A moins de 100 jours du scrutin, une élection présidentielle hors normes

Le président français Emmanuel Macron est accueilli par le président de la région Hauts-de-France et candidat du parti Les Républicains (LR) à l'élection présidentielle française de 2022 Xavier Bertrand à son arrivée pour visiter le "Familistère Godin de Guise." (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron est accueilli par le président de la région Hauts-de-France et candidat du parti Les Républicains (LR) à l'élection présidentielle française de 2022 Xavier Bertrand à son arrivée pour visiter le "Familistère Godin de Guise." (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 janvier 2022

A moins de 100 jours du scrutin, une élection présidentielle hors normes

  • «On n'a jamais vécu une présidentielle dans cette situation, c'est une première»
  • Quasi novice en politique lorsqu'il a accédé au pouvoir en 2017, en ringardisant les partis de gouvernement de droite comme de gauche, le président Emmanuel Macron vise une nouvelle performance

PARIS : Emmanuel Macron pas encore candidat mais manifestement en campagne et donné favori, une droite et une extrême droite conquérantes face une gauche atomisée: la France entre dans une période d'élection présidentielle houleuse, en pleine vague de contaminations à la Covid-19.

Quasi novice en politique lorsqu'il a accédé au pouvoir en 2017, en ringardisant les partis de gouvernement de droite comme de gauche, le président Emmanuel Macron vise une nouvelle performance: devenir le premier président de la République élu deux fois au suffrage universel sans cohabitation. 

Les sondages le créditent de 24 à 27% des intentions de vote, avec une avance d'une dizaine de points sur ses principaux poursuivants, un trio composé de la candidate du parti de droite Les Républicains (LR) Valérie Pécresse, et des deux représentants de l'extrême droite, Marine Le Pen pour le Rassemblement national (RN) et l'ex-polémiste Eric Zemmour, qui gravitent autour de 15%. 

Au second tour, il l'emporterait de peu face à Valérie Pécresse, plus largement contre Marine Le Pen ou Eric Zemmour, selon les dernières enquêtes d'opinion.

Sa voie semblait toute tracée, selon les analystes: jouer à fond de son statut, au moment où la France assure la présidence du Conseil de l'Union européenne et en pleine crise sanitaire.

Mais à moins de 100 jours du premier tour, Emmanuel Macron a de nouveau dérouté, descendant dans l'arène par une sortie contre les non-vaccinés, confiant dans un entretien avec le quotidien populaire Le Parisien avoir "très envie de les emmerder" pour les amener à résipiscence par la multiplication des restrictions.

Il a également reconnu son "envie" de se représenter pour cette élection qui s'annonce âpre et fertile en polémiques.

Avant même cette déclaration, le RN comme Eric Zemmour avaient appelé leurs partisans à ne pas "se laisser voler cette élection" par la focalisation du débat sur la crise sanitaire.

Au moment où le nombre de contaminations enregistrées par jour dépasse les 330 000, le président sortant "instrumentalise cyniquement la Covid", pour "qu'on ne parle pas de son bilan" et "surtout de l'identité de la France", a accusé jeudi M. Zemmour.

«Gestion de l'urgence»

"On n'a jamais vécu une présidentielle dans cette situation, c'est une première", souligne Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol). A cause de l'urgence sanitaire "la campagne ne peut pas commencer, on ne peut pas parler des programmes, des réformes du pays".

Deux formations de gauche, La France insoumise (LFI) et le Parti communiste, ont annoncé qu'ils distribueraient des masques FFP2 lors de leurs meetings. Le parti présidentiel, les LR et le Parti communiste ont aussi prévu de demander un pass sanitaire à l'entrée de leurs réunions électorales et d'imposer des jauges.

Déjà éliminée du second tour en 2017, la gauche risque d'être de nouveau condamnée à faire de la figuration. Son candidat le mieux placé, Jean-Luc Mélenchon (LFI) peine à se maintenir autour de 10% des intentions de vote, devant l'écologiste Yannick Jadot et la socialiste Anne Hidalgo.

Sur la droite de l'échiquier politique, la situation est très mouvante, "très nouvelle, par rapport à ce qu'on imaginait encore il y a plusieurs mois et même en septembre", explique Bruno Jeanbart, vice-président de l'institut de sondages OpinionWay.

