MONTREUIL: Échanges avec les Français "à voix haute", dialogue avec la "société civile", "tour de France" sur la question du travail, Anne Hidalgo, toujours à la peine dans les sondages, intensifie sa campagne présidentielle, près d'un mois après son investiture par le PS à Lille.
Présenté comme devant relancer une campagne au point mort, le meeting de Lille n'a pas fait bouger les sondages: la candidate socialiste stagne toujours entre 5 et 7% des intentions de vote, derrière l'écologiste Yannick Jadot et l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, à moins de six mois de l'élection.
"Il faut qu'on trouve une solution pour améliorer la campagne", reconnaît une élue socialiste sous couvert d'anonymat.
"La campagne est en train de gagner en dynamique", assure de son côté Mathieu Klein, le maire de Nancy, chargé du programme dans la campagne et porte-parole de la campagne, qui affirme qu'il y a sur le terrain "une attente, une envie de dialoguer avec elle".
"La campagne suit son cours", veut aussi rassurer Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, soulignant les différentes démarches pour "associer les Français" à la vision de la candidate socialiste pour la France.
Après une semaine largement tournée vers son rôle de maire de la capitale (conseil de Paris, congrès de l'association des maires de France), Anne Hidalgo a lancé samedi matin à Montreuil (Seine-Saint-Denis) le tout premier "Forum" consacré à son projet présidentiel.
La réunion a rassemblé "en toute indépendance" des personnalités de la "société civile organisée", comme Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat, Camille Etienne, activiste pour le climat, ou encore Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT, autour d'une première thématique: "Justice sociale et transition écologique", la ligne directrice de son projet présidentiel.
"La transformation de notre économie, de notre mode de vie, s'impose à cause de l'urgence climatique mais la question c'est +comment+. Le principal enjeu est social. Il faut pouvoir accompagner les plus fragiles", a insisté Mme Hidalgo en ouverture.
Elle a dit vouloir "créer un consensus sur l'objectif de décarbonation mais pas en laissant la moitié de la population sur le bord du chemin. Nous sommes les seuls à porter cette vision du monde", a-t-elle ajouté.
De Mulhouse à Avignon
Un autre "forum" doit avoir lieu en décembre sur l'éducation. "Nous ne concevons pas un programme présidentiel sans l'échange, la confrontations des idées : la conception jupitérienne de la politique ne correspond pas aux attentes de l'époque", a expliqué Mathieu Klein.
Vendredi soir, c'est autour d'une table-ronde sur l'éducation, aux Lilas, en Seine-Saint-Denis, que la candidate a lancé une autre démarche, "la France à haute voix".
L'objectif: discuter avec les Français "de leur vécu, de leur ressenti, de leurs attentes" sur certaines thématiques de campagne.
"Notre équipe porte la voix de ceux qui n'ont que notre voix", avait déclaré Mme Hidalgo, devant des enseignants, parents d'élèves et lycéens.
Des échanges, agrégés sur une plateforme numérique, qui alimenteront aussi le programme de la candidate, qui sera présenté en janvier.
Déjà très présente sur le terrain, la maire de Paris va également multiplier ses déplacements, en débutant lundi un tour de France qui la mènera cette semaine de Mulhouse à Avignon, en passant par Besançon, Saint-Etienne, Chambéry et Carpentras.
Au menu des différentes étapes, des visites d'entreprises et d'exploitations agricoles, des rencontres avec des associations, des échanges avec des salariés, des agriculteurs, des commerçants, des artisans, mais aussi des élus et des militants, lors de réunions publiques et meeting.
"Le fil rouge, c'est : +Comment on vit dignement de son travail+", explique le président du département de Seine-Saint-Denis Stéphane Roussel, un autre porte-parole, qui constate lui aussi que "les demandes de terrain, les propositions pour (qu'Anne Hidalgo) rencontre les acteurs locaux, s'accélèrent".