Élection présidentielle française: l’incertaine confrontation entre Macron et les droites

Le tapis rouge est déroulé pour l'arrivée du président italien à l'Elysée à Paris le 5 juillet 2021. Ludovic MARIN / AFP
Le tapis rouge est déroulé pour l'arrivée du président italien à l'Elysée à Paris le 5 juillet 2021. Ludovic MARIN / AFP
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Publié le Jeudi 28 octobre 2021

Élection présidentielle française: l’incertaine confrontation entre Macron et les droites

  • Macron ne tire pas profit de dividendes du maigre bilan de son mandat, mais des déchirements au sein des droites et de l’absence de personnalités crédibles et bien placées pour l'affronter
  • Parmi les scénarios les plus probables figurent Macron contre Le Pen (le scénario de 2017), Macron contre Zemmour, ou contre Bertrand

PARIS: L’acte I de la campagne présidentielle est bel et bien lancé, avec en toile de fond un paysage politique de plus en plus éclaté. Même si les sondages indiquent un pays ancré à droite, la présidentielle de 2022 pourrait être marquée par une rude confrontation dont l’issue est plutôt incertaine. La France s’orientera très probablement vers un duel entre Emmanuel Macron et un concurrent ou une concurrente sorti victorieux du premier tour.

Selon les derniers sondages, Macron dispose d’une confortable avance, puisque plus de la moitié des Français affirment que l'actuel chef de l'État sera réélu lors de l’élection présidentielle de 2022. Il ne tire pas profit de dividendes du maigre bilan de son mandat, mais des déchirements au sein des droites et de l’absence de personnalités crédibles et bien placées pour l'affronter.

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Xavier Bertrand, l'un des candidats favoris du LR. (AFP).

Un sondage d'opinion publié le 16 octobre dernier indique que Macron arriverait en tête au premier tour quel que soit le candidat de droite, avec 25 à 27% des votes. Marine Le Pen serait toujours deuxième (elle obtiendrait entre 17 et 18,5%), talonnée par Éric Zemmour (entre 16 et 17%). Quant au camp de la droite classique, le meilleur parmi ses candidats déclarés serait Xavier Bertrand (15%), puis Valérie Pécresse (10%) et, enfin, Michel Barnier (8%).

 

Photographie électorale

À six mois de l’élection présidentielle française, voici les candidats déclarés ou pressentis à ce jour:

  • Emmanuel Macron, actuel président de la république 
  • Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN, anciennement Front national)
  • Éric Zemmour, écrivain et journaliste populiste de droite, qui n'a pas encore officiellement annoncé sa candidature
  • Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Michel Barnier, principaux candidats en compétition au sein du parti Les Républicains (LR, principal parti traditionnel de droite)
  • Yannick Jadot, candidat d’Europe Écologie-Les Verts issu des primaires écologistes 
  • Jean-Luc Mélenchon, gauche radicale (La France insoumise, LFI)
  • Anne Hidalgo, candidate du Parti socialiste (PS), désignée par les militants 
  • Fabien Roussel, candidat du Parti communiste français (PCF) 
  • Arnaud Montebourg, indépendant de gauche et ancien ministre de l'Économie
  • Nicolas Dupont-Aignan, candidat gaulliste populiste 
  • Jean Lassalle, indépendant de centre-droite, ancien ministre et député
  • Nathalie Arthaud et Philippe Poutou, deux candidats trotskistes (ultragauche)

L’impact du traitement de l'islam et des Français d’origine arabe

Malgré la priorité donnée par l’opinion publique aux questions sociales et économiques, les facteurs identitaires, historiques, et religieux occupent une place importante dans le débat électoral et font l’objet de tiraillements entre les candidats à la présidentielle.

Il y a bien sûr les sorties populistes (délibérément spectaculaires) du supposé candidat Éric Zemmour, mais pas seulement: dans les thèmes abordés par la campagne, on note aussi l’ambiguïté de différentes perceptions sur l’islam, la place des Français musulmans ou d’origine arabe, ou encore le litige historique franco-algérien.

