Élection présidentielle française: l’incertaine confrontation entre Macron et les droites

Le tapis rouge est déroulé pour l'arrivée du président italien à l'Elysée à Paris le 5 juillet 2021. Ludovic MARIN / AFP
Le tapis rouge est déroulé pour l'arrivée du président italien à l'Elysée à Paris le 5 juillet 2021. Ludovic MARIN / AFP
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Publié le Jeudi 28 octobre 2021

Élection présidentielle française: l’incertaine confrontation entre Macron et les droites

  • Macron ne tire pas profit de dividendes du maigre bilan de son mandat, mais des déchirements au sein des droites et de l’absence de personnalités crédibles et bien placées pour l'affronter
  • Parmi les scénarios les plus probables figurent Macron contre Le Pen (le scénario de 2017), Macron contre Zemmour, ou contre Bertrand

PARIS: L’acte I de la campagne présidentielle est bel et bien lancé, avec en toile de fond un paysage politique de plus en plus éclaté. Même si les sondages indiquent un pays ancré à droite, la présidentielle de 2022 pourrait être marquée par une rude confrontation dont l’issue est plutôt incertaine. La France s’orientera très probablement vers un duel entre Emmanuel Macron et un concurrent ou une concurrente sorti victorieux du premier tour.

Selon les derniers sondages, Macron dispose d’une confortable avance, puisque plus de la moitié des Français affirment que l'actuel chef de l'État sera réélu lors de l’élection présidentielle de 2022. Il ne tire pas profit de dividendes du maigre bilan de son mandat, mais des déchirements au sein des droites et de l’absence de personnalités crédibles et bien placées pour l'affronter.

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Xavier Bertrand, l'un des candidats favoris du LR. (AFP).

Un sondage d'opinion publié le 16 octobre dernier indique que Macron arriverait en tête au premier tour quel que soit le candidat de droite, avec 25 à 27% des votes. Marine Le Pen serait toujours deuxième (elle obtiendrait entre 17 et 18,5%), talonnée par Éric Zemmour (entre 16 et 17%). Quant au camp de la droite classique, le meilleur parmi ses candidats déclarés serait Xavier Bertrand (15%), puis Valérie Pécresse (10%) et, enfin, Michel Barnier (8%).

 

Photographie électorale

À six mois de l’élection présidentielle française, voici les candidats déclarés ou pressentis à ce jour:

  • Emmanuel Macron, actuel président de la république 
  • Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN, anciennement Front national)
  • Éric Zemmour, écrivain et journaliste populiste de droite, qui n'a pas encore officiellement annoncé sa candidature
  • Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Michel Barnier, principaux candidats en compétition au sein du parti Les Républicains (LR, principal parti traditionnel de droite)
  • Yannick Jadot, candidat d’Europe Écologie-Les Verts issu des primaires écologistes 
  • Jean-Luc Mélenchon, gauche radicale (La France insoumise, LFI)
  • Anne Hidalgo, candidate du Parti socialiste (PS), désignée par les militants 
  • Fabien Roussel, candidat du Parti communiste français (PCF) 
  • Arnaud Montebourg, indépendant de gauche et ancien ministre de l'Économie
  • Nicolas Dupont-Aignan, candidat gaulliste populiste 
  • Jean Lassalle, indépendant de centre-droite, ancien ministre et député
  • Nathalie Arthaud et Philippe Poutou, deux candidats trotskistes (ultragauche)

L’impact du traitement de l'islam et des Français d’origine arabe

Malgré la priorité donnée par l’opinion publique aux questions sociales et économiques, les facteurs identitaires, historiques, et religieux occupent une place importante dans le débat électoral et font l’objet de tiraillements entre les candidats à la présidentielle.

Il y a bien sûr les sorties populistes (délibérément spectaculaires) du supposé candidat Éric Zemmour, mais pas seulement: dans les thèmes abordés par la campagne, on note aussi l’ambiguïté de différentes perceptions sur l’islam, la place des Français musulmans ou d’origine arabe, ou encore le litige historique franco-algérien.

Sans doute, l’avènement d’une société française plurielle et multiculturelle représente un choc pour certains, qui considèrent que ce n’est pas une richesse.

Éric Zemmour, journaliste et chroniqueur devenu militant politique classé à l’extrême-droite, est connu depuis des années pour ses tirades polémiques et sa stigmatisation de la culture des membres des communautés musulmanes de France. Il s’attaque aux rituels religieux, aux habitudes de vie et à la langue arabe. Récemment, le polémiste (un juif d’origine algérienne ou, comme il se présente, un juif d’origine berbère) s’est illustré par une déclaration controversée, affirmant que s'il devenait président, il empêcherait les enfants de prendre le prénom de Mohammed.

