Le régime iranien à genoux et prêt à tout pour l’accord nucléaire

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, s'adressant au Parlement à Téhéran, le 16 novembre 2021. (AFP)
Le président iranien, Ebrahim Raïssi, s'adressant au Parlement à Téhéran, le 16 novembre 2021. (AFP)
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Publié le Vendredi 26 novembre 2021

Le régime iranien à genoux et prêt à tout pour l’accord nucléaire

Le régime iranien à genoux et prêt à tout pour l’accord nucléaire
  • Téhéran cherche désespérément à relancer l'accord sur le nucléaire, seul capable d’alléger les finances de l’État iranien et d’atténuer les sanctions
  • L’accord répondra aux vives préoccupations du régime iranien, lui donnant une légitimité mondiale et lui permettant de réintégrer le pays dans le système financier global

Avec le retour imminent des négociations nucléaires entre le régime iranien, l'Allemagne et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU le Royaume-Uni, les États-Unis, la Chine, la Russie et la France , il est clair que tous les membres du P5+1 n’ont pas la même position concernant l'accord.

La Chine et la Russie sont plus susceptibles de s'aligner sur Téhéran en raison de leurs intérêts stratégiques et économiques. Il est donc essentiel que les Occidentaux, en particulier les États-Unis, abordent la table des négociations en position de force. Pour que cela se produise, l'Occident doit comprendre que le régime iranien cherche désespérément une relance de l'accord nucléaire pour son impact financier, allégeant les finances de l’État iranien et atténuant les sanctions.

Il est devenu clair au cours des trois années écoulées, depuis que l'administration Trump a retiré les États-Unis de l'accord sur le nucléaire, que personne ne peut complètement protéger Téhéran des sanctions américaines. Par conséquent, Téhéran a besoin de l’aval des Américains. Le journal iranien Arman-e-Meli, contrôlé par l'État, a d’ailleurs reconnu de manière surprenante samedi qu’«aucun pays, ni la Chine ni la Russie, ne pourra sauver notre économie. Nous devons essayer d’obtenir une levée des sanctions. Le moyen de sortir des pressions internes et de la (mauvaise) situation économique est de se débarrasser de la question des sanctions, qui sera résolue avec l’accord sur le nucléaire.»

Depuis que l'administration d'Ebrahim Raïssi est arrivée au pouvoir en août, elle a tenté d'accroître l'influence du gouvernement dans les négociations en faisant rapidement avancer le programme nucléaire du pays.

Cependant, la réalité sur le terrain est que le régime est à genoux et a désespérément besoin de relancer l'accord nucléaire. Il a récemment demandé aux États-Unis de débloquer 10 milliards de dollars (soit environ 8,9 milliards d’euros) pour relancer les pourparlers nucléaires. D'après un article publié par le Financial Tribune, le déficit budgétaire du régime iranien est «en passe d'atteindre 4 640 trillions de rials (soit environ 15 milliards d’euros) au cours de l'exercice 2021-2022, tandis que le gouvernement est confronté à un déficit non financé d'environ 30 %, soit 3 830 trillions de rials».

La force même des désastres socio-économiques et politiques créés par la théocratie semble capable de conduire à sa chute.

Dr Majid Rafizadeh

Si l'énorme déficit de l'Iran persiste, cela entraînera une augmentation de l'inflation et contribuera à une nouvelle dévaluation de la monnaie. Cela, à son tour, augmentera la frustration populaire contre les religieux au pouvoir, ce qui pourrait déclencher un autre soulèvement national et menacer la mainmise de l'establishment théocratique sur le pouvoir.

Raïssi a formé un gouvernement principalement composé de membres de l'appareil sécuritaire – la Force Al-Qods et le Corps des gardiens de la révolution islamique – ce qui indique que le régime craint de nouveaux soulèvements. Mais les crises du régime sont si profondément enracinées que la sagesse de telles politiques est hautement discutable. La force même des désastres socio-économiques et politiques créés par la théocratie semblent capables de conduire à sa chute. Pratiquement tous les secteurs de la société ont une liste croissante de demandes et de doléances auxquelles le régime ne peut répondre.

En outre, le régime est de plus en plus préoccupé par son isolement régional et la façon dont l'échiquier géopolitique du Moyen-Orient fait pencher la balance du pouvoir contre Téhéran.

Du point de vue des dirigeants iraniens, l'accord nucléaire répondra à ces préoccupations, car il donnera à Téhéran une légitimité mondiale et réintégrera le pays dans le système financier global. Comme l’a récemment averti le journal Arman-e-Meli: «Nous devons faire attention aux cercles sécuritaires autour du pays. Récemment, le régime sioniste a tenté de former une coalition régionale et internationale contre notre pays. Ces menaces ne doivent pas être prises à la légère et pourraient avoir des conséquences très graves.»

Le journal a ensuite ajouté: «Un front se forme dans la région… Le Premier ministre du régime sioniste a annoncé que l'alliance anti-iranienne dans la région prendrait une forme plus forte. Ce front peut être dangereux et représenter une menace pour nous. Les négociations doivent commencer pacifiquement.»

Par conséquent, les États-Unis doivent maintenir leur influence dans les négociations, jusqu'à ce que les dirigeants iraniens répondent à toutes les exigences requises pour empêcher le régime d'obtenir des armes nucléaires.

L'Amérique et ses alliés européens ne doivent pas aborder les négociations nucléaires avec le régime iranien en position de faiblesse. L'Occident a un poids important sur l'establishment théocratique, parce que Téhéran a désespérément besoin d'un bol d’oxygène financier et d’une atténuation des sanctions.

 

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard. Twitter: @Dr_Rafizadeh.

 

Clause de non-responsabilité: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com