Sans doute, l’avènement d’une société française plurielle et multiculturelle représente un choc pour certains, qui considèrent que ce n’est pas une richesse.

Éric Zemmour, journaliste et chroniqueur devenu militant politique classé à l’extrême-droite, est connu depuis des années pour ses tirades polémiques et sa stigmatisation de la culture des membres des communautés musulmanes de France. Il s’attaque aux rituels religieux, aux habitudes de vie et à la langue arabe. Récemment, le polémiste (un juif d’origine algérienne ou, comme il se présente, un juif d’origine berbère) s’est illustré par une déclaration controversée, affirmant que s'il devenait président, il empêcherait les enfants de prendre le prénom de Mohammed.

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Eric Zemmour, un juif d’origine algérienne ou, comme il se présente, un juif d’origine berbère. (AFP). 

Cette déclaration et d’autres sorties «folkloriques» créent une ambiance délétère teintée de racisme et d’islamophobie. Sans doute, l’avènement d’une société française plurielle et multiculturelle représente un choc pour certains, qui considèrent que ce n’est pas une richesse. Si l’immigration a été le cheval de bataille du Front national (FN) dans les années 1980-1990, la priorité nationale et la question identitaire apparaissent désormais comme des thématiques clés pour une bonne partie de la droite. Pour la gauche et les Verts, au contraire, ces questions sont secondaires.

Affirmer que la France risque d’être islamisée, c’est estimer de façon exagérée que chaque musulman sera forcément un islamiste!

Dans les perceptions des uns et des autres de l’islam et de sa place dans la République, la confusion règne parfois, au point que Xavier Bertrand, l’un des principaux candidats de droite, a proposé en août dernier d’interdire le «salafisme», qu’il désigne comme vecteur d’une «idéologie politique incompatible avec les valeurs françaises et la primauté de la loi de la République». Cette proposition, qui apparaît à première vue simple et applicable, est juridiquement impossible à réaliser, car on ne peut pas proscrire une pensée religieuse. Cette confusion entre l’islam politique et l’islam comme religion, tout comme celle entre islam et terrorisme, dessert tout effort d’insertion, surtout si l’on fait de cette question un sujet de surenchère électorale.

Toutefois, les chiffres réels et les estimations invalident les thèses extrémistes et islamophobes comme celle de Zemmour, qui suggère que «la France sera à moitié islamique en 2050». Cette prédiction qui prétend refléter une évolution démographique est bien illusoire. Selon le Pew Research Center (un think tank américain spécialisé dans l’étude du poids des religions), la France compte un peu plus de 8% de musulmans (majoritairement non pratiquants) et en compterait de 12 à 18% en 2050. Il est impossible de prédire combien seront pratiquants et à quel point. Affirmer que la France risque d’être islamisée, c’est estimer de façon exagérée que chaque musulman sera forcément un islamiste!

Toutefois, le rationalisme ancré dans la pensée française l’emporte: le président Macron, comme plusieurs hommes et femmes politiques, refuse la stigmatisation systématique des adeptes de l’islam et insiste sur le respect de la liberté du culte.

Quant aux Français d’origine arabe ou immigrés actifs venant de pays arabes, ils subissent comme les autres les affres de crises et peuvent parfois être la cible de discriminations. Mais ils commencent progressivement à peser dans la société et le paysage politique. Lors de la crise sanitaire, beaucoup d’étrangers actifs, dont une bonne partie sont issus de pays arabes, se sont illustrés par leur persévérance et leur présence déterminantes pendant la période critique de la pandémie. Ainsi, le 21 septembre 2021, la ministre déléguée à la Citoyenneté a annoncé la naturalisation de 12 000 travailleurs étrangers en première ligne pendant la pandémie. Cet exemple, comme tant d’autres, constitue une note positive dans l’ambiance délétère d’une campagne qui s’annonce houleuse, avec une opinion publique déstabilisée.