"Marine Le Pen semblait vraiment très à l'abri d'une non-qualification au second tour depuis maintenant trois ans, ce qui, clairement, n'est plus le cas", indique-t-il, en raison de la concurrence imprévue d'Eric Zemmour et de la montée de Valérie Pécresse depuis sa victoire à la primaire LR en décembre.

"On voit bien qu'avec Valérie Pécresse, c'est beaucoup plus incertain pour Emmanuel Macron. Face à Le Pen ou Zemmour, la question est de savoir combien Macron ferait, pas de savoir s'il gagnerait ou pas", sauf imprévu majeur, estime Bruno Jeanbart.

Si un deuxième mandat Macron paraît actuellement le plus probable, Dominique Reynié s'interroge des conséquences sur sa légitimité et sa capacité à gouverner pendant cinq ans du scénario où "la réélection se ferait sur la gestion de l'urgence, un point c'est tout".

Dans cette hypothèse, "c'est les gilets jaunes au carré à chaque réforme", prédit-il, en référence au mouvement de protestation populaire de 2018-2019, déclenché par une hausse des prix de l'essence qui avait tourné à la révolte contre l'arrogance et le mépris prêtés au président Macron.

Une gauche française divisée peut-elle peser dans la présidentielle?

À moins de 100 jours du scrutin présidentiel, en France, la myriade de partis de gauche du pays risque d'être éliminée dès le premier tour, mais les appels à l'unification derrière un candidat unique n'aboutissent pas pour le moment.

Les sondages montrent régulièrement que seul Jean-Luc Mélenchon, candidat de la gauche radicale, qui avait obtenu presque 20% au premier tour il y a cinq ans, a des chances de dépasser les 10% en 2022. 

Aucun autre ne parvient à atteindre des résultats à deux chiffres, ce qui rend peu probable qu'un candidat de gauche ne vienne troubler Emmanuel Macron dans sa quête d'un second mandat. 

Le retournement de situation est brutal, en particulier pour les socialistes, qui ont occupé la présidence avant M. Macron et dont la candidate, la maire de Paris Anne Hidalgo, est en grande difficulté.

Celle-ci s'attèle désormais à convaincre Jean-Luc Mélenchon, le candidat des Verts Yannick Jadot, les communistes et autres forces de gauche à unir leurs forces. Mais tous ont pour l'instant rejeté l'idée. 

Entre-temps, Christiane Taubira ancienne ministre des gouvernements de François Hollande et figure respectée au sein de la base du Parti socialiste, a déclaré qu'elle "envisageait" de rejoindre la mêlée dans une tentative d'unification, ce qui brouille davantage l'échiquier.

La plupart des électeurs semblent résignés à l'idée que 2022 ne sera pas l'année du retour de la gauche, même si la dégradation du pouvoir d'achat, les inégalités et la menace du réchauffement climatique figurent régulièrement parmi les principaux enjeux électoraux dans les sondages.

"La gauche paie le fait de ne plus être capable de se mettre autour d'une table pour discuter et construire un projet commun", regrette Clémence Dollé, membre du mouvement des Jeunes écologistes qui soutient le parti Europe Ecologie Les Verts (EELV). "On aurait dû faire cela il y a deux ans. C'est trop tard".

«Pas envie d'attendre»

Interrogé par l'AFP, le politologue Gérard Grunberg a dressé un constat sans appel. "C'est désastreux. Jamais la gauche n'a été aussi divisée depuis le début de la Ve République" (en vigueur depuis 1958). 

Aux côtés des trois plus grandes formations de gauche, se trouve une demi-douzaine de partis de niche, dont peu sont enthousiastes à l'idée d'une primaire, prévue fin janvier par des militants espérant former une franche opposition à la droite. 

"Nous sommes là pour rappeler aux partis politiques que leur rôle est de répondre aux urgences que les citoyens font remonter", a déclaré Mathilde Imer, porte-parole de l'initiative de "La Primaire Populaire" qui a recueilli plus de 300.000 inscriptions en ligne. 

Selon elle, il est clair que les électeurs "n'ont pas envie d'attendre cinq ans" pour que la gauche présente une campagne convaincante face aux problèmes sociaux et climatiques.

Cependant, pour Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l'Université de Lille, "beaucoup de partis de gauche ont l'impression que c'est perdu d'avance et choisissent de défendre leur propre drapeau".

Pourtant, même si l'immigration et les craintes sécuritaires dominent le débat, M. Lefebvre réfute l'idée d'un basculement à droite du centre de gravité politique français. 

