ANKARA: Les opérations antiterroristes turques et irakiennes visant à éliminer Daech de la région pourraient s'intensifier à la suite des élections législatives et de la capture récente de l'un des principaux dirigeants du groupe, ont affirmé des experts.
Une récente opération de renseignement conjointe entre les deux pays du nord-ouest de la Syrie a permis aux forces de sécurité irakiennes d’appréhender Sami Jasim, adjoint de l’ancien chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi.
De nationalité irakienne, Jasim était également connu pour être un proche collaborateur de l'actuel chef du groupe terroriste, Abou Ibrahim al-Hachemi al-Qourachi. L'influence de la Turquie dans le nord-ouest de la Syrie, où elle dispose depuis des années de points d'observation pour ses troupes, et ses liens étroits avec les rebelles de la région, ont contribué au succès de l'opération.
Un nombre de membres irakiens de Daech qui se cachent dans la région auraient inspiré les affiliés du groupe dans d'autres pays déchirés par la guerre comme l'Afghanistan.
Les analystes estiment désormais qu'une coopération plus étroite entre Ankara et Bagdad permettrait non seulement d’éradiquer les derniers vestiges de Daech, mais aussi d’établir une nouvelle situation de confiance entre la Turquie et les États-Unis en matière de lutte contre le terrorisme.
L'Amérique avait offert 5 millions de dollars (1 dollar américain = 0,86 euro) pour des informations sur Jasim, et le considérait comme jouant un «rôle essentiel dans la gestion des finances des opérations terroristes de l'État islamique (Daech)».
L'année dernière, le Conseil d'enquête sur les crimes financiers de la Turquie a signé un accord avec son homologue irakien pour lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
Goktug Sonmez, directeur des études de sécurité au groupe de réflexion Orsam basé à Ankara, a reconnu que la politique irakienne de la Turquie était principalement axée sur la lutte contre le terrorisme.
«Au départ, cette approche était limitée à la lutte contre le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), puis elle s’est étendue aux efforts antiterroristes contre Daech, Ankara devenant une partie intégrante de la coalition mondiale pour la lutte contre L'État islamique», a-t-il déclaré à Arab News.
Des élections parlementaires se sont tenues en Irak le 10 octobre, et les experts estiment que les résultats des élections auront des répercussions directes sur les efforts de lutte contre le terrorisme en fonction des alliances régionales.
Sonmez a signalé: «Les segments chiites pro-Iran sont apparus comme les grands perdants des élections, tandis que le Parti démocratique du Kurdistan a considérablement augmenté sa part de voix. Après les résultats des élections, Ankara pourrait intensifier ses opérations anti-Daech avec le gouvernement central irakien.
«Avec la diminution de l'influence iranienne en Irak, une telle coopération entre les deux pays pourrait également contribuer aux efforts de Washington pour maintenir ses liens d'alliance avec la région.
«Les pays du Golfe et la Turquie peuvent aider le gouvernement de Bagdad dans ce processus en utilisant le prétexte de sécurité comme une voie de coopération durable.
«Du point de vue de l'assistance militaire et de la collaboration en matière de sécurité, je m'attends à ce que la Turquie continue à fournir à l’Irak de nouveaux équipements militaires pour mieux identifier les cachettes de Daech», a ajouté Sonmez.
En août, le ministre irakien de la Défense, Juma Anad Saadoun, a annoncé que son pays envisageait d'acheter des drones turcs, des hélicoptères tactiques de reconnaissance et d'attaque T129 et du matériel militaire électronique.
«La Turquie a jusqu'à présent dressé une liste très complète de dizaines de milliers de combattants étrangers qui sont ou pourraient être liés à Daech. À la suite des récentes élections, la Turquie et l'Irak pourront approfondir leurs efforts de lutte contre le terrorisme sur la base de la solide documentation d'Ankara concernant le réseau de Daech dans son voisinage», a soutenu Sonmez.
La Turquie a récemment arrêté plusieurs membres de Daech sur son sol. À la mi-septembre, les forces de sécurité ont arrêté trois personnes dans le sud de la Turquie ayant des liens présumés avec Daech et le PKK, et a saisi plusieurs documents et divers supports numériques.
«Les opérations internes de la Turquie contre Daech vont de pair avec ses opérations transfrontalières. Les données que les responsables de la sécurité turcs ont obtenues et les réseaux qui ont été découverts dans le cadre de ces opérations ont sans doute aidé les autorités à révéler les contacts étrangers des djihadistes dans les pays de la région», a ajouté Sonmez.
Entre 2014 et cette année, la Turquie a mené plus de 5 855 opérations contre Daech, capturant et arrêtant plus de 1 200 membres du groupe.
Parallèlement, l'Organisation nationale du renseignement de Turquie et la police turque ont arrêté huit personnes, dont deux espions iraniens, pour une tentative d'enlèvement d'un ancien soldat iranien, a rapporté mercredi l'agence publique Anadolu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com