Dans le camp des gauches, le populiste Mélenchon se contenterait de 8%. Mais il devance le candidat d’Europe Écologie-Les Verts, Yannick Jadot, qui recueillerait 7% des suffrages. Puis viennent Anne Hidalgo, la candidate socialiste (entre 5 et 5,5%), le communiste Fabien Roussel (entre 1,5 et 2%), qui obtient sensiblement le même score qu’Arnaud Montebourg. Les autres candidats oscilleraient entre 0,5 et 1% des voix.

Moins de six mois avant le premier tour, qui se tiendra le 10 avril 2022, il est difficile de donner une estimation précise des résultats et il semble ardu de désigner ceux qui accéderont au second tour. Parmi les scénarios les plus probables figurent Macron contre Le Pen (le scénario de 2017), Macron contre Zemmour ou contre Bertrand.

macron
Pour Macron, ce mandat marqué par la pandémie et par l’emprise du président «autoritaire» sur l’exécutif, le bilan a été maigre par rapport aux réformes promises et nécessaires. (AFP). 

Pour l’instant, Macron reste le plus confiant dans sa progression, mais il faut attendre le congrès du parti Les Républicains (LR), en décembre prochain, qui devrait trancher entre plusieurs concurrents. Si Xavier Bertrand l’emporte, il est possible que la balance penche en sa faveur, ce qui aura son importance dans la course finale.

Macron entre défis et surprises

Dans cette mêlée, et dans tous les cas de figure, Emmanuel Macron paraît en position de force, à six mois de l'élection. Cela semble surprenant pour un président qui, sur l’ensemble de son quinquennat, compte parmi les hommes d’État de la Vᶱ République les plus contestés, comme l’atteste la longue phase de manifestations des Gilets jaunes et la mobilisation contre le passe sanitaire.

De surcroît, dans ce mandat marqué par la pandémie et par l’emprise du président «autoritaire» sur l’exécutif, le bilan a été maigre par rapport aux réformes promises et nécessaires. Ainsi, le manque d’élan réformateur et la longue crise sanitaire n’ont pas permis de réalisations concrètes… Mais Macron conserve pour le moment son avantage. Afin de consolider sa place dans la course présidentielle, il a lancé récemment un ambitieux programme d'investissements, intitulé «France 2030»: plusieurs dizaines de milliards d'euros seront destinés aux secteurs identifiés comme stratégiques. Parmi les priorités ciblées: l’énergie (hydrogène, batteries électriques et nucléaire), le numérique, l’agriculture, l’espace, ou encore la santé.

Le chef de l’État a constaté le retard pris en France dans certains domaines, notamment durant la pandémie de Covid-19 et les pénuries de produits cruciaux qu’elle a entraînées. Cet électrochoc a incité Macron à plaider pour la réindustrialisation de l'indépendance nationale et de l’autonomie stratégique européenne, derrière un mot d'ordre: souveraineté. Cependant, la tâche n’apparaît pas simple après toutes les délocalisations opérées depuis les années 1980. Un projet aussi ambitieux suppose d’y consacrer plusieurs dizaines de milliards d'euros; or, ils sont difficiles à trouver.

En réalité, le plan France 2030 n’est que le programme économique de la campagne 2022 face aux «alternatives de décroissance ou de repli sur soi» défendues par certaines oppositions... Ces propositions interviennent alors que les candidats croisent essentiellement le fer sur l’immigration (ou la peur de l’Autre, une thématique chère à l’étoile montante du populisme, Éric Zemmour).

C'est le pouvoir d'achat qui figure en tête des préoccupations des Français. Cette thématique est placée juste avant la sécurité et la protection sociale. Ainsi, le programme macroniste tient compte des thématiques économiques qui reviennent au premier plan, carte maîtresse de la stratégie 2030 face à un éparpillement politique en général, et à droite en particulier.

Fluidité de l’opinion dans un pays ancré à droite

Alors que le quinquennat de Macron entre dans sa phase finale, le paysage politique français s’annonce aussi mouvant qu'incertain, avec une fluidité plus grande des électorats que par le passé. Toutefois, une photographie de l'opinion souligne que la France se situe de plus en plus à droite. Plusieurs spécialistes l'affirment, s'appuyant sur des sondages. D'autres figures politiques, comme Jean-Luc Mélenchon, appellent les Français à ne pas se laisser influencer. Mais on peut affirmer que le choix de la majorité des électeurs de droite se révélera décisif.