"Il y a un potentiel électoral pour la gauche mais elle n'arrive pas à le capter" a-t-il expliqué à l'AFP, soulignant un "problème de crédibilité" tant "le discours de gauche est difficile à vendre et à défendre". 

Les appels à l'intensification de la lutte contre le réchauffement climatique continuent par exemple à être perçus comme "sacrificiels" et nuisant aux emplois et à la croissance. 

"Une bonne image ne se traduit pas en capital électoral lorsque le débat se concentre sur la sécurité et l'immigration, des questions sur lesquelles la gauche est totalement absente", commente le politologue Stéphane Rozès.

Au delà de 2022, "je pense que la gauche va survivre. En tant que jeune militante, on se rend compte que ce sont les personnes les plus anciennes dans les appareils qui ont le plus de mal à se mettre autour d'une table et discuter", juge Clémence Dollé.


Xi Jinping arrive en France pour sa première tournée européenne depuis 2019

Le président chinois Xi Jinping (à gauche) et le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
Le président chinois Xi Jinping (à gauche) et le président français Emmanuel Macron (Photo, AFP).
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  • Paris veut a minima s'assurer que la Chine, principale alliée du président russe Vladimir Poutine, ne bascule dans un soutien clair à son effort de guerre face à Kiev
  • De mercredi à vendredi, Xi Jinping ira ensuite en Serbie et en Hongrie

PARIS: Xi Jinping arrive dimanche à Paris, où son homologue français Emmanuel Macron entend prôner la "réciprocité" commerciale et la recherche d'une résolution de la guerre en Ukraine face à un président chinois qui continue d'afficher son soutien à la Russie.

De retour pour la première fois en Europe depuis 2019, le numéro un de la superpuissance asiatique a organisé sa tournée sous le sceau de l'équilibre diplomatique: après la visite d'Etat en France, qui lui demande depuis un an d'user de son influence pour "ramener la Russie à la raison", il se rendra en Serbie et Hongrie, deux pays restés proches de Moscou.

Il doit être accueilli vers 16H00 (14H00 GMT) par le Premier ministre Gabriel Attal à l'aéroport parisien d'Orly.

Lundi, Xi Jinping, qui vient célébrer les 60 ans de relations diplomatiques franco-chinoises, enchaînera les rendez-vous avec Emmanuel Macron, qui s'est concerté en amont avec le chancelier allemand Olaf Scholz.

Le matin, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se joindra au duo franco-chinois à l'Elysée pour une session qui devrait permettre de soulever les différends commerciaux.

Et ils sont nombreux. Menacée d'être prise en tenailles entre les économies américaine et chinoise, massivement aidées par la puissance publique, l'Union européenne a multiplié ces derniers mois les enquêtes sur les subventions étatiques chinoises à plusieurs secteurs industriels, notamment aux véhicules électriques, accusées de fausser la concurrence.

«Trêve olympique»

Dans un entretien à La Tribune dimanche, Emmanuel Macron reconnaît que les Européens ne sont "pas unanimes" sur la stratégie à adopter car, dit-il, "certains acteurs voient toujours dans la Chine essentiellement un marché de débouchés" alors qu'elle "exporte massivement vers l'Europe".

Il plaide lui pour "mieux protéger notre sécurité nationale", "être beaucoup plus réalistes dans la défense de nos intérêts" et "obtenir la réciprocité".

A Pékin, ces mesures jugées "protectionnistes" passent mal. Les autorités chinoises ont lancé leur propre enquête antisubventions visant essentiellement le cognac français, contre laquelle le président français compte s'élever.

Si aucun contrat mirobolant n'a été annoncé à ce stade, des discussions sur des investissements étaient en cours jusqu'au bout. Un forum économique franco-chinois est aussi prévu lundi au théâtre Marigny.

L'après-midi, après une cérémonie protocolaire d'accueil en grande pompe aux Invalides, et avant un banquet à l'Elysée, Emmanuel Macron et Xi Jinping se retrouveront en tête-à-tête pour la séquence la plus politique, puis s'exprimeront devant la presse.

Le Français compte demander au Chinois de soutenir la "trêve olympique" pour "l'ensemble" des conflits à l'occasion des Jeux de Paris cet été.

Paris veut a minima s'assurer que la Chine, principale alliée du président russe Vladimir Poutine, ne bascule dans un soutien clair à son effort de guerre face à Kiev. Voire "l'encourager à utiliser les leviers" dont elle dispose sur Moscou pour "contribuer à une résolution de ce conflit", selon l'Elysée.

