PARIS: Ils recrutent des sympathisants, se chargeaient de l'ambiance au meeting de Villepinte et assurent lutter en interne contre les dérapages des plus radicaux: les jeunes de "Génération Z" sont au coeur de la campagne du candidat d'extrême droite Eric Zemmour.
Lancés en février 2021, pour "prendre de l'avance" sur le futur candidat, les "GZ" sont d'abord incarnés par leur chef de file Stanislas Rigault.
A 22 ans, ce Vendéen écume les plateaux TV avec l'aplomb d'un vieux briscard de la politique.
Père militaire et mère qui travaille auprès de personnes âgées, il a pour l'occasion mis entre parenthèses ses études de droit à l'institut catholique de La-Roche-sur-Yon, où il avait fondé L'Etudiant libre, un magazine "patriote", promoteur de "l'union des droites".
Le 25 novembre, cinq jours avant la candidature d'Eric Zemmour, le patron des "GZ" anime la soirée "réseau" au Brasil Tropical, une boîte parisienne au pied de la Tour Montparnasse, aux côtés d'Hilaire Bouyé, un ancien de l'UNI, syndicat d'étudiants de droite.
«Rallye»
Discours devant 600 personnes, drapeaux français, Marseillaise, puis une soirée de danse rock, rapporte une participante, qui évoque une ambiance de "rallye", soirée chic de "l'ouest parisien".
A l'entrée de la boîte, le contrôle du pass sanitaire en crispe plus d'un. Certains s'échangent des QR code, poursuit cette source, interrogée par l'AFP.
"On a une petite base de gens opposés à la vaccination. C'est une minorité mais elle est bruyante", relativise Stanislas Rigault.
Dix jours plus tard, au meeting de Villepinte (Seine-Saint-Denis), l'un des intervenants, Jean-Frédéric Poisson, à la tête du petit parti conservateur et chrétien VIA-La voie du Peuple, sera chaudement applaudi pour ses propos sur la "liberté d'être ou ne pas être vacciné" contre la Covid.
Ce 5 décembre, au Parc des expositions, les "GZ", 900 sur place, selon le mouvement, sont au coeur du meeting de plus de 10.000 personnes.
Ils applaudissent leur champion, vendent des T-shirt made in Bangladesh "Zemmour 2022" ou "Ben Voyons", une expression favorite d'Eric Zemmour. Et font des chaînes humaines pour tenter de ramener le calme quand des scènes de violence parasitent le meeting.
Certains viennent de grandes écoles, comme trois garçons de Sciences Po Paris et un de l'Ecole normale supérieure (ENS), rencontrés par l'AFP. Mais on aurait tort de réduire le mouvement de jeunesse au public parisien aisé du Brasil Tropical fin novembre.
Béret sur la tête, "Bauduch" (son surnom) a fait le voyage de Picardie avec une bande d'amis. Il "partage les inquiétudes de Zemmour sur l'immigration et l'insécurité" et évoque son engagement personnel "royaliste, traditionaliste".
Séduits par la radicalité du candidat d'extrême droite, plusieurs jeunes expliquent avoir "découvert" la politique grâce aux émissions du polémiste sur CNews.
Les sondages montrent qu'Eric Zemmour peine à séduire l'électorat jeune, mais "GZ" revendique 6 500 membres, surtout des hommes. "C'est 70% de garçons et 30% de filles comme les autres mouvements politiques de jeunesse", nuance Stanislas Rigault.
«Scandaleux»
Au coeur de son organisation, les boucles de l'application de messagerie Telegram auxquelles l'AFP a eu accès. Elles rassemblent des milliers de personnes sur "Opération Z", des groupes locaux comme "GZ Paris 16e" ou "GZ Ile-de-France" pour les collages d'affiches nocturnes et un "Groupe de discussion", à la tonalité beaucoup plus polémique.
Plusieurs dérapages ont lieu sur cette dernière. Des insultes volent contre des médias traditionnels ou des figures publiques jugées hostiles à Eric Zemmour.
Certains recommandent la lecture de l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol, quand d'autres mettent en garde contre cette publication, dont le directeur a récemment été condamné pour contestation de crime contre l'humanité et provocation à la haine envers les juifs après des propos tenus sur YouTube.
"C'est particulièrement agaçant et scandaleux", réagit Stanislas Rigault, pour qui "Rivarol est un torchon".
Mais ce groupe de discussion est un "espace de libre parole de sympathisants" qui n'est "pas administré par des cadres. Il y a des milliers de messages par jour, on ne peut pas tout modérer", assure-t-il.
Une charte de bonne conduite a été renvoyée depuis l'entretien réalisé lundi.