En attendant le congrès du parti Les Républicains, l’attention se concentre actuellement sur le duel à distance du premier tour entre Marine Le Pen et Éric Zemmour. Macron est perplexe, lui qui pariait sur une confrontation avec Marine Le Pen au second tour, scénario dans lequel ses chances de succès seraient garanties. L’irruption d’Eric Zemmour brouille les cartes.

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l’attention se concentre actuellement sur le duel à distance du premier tour entre Marine Le Pen et Éric Zemmour. (AFP). 

Cette fois, en France, le phénomène électoral n'est ni Jean-Marie Le Pen ni sa fille, mais incontestablement Zemmour. Le courant populiste et celui de la droite endurcie ont trouvé dans le polémiste un candidat combatif et beau parleur qui répond aux inquiétudes du Français moyen. De manière inédite, un homme extérieur à la sphère politique entre en jeu et met tous les traditionalistes en difficulté. Il pourrait même embarrasser Macron.

Avec un duel serré, au premier tour, entre Le Pen et Zemmour (si ce dernier confirme sa candidature), l’arrivée tardive du candidat de la droite classique et un camp de la gauche et des écologistes fragmenté, Emmanuel Macron bénéficie de la posture classique du président-candidat et apparaît comme un pôle de stabilité.

 


Accusé de complicité de crimes de guerre en Syrie, un ex-rebelle salafiste jugé à partir de mardi à Paris

Des automobilistes passent devant un grand panneau représentant le nouveau drapeau syrien, datant à l'origine de la période d'indépendance et utilisé par les rebelles contre le gouvernement dirigé par Assad, avec un slogan en arabe indiquant « La Syrie pour tous », dans la ville de Lattaquié, à l'ouest de la Syrie, le 9 mars 2025. (AFP)
Des automobilistes passent devant un grand panneau représentant le nouveau drapeau syrien, datant à l'origine de la période d'indépendance et utilisé par les rebelles contre le gouvernement dirigé par Assad, avec un slogan en arabe indiquant « La Syrie pour tous », dans la ville de Lattaquié, à l'ouest de la Syrie, le 9 mars 2025. (AFP)
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  • Pour les avocats de l'accusé, Romain Ruiz et Raphaël Kempf, la chute en décembre 2024 du régime de Bachar al-Assad ouvre de nouvelles perspectives et pose la "question de la légitimité" de ce procès
  • Ex-officier de l'armée syrienne, Majdi Nema avait fait défection en novembre 2012 pour rejoindre Zahran Alloush, fondateur et commandant en chef de Liwa al-Islam, devenu JAI en 2013

PARIS: Un an après avoir condamné par défaut trois hauts responsables du régime syrien de Bachar al-Assad à la perpétuité, la justice française juge à partir de mardi un ex-rebelle salafiste syrien pour complicité de crimes de guerre commis entre 2013 et 2016 dans son pays.

Placé en détention provisoire depuis janvier 2020, Majdi Nema, ancien membre de Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam), conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans ce groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien.

Agé de 36 ans, il sera jugé, en vertu de la compétence universelle de la justice française, pour complicité de crimes de guerre et pour participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes de guerre. Il est notamment soupçonné d'avoir aidé à enrôler des enfants ou des adolescents dans les rangs des "Lionceaux de l'islam" et à les former à l'action armée.

Pour ces faits, il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

"Ce dossier sera l'occasion de mettre en lumière toute la complexité du conflit syrien qui ne se limitait pas aux crimes du régime", estime Marc Bailly, avocat de la Fédération internationale des droits humains et de plusieurs parties civiles aux côtés de Me Clémence Bectarte.