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Eric Zemmour, un juif d’origine algérienne ou, comme il se présente, un juif d’origine berbère. (AFP). 

Cette déclaration et d’autres sorties «folkloriques» créent une ambiance délétère teintée de racisme et d’islamophobie. Sans doute, l’avènement d’une société française plurielle et multiculturelle représente un choc pour certains, qui considèrent que ce n’est pas une richesse. Si l’immigration a été le cheval de bataille du Front national (FN) dans les années 1980-1990, la priorité nationale et la question identitaire apparaissent désormais comme des thématiques clés pour une bonne partie de la droite. Pour la gauche et les Verts, au contraire, ces questions sont secondaires.

Affirmer que la France risque d’être islamisée, c’est estimer de façon exagérée que chaque musulman sera forcément un islamiste!

Dans les perceptions des uns et des autres de l’islam et de sa place dans la République, la confusion règne parfois, au point que Xavier Bertrand, l’un des principaux candidats de droite, a proposé en août dernier d’interdire le «salafisme», qu’il désigne comme vecteur d’une «idéologie politique incompatible avec les valeurs françaises et la primauté de la loi de la République». Cette proposition, qui apparaît à première vue simple et applicable, est juridiquement impossible à réaliser, car on ne peut pas proscrire une pensée religieuse. Cette confusion entre l’islam politique et l’islam comme religion, tout comme celle entre islam et terrorisme, dessert tout effort d’insertion, surtout si l’on fait de cette question un sujet de surenchère électorale.

Toutefois, les chiffres réels et les estimations invalident les thèses extrémistes et islamophobes comme celle de Zemmour, qui suggère que «la France sera à moitié islamique en 2050». Cette prédiction qui prétend refléter une évolution démographique est bien illusoire. Selon le Pew Research Center (un think tank américain spécialisé dans l’étude du poids des religions), la France compte un peu plus de 8% de musulmans (majoritairement non pratiquants) et en compterait de 12 à 18% en 2050. Il est impossible de prédire combien seront pratiquants et à quel point. Affirmer que la France risque d’être islamisée, c’est estimer de façon exagérée que chaque musulman sera forcément un islamiste!

Toutefois, le rationalisme ancré dans la pensée française l’emporte: le président Macron, comme plusieurs hommes et femmes politiques, refuse la stigmatisation systématique des adeptes de l’islam et insiste sur le respect de la liberté du culte.

Quant aux Français d’origine arabe ou immigrés actifs venant de pays arabes, ils subissent comme les autres les affres de crises et peuvent parfois être la cible de discriminations. Mais ils commencent progressivement à peser dans la société et le paysage politique. Lors de la crise sanitaire, beaucoup d’étrangers actifs, dont une bonne partie sont issus de pays arabes, se sont illustrés par leur persévérance et leur présence déterminantes pendant la période critique de la pandémie. Ainsi, le 21 septembre 2021, la ministre déléguée à la Citoyenneté a annoncé la naturalisation de 12 000 travailleurs étrangers en première ligne pendant la pandémie. Cet exemple, comme tant d’autres, constitue une note positive dans l’ambiance délétère d’une campagne qui s’annonce houleuse, avec une opinion publique déstabilisée.

Dans le camp des gauches, le populiste Mélenchon se contenterait de 8%. Mais il devance le candidat d’Europe Écologie-Les Verts, Yannick Jadot, qui recueillerait 7% des suffrages. Puis viennent Anne Hidalgo, la candidate socialiste (entre 5 et 5,5%), le communiste Fabien Roussel (entre 1,5 et 2%), qui obtient sensiblement le même score qu’Arnaud Montebourg. Les autres candidats oscilleraient entre 0,5 et 1% des voix.

Moins de six mois avant le premier tour, qui se tiendra le 10 avril 2022, il est difficile de donner une estimation précise des résultats et il semble ardu de désigner ceux qui accéderont au second tour. Parmi les scénarios les plus probables figurent Macron contre Le Pen (le scénario de 2017), Macron contre Zemmour ou contre Bertrand.

macron
Pour Macron, ce mandat marqué par la pandémie et par l’emprise du président «autoritaire» sur l’exécutif, le bilan a été maigre par rapport aux réformes promises et nécessaires. (AFP). 