Casser le protocole 

Emmanuel Macron avait porté ce même message il y a un an lors de sa propre visite d'Etat en Chine, avec des résultats modestes.

Pour Marc Julienne, chercheur à l'Institut français des relations internationales, "cette approche révèle un manque de compréhension des intérêts et de la stratégie de Pékin", qui veut "se tenir à distance du conflit" et n'entend "pas s'impliquer davantage, ni dans le sens des Européens, ni dans le sens d'un soutien militaire à la Russie".

Le président français tentera néanmoins d'enfoncer le clou mardi, dans les Pyrénées, à l'occasion d'une escapade plus personnelle entre les deux hommes, accompagnés de leurs épouses.

L'objectif de ce déjeuner sur le col du Tourmalet, là où, enfant, il passait ses vacances chez sa grand-mère, est éminemment diplomatique: casser l'imposant protocole pour instaurer un dialogue plus direct, notamment sur l'Ukraine.

Sur la question sensible des droits humains, Emmanuel Macron dit préférer évoquer "les désaccords" plutôt "derrière des portes closes". Paris n'a pas non plus tenu à ériger en priorité le dossier de Taïwan, pourtant au coeur des fortes tensions entre les Etats-Unis et la Chine.

De mercredi à vendredi, Xi Jinping ira ensuite en Serbie et en Hongrie.

"L'idée est de mettre en avant une alliance des autocraties face au monde occidental" et "de montrer qu'il a encore des alliés en Europe", analyse Valérie Niquet, directrice Asie à la Fondation pour la recherche stratégique.


JO-2024: la flamme olympique arrive mercredi à Marseille

Son dernier passage remonte donc à 1992 et aux JO d'hiver d'Albertville (Savoie), après un premier séjour en 1968, pour les Jeux d'hiver de Grenoble (Photo, AFP).
Son dernier passage remonte donc à 1992 et aux JO d'hiver d'Albertville (Savoie), après un premier séjour en 1968, pour les Jeux d'hiver de Grenoble (Photo, AFP).
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  • La torche olympique débutera son périple français sur le Vieux-Port de Marseille
  • C'est la première fois que la flamme arrive en France pour des Jeux d'été car si Paris a déjà accueilli les JO, en 1900 et 1924, le principe de la flamme olympique n'a été inauguré qu'en 1928

MARSEILLE: Après 12 jours de navigation sur le trois-mâts Belem parti de Grèce, la flamme olympique accoste mercredi à Marseille où 150.000 personnes devraient l'accueillir, encadrées par un dispositif de sécurité exceptionnel, à moins de trois mois des Jeux de Paris.

C'est la première fois que la flamme arrive en France pour des Jeux d'été car si Paris a déjà accueilli les JO, en 1900 et 1924, le principe de la flamme olympique n'a été inauguré qu'en 1928 lors des Jeux d'Amsterdam.

Son dernier passage remonte donc à 1992 et aux JO d'hiver d'Albertville (Savoie), après un premier séjour en 1968, pour les Jeux d'hiver de Grenoble.

Allumée le 16 avril sur le site d'Olympie, à quelque 100 jours de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris (26 juillet-11 août), la torche olympique débutera son périple français sur le Vieux-Port de Marseille, l'antique "Massalia" fondée il y 2.600 ans par des marins grecs, en présence du président de la République Emmanuel Macron.

"Le fil rouge de cette arrivée de la flamme, c’est l’histoire de ces Grecs partis il y a des millénaires à travers la Méditerranée pour arriver à Marseille et fonder la ville", a insisté le maire Benoît Payan, interrogé par l'AFP.

A la sortie du majestueux Belem, navire datant de 1896, année des premiers Jeux olympiques de l'ère moderne, le premier porteur de la flamme sera le nageur français Florent Manaudou. Quadruple médaillé olympique et sacré sur 50 m nage libre en 2012 à Londres, celui qui est toujours licencié au Cercle des Nageurs de Marseille visera une nouvelle médaille à Paris.

Sécurité renforcée 

Le 16 avril sur le site antique d'Olympie, c'est sa soeur Laure, elle aussi nageuse, championne olympique et triple médaillée en 2004, qui avait été la première relayeuse française après l'allumage de la flamme.