Ex-officier de l'armée syrienne, Majdi Nema avait fait défection en novembre 2012 pour rejoindre Zahran Alloush, fondateur et commandant en chef de Liwa al-Islam, devenu JAI en 2013. Ce groupe avait pris dès 2011 le contrôle de la Ghouta orientale, au nord-est de Damas.

Proche du chef du mouvement, l'accusé avait pris comme nom de guerre Islam Alloush.

Etudiant en France 

Aux enquêteurs, il a affirmé avoir quitté la Ghouta orientale fin mai 2013 pour rejoindre la Turquie, d'où il agissait comme porte-parole de JAI, ce qui prouverait qu'il n'a pu commettre les crimes reprochés. Il dit avoir quitté le groupe en 2016.

En novembre 2019, il était arrivé en France pour suivre comme étudiant un cycle de conférences à l'Institut de recherche sur le monde arabe et musulman de l'université Aix-Marseille (sud-est).

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI quelques mois auparavant, il avait été interpellé en janvier 2020 et inculpé par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.

Au terme de la procédure, il avait aussi été renvoyé devant les assises pour complicité de disparitions forcées. Il était mis en cause, en tant que membre de JAI, dans l'enlèvement le 9 décembre 2013 de quatre militants des droits humains, dont l'avocate et journaliste syrienne Razan Zeitouneh, jamais retrouvés.

Mais la cour d'appel de Paris a annulé ces poursuites en novembre 2023 pour des raisons procédurales, même si elle affirmait dans son arrêt que "Jaysh al-Islam doit être considéré comme responsable de la disparition" des quatre activistes. Ce qui avait été ensuite validé par la Cour de cassation, la juridiction la plus élevée de l'ordre judiciaire français.

Pendant l'instruction, la défense de Majdi Nema a contesté le principe de la compétence universelle de la justice française, qui lui permet de juger un étranger pour des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre commis à l'étranger contre des étrangers, mais la Cour de cassation a rejeté son pourvoi.

Légitimité du procès 

Pour les avocats de l'accusé, Romain Ruiz et Raphaël Kempf, la chute en décembre 2024 du régime de Bachar al-Assad ouvre de nouvelles perspectives et pose la "question de la légitimité" de ce procès.

"Il est incontestable qu'à travers l'organisation de ce procès, la justice française manifeste une forme de mépris envers les Syriens", désireux de juger sur leur sol leurs ressortissants, estiment-ils.

"En l'état actuel, il est impossible de faire un procès en Syrie pour ces crimes. Il n'y a pas d'autorité diplomatique, pas d'autorité judiciaire, et à ce stade pas de réelle séparation des pouvoirs", rétorque Me Bailly.

D'autant que le flou règne sur les rapports entre le groupe et les nouvelles autorités syriennes.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, JAI avait des liens avec le groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir al-Sham, dirigé par Ahmad al-Chareh, désormais président par intérim du pays. JAI pourrait agir sous d'autres noms depuis que le nouveau pouvoir a annoncé la dissolution des groupes armés et leur intégration dans la nouvelle armée.

Le procès est prévu jusqu'au 27 mai devant la cour d'assises de Paris.

 


Lycéenne tuée à Nantes: le profil de l'agresseur examiné, vive émotion au lycée

Au lendemain de l'attaque au couteau dans un collège-lycée privé de Nantes où un hommage doit être rendu vendredi après-midi à l'adolescente tuée, les enquêteurs vont tenter de cerner les motivations de l'auteur présumé, un adolescent qui a été hospitalisé jeudi soir après un examen psychiatrique. (AFP)
Au lendemain de l'attaque au couteau dans un collège-lycée privé de Nantes où un hommage doit être rendu vendredi après-midi à l'adolescente tuée, les enquêteurs vont tenter de cerner les motivations de l'auteur présumé, un adolescent qui a été hospitalisé jeudi soir après un examen psychiatrique. (AFP)
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  • Vendredi matin, une dizaine de roses blanches ainsi qu'un bouquet ont été déposés devant l'accueil de l'établissement, tandis que les portes du collège et du lycée resteront closes pour la journée
  • Le président Emmanuel Macron a salué le "courage" des professeurs qui "ont sans doute empêché d'autres drames"

NANTES: Au lendemain de l'attaque au couteau dans un collège-lycée privé de Nantes où un hommage doit être rendu vendredi après-midi à l'adolescente tuée, les enquêteurs vont tenter de cerner les motivations de l'auteur présumé, un adolescent qui a été hospitalisé jeudi soir après un examen psychiatrique.