Pour l’instant, Macron reste le plus confiant dans sa progression, mais il faut attendre le congrès du parti Les Républicains (LR), en décembre prochain, qui devrait trancher entre plusieurs concurrents. Si Xavier Bertrand l’emporte, il est possible que la balance penche en sa faveur, ce qui aura son importance dans la course finale.

Macron entre défis et surprises

Dans cette mêlée, et dans tous les cas de figure, Emmanuel Macron paraît en position de force, à six mois de l'élection. Cela semble surprenant pour un président qui, sur l’ensemble de son quinquennat, compte parmi les hommes d’État de la Vᶱ République les plus contestés, comme l’atteste la longue phase de manifestations des Gilets jaunes et la mobilisation contre le passe sanitaire.

De surcroît, dans ce mandat marqué par la pandémie et par l’emprise du président «autoritaire» sur l’exécutif, le bilan a été maigre par rapport aux réformes promises et nécessaires. Ainsi, le manque d’élan réformateur et la longue crise sanitaire n’ont pas permis de réalisations concrètes… Mais Macron conserve pour le moment son avantage. Afin de consolider sa place dans la course présidentielle, il a lancé récemment un ambitieux programme d'investissements, intitulé «France 2030»: plusieurs dizaines de milliards d'euros seront destinés aux secteurs identifiés comme stratégiques. Parmi les priorités ciblées: l’énergie (hydrogène, batteries électriques et nucléaire), le numérique, l’agriculture, l’espace, ou encore la santé.

Le chef de l’État a constaté le retard pris en France dans certains domaines, notamment durant la pandémie de Covid-19 et les pénuries de produits cruciaux qu’elle a entraînées. Cet électrochoc a incité Macron à plaider pour la réindustrialisation de l'indépendance nationale et de l’autonomie stratégique européenne, derrière un mot d'ordre: souveraineté. Cependant, la tâche n’apparaît pas simple après toutes les délocalisations opérées depuis les années 1980. Un projet aussi ambitieux suppose d’y consacrer plusieurs dizaines de milliards d'euros; or, ils sont difficiles à trouver.

En réalité, le plan France 2030 n’est que le programme économique de la campagne 2022 face aux «alternatives de décroissance ou de repli sur soi» défendues par certaines oppositions... Ces propositions interviennent alors que les candidats croisent essentiellement le fer sur l’immigration (ou la peur de l’Autre, une thématique chère à l’étoile montante du populisme, Éric Zemmour).

C'est le pouvoir d'achat qui figure en tête des préoccupations des Français. Cette thématique est placée juste avant la sécurité et la protection sociale. Ainsi, le programme macroniste tient compte des thématiques économiques qui reviennent au premier plan, carte maîtresse de la stratégie 2030 face à un éparpillement politique en général, et à droite en particulier.

Fluidité de l’opinion dans un pays ancré à droite

Alors que le quinquennat de Macron entre dans sa phase finale, le paysage politique français s’annonce aussi mouvant qu'incertain, avec une fluidité plus grande des électorats que par le passé. Toutefois, une photographie de l'opinion souligne que la France se situe de plus en plus à droite. Plusieurs spécialistes l'affirment, s'appuyant sur des sondages. D'autres figures politiques, comme Jean-Luc Mélenchon, appellent les Français à ne pas se laisser influencer. Mais on peut affirmer que le choix de la majorité des électeurs de droite se révélera décisif.

En attendant le congrès du parti Les Républicains, l’attention se concentre actuellement sur le duel à distance du premier tour entre Marine Le Pen et Éric Zemmour. Macron est perplexe, lui qui pariait sur une confrontation avec Marine Le Pen au second tour, scénario dans lequel ses chances de succès seraient garanties. L’irruption d’Eric Zemmour brouille les cartes.

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l’attention se concentre actuellement sur le duel à distance du premier tour entre Marine Le Pen et Éric Zemmour. (AFP). 

Cette fois, en France, le phénomène électoral n'est ni Jean-Marie Le Pen ni sa fille, mais incontestablement Zemmour. Le courant populiste et celui de la droite endurcie ont trouvé dans le polémiste un candidat combatif et beau parleur qui répond aux inquiétudes du Français moyen. De manière inédite, un homme extérieur à la sphère politique entre en jeu et met tous les traditionalistes en difficulté. Il pourrait même embarrasser Macron.

Avec un duel serré, au premier tour, entre Le Pen et Zemmour (si ce dernier confirme sa candidature), l’arrivée tardive du candidat de la droite classique et un camp de la gauche et des écologistes fragmenté, Emmanuel Macron bénéficie de la posture classique du président-candidat et apparaît comme un pôle de stabilité.

 


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.