PARIS: Dans le cadre de l’année consacrée à l’Algérie en 2022, l’Institut du monde arabe, présidé par Jack Lang, organise l’exposition Son œil dans ma main, Algérie 1961-2019, autour d’une rencontre entre Raymond Depardon et Kamel Daoud. Cette collaboration artistique et littéraire est une première entre ces deux grands artistes et témoins : le premier, photographe et cinéaste français, revisitant ses photos d’Algérie, et le second, écrivain et journaliste algérien, né après l’indépendance de son pays. Ce projet franco-algérien se tiendra du 8 février au 17 juillet 2022. Il a été initié par le livre d’art conçu par les éditions Barzakh à Alger, coédité avec les éditions Images Plurielles à Marseille, et qui accompagnera ce projet.
Cette exposition-événement se tiendra à l’approche du 60 anniversaire de la signature des accords d’Evian et de l’indépendance de l’Algérie. Elle s’ouvre sur une sélection de photographies de Raymond Depardon faites à Alger en 1961, avant qu’il assiste aux premières négociations des accords d’Evian, et qu’il se rende dans un village de regroupement en Oranie. Près de soixante ans plus tard, avec le désir de publier ces photographies et d’offrir une nouvelle perspective à ce témoignage passé, Raymond Depardon organise une rencontre avec Kamel Daoud.Face à ces images, Kamel Daoud fait part de son ressenti par le biais de 5 textes inédits et poétiques en dialogue avec l’œuvre photographique. Il rédige également des « comètes », des phrases lumineuses qui répondent directement aux photographies exposées. Un voyage en Algérie est planifié en septembre 2019. Pendant cinq jours, Raymond Depardon photographie la capitale algérienne, avant de rejoindre Kamel Daoud à Oran. La conversation engagée sur les œuvres de 1961 se poursuit lors de ce voyage en 2019 et offre un témoignage contemporain du pays.
L’exposition comprend trois sections : Alger 1961 ; Evian/ Bois d’Avault et Oranie 1961 ; Alger 2019 et Oran 2019. Elle présente un véritable dialogue entre 80 photographies rares de Raymond Depardon, 21 comètes et 5 textes inédits de Kamel Daoud.
Le parcours se conclut par un film de 22 minutes avec ces deux personnalités, réalisé en exclusivité à l’Institut du monde arabe pour l’exposition par la cinéaste Claudine Nougaret.Au-delà du simple témoignage historique, ce regard croisé entre ces deux artistes et ces deux médiums pose des questions sensibles tels que notre rapport à la photographie, le poids de l’histoire d’une nation sur l’histoire personnelle, la définition d’un héros, et comment cela se perçoit à travers les corps.