Vendredi matin, une dizaine de roses blanches ainsi qu'un bouquet ont été déposés devant l'accueil de l'établissement, tandis que les portes du collège et du lycée resteront closes pour la journée, a constaté une correspondante de l'AFP.

Pour quelle raison cet élève du collège-lycée privé Notre-Dame de Toutes-Aides, interpellé peu après les faits, a-t-il poignardé mortellement une de ses camarades, jeudi en milieu de journée, avant de s'attaquer à trois autres élèves, dont un était entre la vie et la mort jeudi soir ?

Le procureur de la République de Nantes, Antoine Leroy, a annoncé qu'il donnerait une conférence de presse vendredi à 18H.

"Le psychiatre ayant procédé à l'examen du mis en cause a conclu à l'incompatibilité de son état de santé avec la mesure de garde à vue en cours", a-t-il indiqué à la presse dans la soirée. "L'intéressé va donc être désormais conduit à l'hôpital".

Quelques heures plus tôt, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et sa collègue de l'Education Elisabeth Borne s'étaient rendus sur place pour saluer le travail des forces de l'ordre, des secours ainsi que du personnel enseignant qui a permis de maîtriser l'agresseur et d'éviter un bilan plus lourd.

Trois autres élèves ont été blessés par l'adolescent et pour l'un d'eux, il n'y a "pas de garantie" qu'il soit "totalement tiré d'affaire", a indiqué Mme Borne.

Pour la journée de vendredi, les cours sont maintenus pour l'école primaire mais suspendus pour les collégiens et les lycéens, la cellule psychologique restera ouverte au sein du groupe scolaire. Un appel à déposer des fleurs devant l'établissement à 15h30 a été lancé et partagé sur les réseaux sociaux.

Portiques 

L'agresseur semble quant à lui présenter un profil singulier.

"Le lycéen, les gens le connaissaient comme dépressif, il disait qu'il adorait Hitler. Il a envoyé un mail de 13 pages à tout le monde pour expliquer tous ses problèmes à midi", a témoigné auprès de l'AFP une collégienne.

Peu avant d'attaquer ses camarades au couteau, il a envoyé aux élèves un courriel sombre et confus consulté par l'AFP. Il y évoque notamment "la mondialisation (qui) a transformé notre système en une machine à décomposer l'humain", revendiquant une "révolte biologique" afin que "l'équilibre naturel, même cruel" reprenne "sa place" contre "l'écocide globalisé".

Bruno Retailleau a estimé que "ce n'est pas un fait divers, ce drame, cette tragédie, c'est un fait de société".

"Nous sommes dans une société qui a encouragé le laxisme, qui a voulu déconstruire les interdits, l'autorité, l'ordre, les hiérarchies et qui a accouché finalement de toute cette violence", a-t-il poursuivi.

Rappelant le décès un mois auparavant d'un jeune poignardé devant un lycée en Essonne, Bruno Retailleau a indiqué que "comme tant de Français, on ne se résout pas à ce que ces lieux de vie, ces lieux d'enseignement deviennent parfois des lieux d'ensauvagement, des lieux de mort".

Le président Emmanuel Macron a salué le "courage" des professeurs qui "ont sans doute empêché d'autres drames".

François Bayrou a lui estimé que l'installation de portiques à l'entrée des établissements scolaires était "une piste" pour éviter de nouvelles attaques au couteau dans les écoles.

"Un couteau, une arme blanche potentiellement dangereuse et même létale (...) ces armes-là, elles doivent être bannies, donc elles doivent être pourchassées. Tout le monde doit savoir qu'elles sont interdites et les contrôles nécessaires doivent être conduits", a déclaré le Premier ministre devant la presse.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".