PARIS : Le géant américain de la vidéo en ligne Netflix va projeter en avant-première en France trois films qu'il a produit, dans deux institutions de la cinéphilie, la Cinémathèque de Paris et l'Institut Lumière à Lyon, a-t-il annoncé jeudi.
"La Main de Dieu", chronique de l'enfance du cinéaste italien Paolo Sorrentino, et "The Lost Daughter", première réalisation de l'actrice britannique Maggie Gyllenhaal, projetés en première mondiale lors de la prestigieuse Mostra de Venise, ainsi que "Don't Look Up: Déni Cosmique", une comédie avec Leonardo Di Caprio et Jennifer Lawrence, seront projetés en avant-première lors de son "Netflix film club" (7 au 14 décembre).
Six autres films déjà diffusés cette année sur la plateforme seront également projetés dans ce cadre.
L'événement est bien plus modeste que le "festival" que redoutaient les professionnels du cinéma dans le pays de l'"exception culturelle", alors que le secteur a été fragilisé par la crise. Depuis plusieurs jours, les organisations représentatives de la profession craignaient une entorse à la chronologie des médias, qui interdit en France aux films sortant en salles d'être diffusés simultanément sur d'autres canaux, pour préserver un réseau de cinémas unique au monde.
Ils craignaient aussi une concurrence frontale pour les sorties classiques en salles, dans un contexte économique difficile.
Finalement, le choix de séances dans des institutions non-commerciales dispense Netflix de demander une dérogation à la stricte chronologie des médias. Et le géant américain peut continuer de montrer sa bonne entente avec deux institutions de la cinéphilie, avec lesquels il travaillait déjà.
"Netflix a entendu les remarques de la profession et les arguments présentés, et ne va pas faire de concurrence à d'autres films dans des salles art et essai", s'est félicité le délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), Marc-Olivier Sebbag.
Le géant américain est déjà mécène, pour un montant non précisé, de la Cinémathèque Française, finançant la nouvelle restauration d'un film mythique, le "Napoléon" d'Abel Gance. Quant à l'Institut Lumière de Lyon (sud-est), Netflix y était encore présent en force cette année pour le Festival Lumière, avec quatre films et un Prix Lumière remis à Jane Campion, dont le dernier film a été produit par la plateforme.
Et le géant américain fait les yeux doux depuis des mois au cinéma français, montant des programmes de formation ou produisant les nouveaux films de Jean-Pierre Jeunet ou Dany Boon, peut continuer de montrer sa bonne entente avec deux institutions de la cinéphilie.