DJEDDAH: À mesure que le Royaume s'ouvre au monde, les cinéastes saoudiens recourent au cinéma et aux éléments visuels afin de combattre les idées préconçues qui circulent sur leur pays et de rendre hommage aux véritables talents saoudiens. Les œuvres du jeune cinéaste Hamza Jamjoom illustrent cette tendance.
Jamjoom est né dans la ville côtière de Djeddah, où il a grandi, entouré de femmes influentes. Dans cet environnement sûr, il a mené une vie agréable, ce qui va à l’encontre de l'image que l'Occident se fait des Saoudiens et de l’idée des femmes saoudiennes opprimées. C’est pour combattre ces préjugés qu’il a décidé de faire du cinéma. Son thriller psychologique Rupture, qui a reçu plusieurs prix, en est un bon exemple.
Hamza Jamjoom a remporté le Prix du meilleur film saoudien au Festival international du film de la mer Rouge (Red Sea International Film Festival). Dans l’entretien qu’il a accordé à Arab News, il parle de la vie sereine qu'il a vécue en Arabie saoudite, en dépit des problèmes qui ont marqué ce pays, comme tant d'autres.
Ma vocation est de combattre les idées fausses sur les musulmans, les Arabes et les Saoudiens. C'est le message que je transmets dans chacun de mes films. À l'heure actuelle, les films constituent selon moi la meilleure façon d'éliminer les idées fausses.
Hamza Jamjoom
«Ma vocation est de combattre les idées fausses sur les musulmans, les Arabes et les Saoudiens. C'est le message que je transmets dans chacun de mes films. À l'heure actuelle, les films constituent selon moi la meilleure façon d'éliminer les idées fausses.»
«J'ai grandi dans une famille qui soutient les femmes. Mes sœurs et ma mère sont des femmes très accomplies. Elles ont davantage de compétences que les hommes de ma famille, qui peinent à les rattraper!», confie-t-il.
À l’occasion de ses études à l'étranger, Jamjoom s'est rendu compte que les Saoudiens «exportaient» trop peu leurs histoires. Il a donc décidé de s'attaquer à certains sujets considérés comme tabous dans sa société, de se pencher sur des questions sociales et de montrer les deux côtés de la médaille, notamment au sujet des problèmes de fond.
Le réalisateur a donc décidé de réaliser des films et de transmettre des messages de manière subtile afin de donner des Saoudiens une image plus normalisée à l’étranger, notamment dans le cinéma international.
Inspiré par sa foi, il affirme que les sociétés saoudiennes, arabes et musulmanes disposent depuis toujours d'un contenu narratif de qualité.
Rupture est un thriller psychologique complexe. Il retrace l'histoire d'une Saoudienne enceinte qui tente de discerner la réalité des rêves, des délires causés par la drogue et de la perception de la mort, avant qu'un assassin ne tue sa famille et elle-même. Sa vie et sa mémoire fragmentées comptent parmi les obstacles qui se dressent sur son chemin.
Ce film a été conçu avec soin et au terme d'une réflexion approfondie sur la «méthodologie élaborée», pour reprendre l’expression utilisée par Jamjoom. «Tout est structuré et je dessine des cartes pour définir tous les personnages».
Le réalisateur a choisi une star saoudienne pour «représenter notre société et notre culture de manière symbolique. À travers elle sont développés les thèmes et les messages cachés qui nous préoccupent».
M. Jamjoom raconte qu'il «recourt aux histoires issues du Coran et de la Bible, car ces deux sources ont surmonté l'épreuve du temps grâce aux métaphores qu'elles contiennent». Il propose une histoire profondément élaborée et qui peut être comprise à plusieurs niveaux. La réflexion et l'émotion sont au rendez-vous, et le public a envie d'en savoir plus.
«On élabore une œuvre, puis on laisse aux gens le soin de comprendre le message. Je fais confiance à l'intelligence des spectateurs; je ne cherche pas à trop simplifier les choses», explique-t-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.