VENISE : Un drame social tout en retenue avec Vincent Lindon et une méga-production de Ridley Scott, mariant #MeToo et combats médiévaux, se sont partagés l'affiche vendredi à Venise, à la veille de la clôture de la Mostra.
Les stars de la journée étaient Ben Affleck, Matt Damon et l'actrice britannique Jodie Comer à l'affiche du film "Le Dernier Duel". Adam Driver (Kylo Ren dans "Star Wars"), également au casting, n'a pas fait le déplacement de Venise, retenu par un tournage.
Le film qui se déroule dans la France du Moyen-Âge, sous le règne de Charles VI, a été présenté hors compétition.
"Le dernier duel" marque le retour à l'écriture d'un duo, Ben Affleck et Matt Damon, qui s'était fait connaître il y a un quart de siècle avec "Will Hunting", projet qu'ils avaient déjà co-écrit et que Gus Van Sant avait réalisé.
Ils tentent cette fois un mariage improbable: le film médiéval à grand spectacle, autour d'un duel entre deux chevaliers joués par Affleck et Adam Driver, et le débat contemporain lié au consentement et au mouvement #MeToo.
Entre deux scènes d'action, le réalisateur de "Gladiator" et "Blade Runner" choisit de présenter les même faits sous trois points de vue successifs, celui des deux rustres chevaliers, puis du point de vue féminin - pour lequel ils se sont adjoints les services d'une scénariste, Nicole Holofcener.
Le film montre une femme "qui a subi une grande injustice et va se battre pour obtenir justice, à ses risques et périls", a souligné Ben Affleck en conférence de presse.
Cette grosse production est un signe supplémentaire de l'influence de la Mostra de Venise, qui a fait son succès ces dernières années en mêlant cinéma d'auteur et films des plus grands studios, et en devenant une rampe de lancement pour les Oscars.
Venise a également accueilli cette année le feu d'artifice "Dune", nouvelle adaptation très attendue du roman-phare de la science-fiction, avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac ou encore Javier Bardem.
Performance de Kristen Stewart
La récompense suprême doit être décernée samedi soir lors de la cérémonie de clôture de cette 78e Mostra.
Le jury, présidé par le cinéaste sud-coréen Bong Joon-Ho, lauréat de la Palme d'Or 2019 à Cannes avec "Parasite" et au sein duquel siègent également la cinéaste sino-américaine Chloé Zhao, oscarisée pour "Nomadland", a vu vendredi le 21e et ultime film de la sélection, "Un autre monde".
Signé du Français Stéphane Brizé, il s'agit du troisième volet d'une trilogie sociale dont le rôle principal est confié à Vincent Lindon. Après avoir incarné un vigile de supermarché dans "La loi du marché" (2015), puis un leader syndical dans "En guerre", l'acteur se glisse cette fois dans la peau d'un cadre dirigeant.
"Il faut sortir de quelque chose de trop simpliste qui oppose systématiquement les salariés les plus modestes" à leurs supérieurs, a déclaré en conférence de presse le réalisateur.
"Le cercle des souffrances s'élargit: des gens qui ont de belles voitures, de beaux costumes, des chemises et des cravates sont aussi en état de souffrance. Regarder ça frontalement c'est prendre de la hauteur, signifier qu'il y a un problème systémique", a-t-il poursuivi.
Le film s'ajoute à la liste des candidats sérieux au Lion d'or.
Selon les critiques internationales compilées par le quotidien du Festival, Jane Campion, déjà Palme d'or à Cannes pour "La leçon de Piano", le film russe "Le capitaine Volkonogov s'est échappé" ou encore les "Mères Parallèles" de Pedro Almodovar sont très bien placés.
Et tout le monde s'accorde à saluer la performance de Kristen Stewart en princesse Diana dans "Spencer", faisant d'elle la candidate la plus en vue au prix d'interprétation féminine.