé, un cadre du TLP a expliqué que ce mouvement « devrait rester silencieux sur l'affaire, car (l'assaillant) a frappé les mauvaises personnes ».

Annihilation atomique

Le décalage est important avec l'année 2018, quand le TLP avait menacé de « faire disparaître les Pays-Bas de la face de la terre » par l'arme atomique, après que le député anti-islam Geert Wilders avait annoncé la tenue d'un concours de caricatures de Mahomet.

« Charlie Hebdo ne devrait pas faire ce genre de choses. Et le gouvernement français ne devrait jamais soutenir ce journal au nom de la liberté d'expression », ajoute ce cadre du TLP. « S'ils continuent, il y aura davantage d'incidents du genre ».

Car la question du blasphème prend toujours plus de place au Pakistan. Le jour de l'attaque parisienne, le Premier ministre Imran Khan, dans un discours devant l'ONU, a qualifié les choix éditoriaux de Charlie Hebdo de « provocation délibérée et d'appel à la haine ».

Or la diaspora pakistanaise est très nombreuse en Europe. Le frère aîné de Zaheer Hassan Mahmoud a vécu dix ans en France. Son cadet, relâché après plusieurs jours de garde à vue, y habite toujours. Un autre frère travaille en Italie.

Dans le village de Kothli Qazi, aussi prospère que religieux, nombre de familles ont envoyé leurs enfants sur le Vieux continent.

Un « choc culturel » les y attend, estime Omar Waraich, responsable d'Amnesty international en Asie du Sud : « En France, la satyre de la religion est une tradition et les gens ne s'en offusquent pas, alors que pour de nombreux Pakistanais, l'insulte au prophète est la plus grave qui soit ».

Le décalage ne pourrait être plus vaste entre Kothli Qazi et Paris. Mercredi, alors qu'une des victimes françaises, blessée au crâne, était toujours hospitalisée dans un état très grave, le village pakistanais devait se rassembler pour célébrer son agresseur.

La population est « extrêmement fière » de lui, s'enthousiasme Haji Qaiser, un voisin de la famille.


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
Short Url
  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
Short Url
  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Short Url
  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.