ALGER: La justice algérienne va, pour la première fois, juger une mineure de 14 ans pour des faits en lien avec le mouvement de protestation Hirak, ont indiqué jeudi son avocat et une ONG.
La jeune fille doit comparaitre mercredi avec une vingtaine d'autres personnes au tribunal d'Annaba (est) pour "attroupement non armé", a déclaré à l'AFP son avocat, Me Abdelhalim Khereddine.
Me Khereddine a affirmé s'attendre à un report du procès, car la jeune fille doit selon la loi être jugée par un tribunal pour mineurs. Il entend présenter une demande en ce sens lors de l'audience de mercredi.
"C'est un précédent grave car on juge une enfant de 14 ans pour des faits politiques", s'est insurgé l'avocat.
La majorité pénale est de 18 ans en Algérie.
Le père de la jeune fille est en prison depuis huit mois. Il est accusé, selon Me Khereddine, d'appartenir à l'organisation islamo-conservatrice Rachad, classée comme mouvement "terroriste" par l'Algérie.
"C'est une première. Le pouvoir a franchi un nouveau pas dans l'escalade de la répression, même les enfants ne sont pas épargnés", a réagi auprès de l'AFP Said Salhi, vice-président de la Ligue Algérienne de Défense des Droits de l'Homme (LADDH).
"C'est du harcèlement contre toute une famille, le pouvoir veut dissuader, pousser les Algériennes et Algériens à renier leurs droits et leur combat", a renchéri M. Salhi.
Près de 300 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie en lien avec le mouvement de protestation pro-démocratie Hirak qui secoue le pays sporadiquement depuis 2019 et/ou les libertés individuelles.
Des poursuites fondées, pour beaucoup, sur des publications sur les réseaux sociaux, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).