Attaque à Paris: l'identité réelle de l'assaillant au cœur de l'enquête

La police française détient un suspect présumé suite à une attaque au hachoir à Paris, le 25 septembre 2020 (Photo, AFP)
La police française détient un suspect présumé suite à une attaque au hachoir à Paris, le 25 septembre 2020 (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 29 septembre 2020

Attaque à Paris: l'identité réelle de l'assaillant au cœur de l'enquête

  • C'est en analysant son téléphone portable que les policiers ont mis la main sur une photo d'une pièce d'identité
  • Il dit venir de Kothli Kazi, un village du district agricole de Mandi du Pendjab au Pakistan

PARIS : Trois jours après l'attaque au hachoir à Paris, les enquêteurs tentaient lundi de faire la lumière sur la véritable identité de l'assaillant présumé, dont la garde à vue a été prolongée et qui s'est présenté jusqu'à présent comme un Pakistanais de 18 ans.

Le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard, s'exprimera mardi à 14H00 sur cette attaque.

Depuis son interpellation, l'assaillant présumé, qui a reconnu avoir blessé gravement vendredi deux salariés de l'agence de presse Premières Lignes en pensant s'en prendre à des journalistes de Charlie Hebdo, se présente comme Hassan A., âgé de 18 ans.

Cette identité correspond à celle d'un jeune homme entré en France encore mineur, il y a trois ans. Pris en charge par l'aide sociale à l'enfance dans le Val-d'Oise jusqu'à sa majorité en août dernier, il ne présentait « aucun signe de radicalisation », selon le conseil départemental.

Il n'était pas connu non plus des services spécialisés, n'étant ni fiché, ni inscrit au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) sous ce nom.

C'est en analysant son téléphone portable que les policiers de la brigade criminelle et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), chargés de l'enquête sous l'autorité du parquet national antiterroriste (Pnat), ont mis la main sur une photo d'une pièce d'identité.

Selon ce document, Hassan A. s'appellerait en réalité « Zaheer Hassan Mahmoud » et serait âgé de 25 ans, ont indiqué des sources proches du dossier, confirmant une information du Monde. 

« Très fier »

A ce stade de l'enquête, ce patronyme n'apparaît pas non plus dans les fichiers de police ou de renseignement, a précisé l'une de ces sources.

C'est sous cette identité que s'est présenté cet homme dans une vidéo enregistrée avant l'attaque et authentifiée par les enquêteurs, selon une source proche du dossier. Dans ce document de deux minutes, qui a circulé pendant le week-end sur les réseaux sociaux, l'assaillant, en habit traditionnel, dénonce, entre chants psalmodiés et pleurs, « les caricatures du prophète Mohammed qui ont été faites ».

Il dit venir de Kothli Kazi, un village du district agricole de Mandi du Pendjab au Pakistan.

« Aujourd'hui, vendredi 25 septembre, je vais nous défendre contre ça », ajoute-t-il, sans donner plus de détails et sans faire allégeance à une quelconque organisation. Il revendique en revanche avoir pour « guide » le mollah Ilyas Qadri, chef de file de Dawat-e-Islami, un groupe religieux apolitique et non-violent d'inspiration soufie basé au Pakistan.

Le blasphème est une question brûlante au Pakistan, où même des allégations non prouvées d'offense à l'islam peuvent entraîner assassinats et lynchages. Il est passible de la peine de mort, même si aucun condamné n'a jusqu'à présent été légalement exécuté.

Contacté par téléphone, Arshad Mahmoud, qui se présente comme son père, s'est dit « très heureux » et « très fier » des actes de son fils, qui a « protégé l'honneur du Prophète ». « Le village tout entier est venu me féliciter », a-t-il assuré.

Téléphones saisis

Des perquisitions dans deux des domiciles présumés de cet homme présenté comme "itinérant", dans un hôtel social à Cergy-Pontoise et un appartement de Pantin (Seine-Saint-Denis), ont permis la saisie, entre autres, de téléphones portables. Leur analyse pourrait permettre d'en savoir davantage sur son parcours avant son arrivée en France en 2018.

La garde à vue de l'assaillant, qui parle mal le français et est assisté d'un interprète en ourdou, a été prolongée de quarante-huit heures dimanche, a indiqué une source judiciaire.

Bien que « tout laisse à penser qu'il a agi seul », selon une source proche du dossier, cinq autres gardes à vue étaient encore en cours lundi: trois anciens colocataires du principal suspect dans son appartement de Pantin, son jeune frère et une connaissance.

Cinq autres personnes ont déjà vu leurs gardes à vue levées. Remis en liberté dès vendredi soir, « Youssef », 33 ans, initialement considéré comme suspect, a raconté au Monde samedi et sur TF1 dimanche comment il s'était retrouvé en garde à vue alors qu'il avait en réalité tenté d'arrêter l'attaquant.

Emmanuel Macron a rappelé lundi en conseil de ministres que « la menace terroriste est toujours persistante dans notre pays » et s'est dit prêt à « réinterroger » un « certain nombre de dispositifs », a indiqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. 


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.