ISSY-LES-MOULINEAUX: Les cinq prétendants à l'investiture LR pour la présidentielle se sont retrouvés samedi devant le Conseil national des Républicains, sorte de parlement du parti, pour y défendre leurs programmes à dix jours du congrès qui désignera le candidat LR.
Sur la scène du Palais des congrès d'Issy-les-Moulineaux où 700 personnes étaient inscrites, Michel Barnier, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Philippe Juvin et Eric Ciotti se sont prêtés à une photo de famille avant de présenter leurs programmes pendant une heure chacun.
Peu de nouveauté sur le fond, lors de cette journée qui se voulait aussi une démonstration d'unité -- le patron du parti Christian Jacob avait promis "écoute et respect".
Mais pour les candidats, qui avaient déjà présenté leur projet aux journées parlementaires de Nîmes début septembre, ce grand oral offrait une occasion de convaincre puisqu'il répondaient "directement à ceux qui feront leur campagne ensuite", a souligné la numéro 2 du parti, Annie Genevard.
Un exercice "très différent mais tout à fait complémentaire" des débats télévisés, qui ont surtout privilégié le régalien et le pouvoir d'achat jusqu'à présent. "Quel dommage de ne pas parler des questions de santé, de culture, ou d'éducation", où "nous avons aussi des choses à dire", a ajouté Mme Genevard, à la veille du troisième débat sur Cnews et Europe1.
Ce débat, après une carte blanche d'une minute trente, abordera de nouveau le pouvoir d'achat, la sécurité, l'immigration et l'identité.
"On en parle beaucoup car ce sont les sujets les plus graves", "préalables" pour "engager très vite la reconstruction sur les autres sujets" tels que travail, éducation, santé ou retraites, a affirmé Michel Barnier, premier à passer sur le gril.
Ton posé, débit mesuré derrière son pupitre, celui qui promet le "sérieux" et a longtemps été donné comme favori s'est engagé à tenir un "cap clair" autour de trois grandes priorités: "électrochoc d'autorité", coup d'arrêt à l'immigration et sérieux budgétaire, en opposition à la "gestion solitaire du pouvoir, arrogante, parfois méprisante" d'Emmanuel Macron.
Macron «le fossoyeur»
Xavier Bertrand, qui lui a succédé sur un mode pugnace et énergique, a fustigé "le fossoyeur" Emmanuel Macron et "les vautours" de l'extrême droite, et déroulé les trois piliers de son programme: autorité, territoires et travail.
Délaissant rapidement le pupitre pour arpenter le podium, à la manière "stand-up" qu'il affectionne en réunion publique, Xavier Bertrand l'a promis: "si je gagne ce congrès, je gagnerai cette élection présidentielle". Le candidat devance légèrement ses rivaux dans les sondages mais son départ de LR en 2017 -- il vient de reprendre sa carte -- rebute certains LR.
Les sondages attribuent entre 13 à 15% d'intentions de vote à Xavier Bertrand s'il était le candidat de LR, contre 9 à 10% pour Valérie Pécresse et Michel Barnier. Tous sont devancés, à ce stade, par Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Eric Zemmour.
Autre prétendante récemment revenue chez LR, Valérie Pécresse s'est dite "totalement, entièrement, viscéralement déterminée", dans un discours très critique envers Emmanuel Macron qui a "cramé la caisse" et "fait un hold-up sur nos idées".
Combative, arpentant elle aussi la scène, elle a mis en avant son expérience à la tête de l'Ile-de-France et promis de "restaurer la fierté française", avec un programme d'ordre et deux grandes causes: "la lutte contre la désertification médicale" et "contre le décrochage scolaire".
Philippe Juvin, qui fait figure de petit Poucet dans ce congrès, a plaidé pour la préservation des services publics, la lutte contre les déserts médicaux et "la fin du désordre" notamment migratoire, mais en oeuvrant au développement de l'Afrique.
Dernier à passer sur scène, Eric Ciotti a lui défendu un "projet de renaissance française" fondé sur "l'autorité, l'identité et la liberté" en droite ligne de François Fillon.
Egrénant ses propositions très droitières "pour que la France reste la France" -- impunité zéro, droit du sang, suppression de l'impôt sur les successions... --- il a attaqué le "wokisme", le "politiquement correct" et l'écriture inclusive, constitutifs selon lui d'une "nouvelle forme de totalitarisme".
Chaque candidat sera invité au journal de 20 heures de TF1 cette semaine, avant un dernier débat télévisé le 30 novembre.