Le Premier ministre soudanais a affirmé qu'une normalisation des relations avec Israël nécessitait un débat intense et un accord entre les principales formations politiques et la société civile au Soudan, a rapporté dimanche la presse soudanaise.
«Il s'agit d'une question complexe ayant beaucoup d'implications et qui requiert une discussion approfondie au sein de note société», a déclaré Abdallah Hamdok qui était interrogé samedi lors d'une conférence économique à Khartoum sur une éventuelle normalisation avec l'Etat hébreu.
Le Soudan n'entretient aucune relation avec Israël qui a signé le 15 septembre deux accords historiques de normalisation avec les Emirats arabes unis et Bahreïn.
Une normalisation est loin de faire l'unanimité parmi les partis politiques, la société civile ainsi qu'au sein du gouvernement soudanais de transition.
Ainsi toutes les composantes des Forces de la Liberté et du changement (FLC), une coalition de partis et de la société civile - fer de lance de la contestation ayant mené à la chute de l'ex président Omar el-Béchir - sont divisées sur cette question.
En août, elles ont insisté sur «le droit des Palestiniens à leur terre et à une vie libre», mais lors d'une nouvelle réunion lundi, elles n'ont pas pu adopter une position commune.
Certains dirigeants du FLC ont réclamé un référendum ou une conférence constitutionnelle pour trancher ce débat. Le Parti communiste ou le parti Oumma de Sadek al-Mahdi sont opposés à la normalisation avant que la question palestinienne ne soit réglée.
En revanche, l'allié du FLC, le Front révolutionnaire soudanais (FRS) qui regroupe plusieurs mouvements armés au Darfour et dans le sud sont favorables à une normalisation, d'autant plus qu'Israël a aidé ces mouvements dans leur lutte contre Omar el-Béchir.
Lors de la visite à Khartoum du secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo le 25 août, M. Hamdok avait écarté une normalisation immédiate avec Israël, soulignant que «le gouvernement de transition n'avait pas de mandat pour en décider».
Il avait demandé a son interlocuteur américain de séparer la question du retrait du Soudan de la liste noire américaine antiterroriste de la normalisation avec Israël.
«Nous avons parlé avec le secrétaire d'Etat américain et nous lui avons dit, séparons les deux sujets», a poursuivi M. Hamdok, cité par la presse.
C'est sous le règne d'Omar el-Béchir, déchu en 2019 après 30 ans au pouvoir, que le Soudan a accueilli des islamistes radicaux, dont le chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden de 1993 à 1996.
C'est pour punir le Soudan de ses mauvaises fréquentations que les Etats-Unis lui ont imposé des sanctions à partir des années 1990 et l'ont placé sur leur liste des pays soutenant le terrorisme.