PARIS : Au détour d'une flaque, d'aspérités dans le bitume, ou dans l'intimité de leurs ateliers, les artistes de l'art miniature 2.0 rivalisent d'imagination et d'ingéniosité, pour créer des univers minuscules, exposés pour la première fois en France, à Paris.
Baptisée "Small is Beautiful" (petit c'est magnifique), l'exposition regroupe une vingtaine d'entre eux, considérés comme les stars mondiales du genre (États-Unis, Royaume-Uni, Japon, Suède, Ukraine, Bosnie, Afrique du Sud, Belgique, Allemagne, Inde et France). Ils présentent une soixantaine de leurs œuvres à la galerie Joseph, à partir de vendredi et jusqu'au 16 janvier.
Parmi eux, l'artiste britannique Slinkachu, né en 1979 et connu pour ses scènes de vie à partir de figurines miniatures remodelées, repeintes puis installées et photographiées dans des espaces publics, et laissées sur place pour le plaisir des passants. Son monstre du Loch Ness, créé à partir d'un cordon de baskets vert dans une flaque, faisant face à deux personnages dans une capsule de bière, leur embarcation, a fait fureur sur les réseaux sociaux.
En parcourant l'exposition et les œuvres, dont les plus petites font la taille d'une carte SIM et les plus grandes celle d'une grande boîte à chaussures, le public découvre une multitude d'univers: humoristiques (Pierre Javelle, France), oniriques (Lisa Swerling, États-Unis; Franck Kunert, Allemagne), revendicatifs (Thomas Doyle, États-Unis), inspirés autant des jouets d'enfants que du cinéma ou des séries télévisées.
- Hyperréalisme, poésie -
Des éléments de la vie quotidiennes, rétrécis jusqu'à 87 fois, ou des planètes imaginaires introduites dans de minuscules bouteilles, tubes à essais ou cloches en verre de quelques centimètres carrés, (Izumi Akinobu, Japon; Tristan Blondeau, France); des sculptures taillées dans des pointes de crayon à papier (Jasenko Dordevic, Bosnie); des poissons en carton recyclé abritant des cités antiques qu'un capitaine explorateur découvre à bord de son trois-mâts fait d'une coquille de noix (Tank et Popek, France).
L'hyperréalisme, autant que la poésie, sont omniprésents dans les immeubles haussmanniens en papier kraft blancs illuminés de l'intérieur par Camille Ortolli (France), un manoir du XVème siècle en matériaux authentiques, totalement meublé et rétréci douze fois par Nicolas Guérin (France) ou les immeubles délabrés de banlieue parisienne ou tokyoïtes, encore plus petits, créés par Nicolas Pierre (France) ou Christopher Robin Nordstroem (Suède).
"L'art miniature est passé de la maquette réaliste des maisons de poupée à un genre artistique à part entière, qui raconte des histoires et séduit les enfants autant que les adultes", explique Serge Victoria, producteur français d'événementiel à l'initiative de l'exposition.
"Tous ces artistes, trentenaires pour la plupart, se sont fait connaître sur les réseaux sociaux et vont se rencontrer pour la première fois", se réjouit-il.
Lorraine Loots, miniaturiste sud-africaine du Cap, acquiesce: "C'est formidable de pouvoir nous retrouver et échanger de vive voix". Incitée dès l'enfance "par sa mère, à tout observer et découvrir dans la nature", elle explique à l'AFP comment elle a créé des représentations miniatures de paysages circulaires et d’objets du quotidien sur fond blanc qui se regardent à l'aide d'une loupe.
Le voyage se termine avec Ronan Jim Sevellec, septuagénaire breton aux décors miniatures sans équivalent, reproduisant des intérieurs de maisons issues d'un passé lointain, médiéval ou hors du temps, et résolument européen.