Après avoir rejoint la terre ferme sur une piste d'athlétisme flottante, Florent Manaudou se dirigera vers le Quai de la Fraternité, au bout de la mythique Canebière, où sera allumé le chaudron olympique aux alentours de 19h45. Par lui ou par un invité surprise comme Zinedine Zidane, né à Marseille? Le suspense demeure.

Auparavant, le Belem aura été au coeur d'une journée de fête, avec une grande parade maritime lors de laquelle 1.024 bateaux accompagneront le trois-mâts dans la rade de Marseille. Vers 19h00, son entrée dans le Vieux-Port sera saluée par un feu d'artifice, l'Orchestre philharmonique de Marseille et les incontournables "tifos", ces impressionnantes bannières des supporters de l'OM, le club de foot emblématique de la ville.

Puis la soirée se poursuivra par un grand concert, animé notamment par les rappeurs marseillais Soprano et Alonzo. "On va faire du beau, du grandiose, du sobre et populaire en même temps", a promis Benoît Payan, assurant que tout serait "gratuit du matin au soir, jusqu'au concert, et pour tout le monde".

Alors que les autorités attendent 150.000 personnes autour du Vieux-Port, un dispositif de sécurité qualifié d'exceptionnel sera déployé, dans un climat international tendu et marqué par les conflits en Ukraine et au Proche-Orient.

Le feu au Vélodrome 

A Marseille, ce sont plus de 6.000 membres des forces de l'ordre, dont des policiers des unités d'élite du Raid, des démineurs, des membres des brigades nautiques, des avions Rafale et un dispositif anti-drones, qui seront mobilisés.

En comptant les agents dépendant de la mairie (marins-pompiers, personnels de sécurité, policiers municipaux...), les effectifs atteindront 8.500 personnes et dépasseront ceux déployés en septembre 2023 pour la visite du pape François.

Lors d'une visite à Marseille, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a assuré que le Vieux-Port serait totalement "étanche". Les spectateurs seront soumis à une palpation et les plus de 3.000 bateaux amarrés au Vieux-Port minutieusement déminés à partir de lundi tandis que des plongeurs inspecteront les flots.

Après cette journée spectaculaire, la flamme débutera jeudi le périple qui doit la conduire à Paris, via tout le pays, dont les Antilles et la Polynésie française. Là encore, ce relais olympique sera une première en France pour des Jeux d'été, cette tradition remontant aux JO de Berlin en 1936.

Ce long "relais de la flamme", qui passera entre autres par le viaduc de Millau, les châteaux de la Loire, les plages du Débarquement ou le Mont-Saint-Michel, débutera dans la matinée à Notre-Dame de la Garde, la "Bonne Mère" qui surplombe Marseille.

Jeudi soir, le feu olympique sera allumé dans un chaudron posé devant le Stade Vélodrome, autre emblème de la ville méditerranéenne. Puis son chemin se poursuivra jusqu'à Paris, où la vasque olympique sera embrasée le 26 juillet, jour de la cérémonie d'ouverture des Jeux. Le 28 août, c'est la flamme paralympique, allumée elle en Grande-Bretagne, qui arrivera à Paris pour les Jeux paralympiques (28 août-8 septembre).


Dans les Pyrénées, Macron emmènera Xi sur ses terres d'adoption

Cette photographie, prise le 2 mai 2024, montre une vue de la station de ski du Grand Tourmalet - La Mongie dans les montagnes des Pyrénées, dans le sud-ouest de la France. Pour poursuivre la visite d'État du président chinois en France, Emmanuel Macron et XI Jinping, se rendront dans les Hautes-Pyrénées le 7 mai 2024, pour un déjeuner au restaurant "L'Etape du Berger" situé sur les pistes de la station de ski. (Photo de Lionel Bonaventure AFP)
Cette photographie, prise le 2 mai 2024, montre une vue de la station de ski du Grand Tourmalet - La Mongie dans les montagnes des Pyrénées, dans le sud-ouest de la France. Pour poursuivre la visite d'État du président chinois en France, Emmanuel Macron et XI Jinping, se rendront dans les Hautes-Pyrénées le 7 mai 2024, pour un déjeuner au restaurant "L'Etape du Berger" situé sur les pistes de la station de ski. (Photo de Lionel Bonaventure AFP)
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  • Le président français a choisi ce coin des Pyrénées, où il nourrit d'anciennes et profondes attaches, pour délocaliser l'espace d'une courte journée la visite d'Etat de M. Xi à l'occasion des 60 ans de l'établissement de relations diplomatiques entre les
  • Né à Amiens, dans le nord de la France, où il a grandi, Emmanuel Macron a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnère-de-Bigorre et la station de ski de La Mongie

BAGNÈRES-DE-BIGORRE, France : En apparence, c'est un petit cimetière comme les autres, mais c'est là, à Montgaillard, dans le département des Hautes-Pyrénées (sud), qu'Emmanuel Macron vient souvent se recueillir sur la tombe de sa grand-mère, près de la station de ski où il emmènera mardi le président chinois Xi Jinping.

