NEW YORK: Le personnel yéménite employé par l'ambassade américaine à Sanaa est toujours harcelé et détenu par les Houthis, a déclaré mardi l'ambassadrice américaine auprès de l'ONU au Conseil de sécurité.
Linda Thomas-Greenfield a ajouté que la milice continue également d'ignorer les appels répétés de la communauté internationale à mettre fin à son offensive à Marib et a intensifié ses attaques transfrontalières contre des cibles en Arabie saoudite.
Ces «actions provocatrices et dangereuses soulignent la nécessité pour l'Iran de mettre fin à son soutien mortel aux Houthis, qui contrevient aux résolutions de cet organe et permet aux Houthis de mener des attaques imprudentes», a-t-elle avisé.
Thomas-Greenfield s'exprimait lors d'une réunion ordinaire du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen, au cours de laquelle les membres ont été briefés par Hans Grundberg, l'envoyé spécial de l'ONU au Yémen. Grundberg s’est dit alarmé par l'offensive en cours à Marib, et la violence qui, selon lui, s'est «considérablement intensifiée» avec le «risque que cela ouvre un nouveau chapitre de la guerre au Yémen, encore plus fragmenté et plus sanglant».
L'offensive met en danger des milliers de personnes, a indiqué Thomas-Greenfield, et pourrait entraîner le déplacement d'un demi-million de civils. «Les Houthis doivent arrêter cette offensive immédiatement», a-t-elle réitéré.
Le 9 décembre, un missile Houthi a frappé un camp de déplacés internes géré par l'Organisation internationale pour les migrations. Cinq enfants figuraient parmi les blessés.
«Cela est inacceptable», a dénoncé Thomas-Greenfield. «Nous condamnons avec la plus grande fermeté cette attaque et les attaques similaires, bien trop fréquentes contre des civils.»
L'émissaire américaine a également condamné «l'intensification des attaques transfrontalières des Houthis contre l'Arabie saoudite ces derniers mois, dont trois missiles balistiques lancés sur Riyad la semaine dernière».
Elle a ajouté: «Les Houthis ont mené plus de 350 attaques de ce type cette année, un nombre stupéfiant et une augmentation choquante par rapport aux attaques de l'année dernière.
«Chacune de ces attaques des Houthis est, à elle seule, inacceptable. Ensemble, elles envoient un signal effrayant et sans équivoque sur la réticence des Houthis à participer à un processus politique pacifique ou à un futur gouvernement qui assure l'état de droit.»
Au sujet de la prise de l'ambassade des États-Unis à Sanaa, Thomas-Greenfield a appelé les Houthis à libérer sains et saufs tous les employés du site qui sont toujours détenus, à quitter immédiatement l'enceinte, à restituer les biens saisis et à «cessez leurs menaces contre leurs propres concitoyens, simplement parce qu'ils sont employés par nous».
Les activités ont cessé à l'ambassade en 2015 et le personnel américain a été retiré, mais les travailleurs yéménites sont restés, assurant des services de sécurité et de conciergerie. Des dizaines d'entre eux ont été arrêtés lorsque les Houthis ont fait irruption dans le complexe à la mi-novembre.
Thomas-Greenfield a également envoyé un autre avertissement concernant le danger posé par le Safer, un pétrolier amarré dans la mer Rouge au large des côtes du Yémen depuis 2015 et qui contiendrait environ 1,14 million de barils de pétrole.
Son état s'est considérablement détérioré et il «reste une menace environnementale, humanitaire et économique de grande ampleur», a alerté Thomas-Greenfield.
«Les Houthis sont responsables de cette situation, et les États-Unis soutiennent la discussion de toute solution qui puisse y remédier en toute sécurité et de toute urgence», a-t-elle ajouté.
Appelant toutes les parties à s'engager avec Grundberg dans ses efforts afin de créer un cadre pour un processus politique inclusif au Yémen, elle a averti que si le conflit continue, «l'économie du Yémen se détériorera davantage, et avec elle les moyens de subsistance de millions de Yéménites. Des vies continueront d'être menacées et des générations de Yéménites en porteront les cicatrices».
Cependant, elle a ajouté: «Alors que les Houthis poursuivent leurs actions d'escalade, nous saluons les efforts d'autres parties pour améliorer les conditions au Yémen, notamment l'initiative des Nations unies qui vise à intensifier leur approche afin de lutter contre les causes de l'insécurité alimentaire à travers tout le Yémen.»
Thomas-Greenfield a assuré que les États-Unis, comme le Royaume-Uni, sont «encouragés» par la nomination, le 6 décembre, d'un nouveau gouverneur de la Banque centrale du Yémen, ainsi que de nouveaux membres et d'un nouveau président du Conseil d'administration.
«Nous espérons que ces nominations constitueront un pas en avant dans la lutte contre l'instabilité économique qui aggrave les souffrances humanitaires et qu’elles feront avancer les réformes nécessaires», a-t-elle ajouté.
«Les véritables progrès ne peuvent toutefois pas être soutenus sans ressources supplémentaires. Nous espérons que les pays sauront saisir cette occasion pour soutenir l'économie du Yémen et apporter à son peuple l’aide dont il a besoin de toute urgence. L’appel pressant à l'action lancé par l'envoyé spécial a été entendu haut et fort par ce Conseil.»
Thomas-Greenfield a ainsi conclu: «Face aux provocations, au harcèlement et à la violence des Houthis contre leur propre peuple, je veux que les Houthis sachent que les États-Unis n'abandonneront jamais le peuple du Yémen.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com