Le président français a choisi ce coin des Pyrénées, où il nourrit d'anciennes et profondes attaches, pour délocaliser l'espace d'une courte journée la visite d'Etat de M. Xi à l'occasion des 60 ans de l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays.

Une façon de casser le protocole imposant qui entoure le moindre déplacement du dirigeant chinois pour tenter d'instaurer un dialogue sincère, notamment sur la question-clé de l'Ukraine.

- «Grâce à elle» -

Né à Amiens, dans le nord de la France, où il a grandi, Emmanuel Macron a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnère-de-Bigorre et la station de ski de La Mongie, juste avant le col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France.

C'est avec «Manette» et «Koulou», ses grands-parents maternels Germaine et Jean Noguès, que le jeune Emmanuel descendait chaque année en train jusqu'à cette petite vallée, une semaine en hiver et un mois en été.

«C'est grâce à elle qu'il est arrivé là où il est», raconte une cousine du président français, Nicole Arnal, 80 ans, venue donner un coup de main au magasin de vêtements pour dame que sa fille tient dans le centre-ville de Bagnère-de-Bigorre.

Institutrice puis directrice d'école, Manette «le faisait travailler tous les jours», même en vacances, se souvient-elle.

En dépit de la mort de Jean en 2002 et celle, douloureuse, de Manette en 2013, Emmanuel Macron n'a jamais cessé de se rendre dans les Hautes-Pyrénées.

«Il souffle quand il vient ici», explique la fille de Nicole, Sylvie Durant, 52 ans, dont les yeux s'embuent quand elle évoque les détracteurs du président, pour qui elle a forcément de l'affection.

- «Racines» -

«Un arbre, si vous voulez qu'il tienne, il a besoin de racines», philosophe l'éleveur et ami d'Emmanuel Macron Eric Abadie, dont le restaurant d'altitude accueillera la rencontre avec Xi Jinping mardi.

Au menu: épaule d'agneau, jambon de porc noir et haricots tarbais, une sélection de fromages du meilleur ouvrier de France Dominique Bouchait, et tarte aux myrtilles en dessert, à la demande expresse de Brigitte Macron. Les deux couples présidentiels et leurs interprètes dégusteront des vins locaux, un Montus rouge et un Saint Mont blanc.

«Manu», il l'a rencontré «gamin» alors qu'il venait déjeuner à son restaurant en face des pistes de La Mongie avec son grand-père, raconte l'éleveur de 61 ans a la carrure solide. «Le courant est passé» et leur amitié dure maintenant depuis près de trente ans.

Les péripéties politiques du «gamin» n'ont pas rompu les liens. «Quand il était ministre de l'Economie, (...) je l'ai fait dormir dans un canapé, avec Brigitte. Tout le monde ne l'aurait pas fait», se rappelle Eric Abadie. Les deux hommes se sont encore parlé la veille au téléphone, une vingtaine de minutes.

«Mes racines familiales sont ici (...) Dès que je peux, je viens. C'est un lieu de vérité où j'arrive serein et déterminé», avait confié le candidat Macron en 2017, au quotidien régional La Dépêche du Midi.

Pourtant fermée depuis un mois, la station de La Mongie est en «effervescence» à quelques jours de recevoir «non pas un, mais deux présidents», confie Enzo Celhaiguibel, 35 ans, sur le pas de la porte de son hôtel La voie lactée.

«Si Emmanuel Macron a choisi ce lieu qui lui est cher et auquel il est très attaché, ce n'est pas pour rien», estime l'hôtelier, qui y voit une «volonté de redynamiser la vallée».

A Eric Abadie, le président confiait encore récemment au téléphone: «Ça va faire dix ans que je serai au pouvoir, et j'aimerais qu'il y ait des choses qui restent.»

En y faisant monter Xi Jinping, le président français veut inscrire le Tourmalet dans l'histoire.