DUBAÏ: Parmi les nombreuses missions que s’est fixées l'Expo 2020 figure la sensibilisation à la beauté de notre planète et à la manière dont nous pouvons préserver le peu qu'il nous reste de notre environnement naturel avant qu'il ne soit trop tard.
Hammour House (NDRL: «La Maison du mérou», Hammour étant le nom arabe de ce poisson) est une œuvre d'art imposante conçue par l'artiste australienne Sue Ryan. Située dans le district des Opportunités, en face du pavillon de la Chine et de la Sunrise Plaza, cette installation composée de filets de pêche finement superposés et d'autres matériaux trouvés dans l’océan suscite l'émerveillement des passants.
Cette sculpture fait partie de trois œuvres artistiques qui composent le projet d'art communautaire baptisé «Hammour House». La deuxième pièce est une tapisserie pleine de vie que des élèves des Émirats arabes unis (EAU) ont créée en utilisant la technique du batik (une technique d'impression des étoffes, NDLR) et des teintures durables confectionnées par le muraliste Steve Chambers, qui habite Dubaï. La troisième, une sculpture de récif corallien qui prendra forme au cours des six mois de l'Expo 2020 grâce à la contribution qu’apporteront les visiteurs invités à participer aux divers ateliers artistiques et pédagogiques proposés par la Hammour House.
Ce projet artistique communautaire rassemble des pêcheurs, des scientifiques, des artistes et diverses institutions autour d’un même objectif: mieux préserver la vie marine locale. Il a pour but de sensibiliser la population au statut du mérou, poisson qui fait l’objet d’une surpêche aux EAU et se trouve désormais menacé d'extinction. Les poissons indigènes des EAU vivent principalement dans les récifs coralliens, qui risquent également de disparaître en raison de la dégradation de l'écosystème marin.
Ce projet tire son contenu de l'histoire «Le Pêcheur et le Triton» (aussi connue sous le nom d’«Abdallah de la terre et Abdallah de la mer»), tirée des Mille et Une Nuits. On raconte que, du jour au lendemain, Abdallah, un pêcheur pauvre, père d'une famille nombreuse, n'arrive plus à attraper un seul poisson. Encouragé par sa femme, il lance à nouveau son filet et, cette fois, il en sort un triton qui se fait, lui aussi, appeler «Abdallah». Les deux personnages décident de faire équipe, ce qui permettra aux pêcheurs de remplir leurs filets de poissons. La morale de l'histoire que le projet d'art communautaire de l'Expo 2020 met en avant est la suivante: les êtres humains doivent s'associer aux créatures de la mer (poissons et récifs coralliens) afin d’assurer un environnement durable pour tous.
«Hammour House se penche de plusieurs manières sur les liens historiques qui unissent les Émiratis à la mer», confie à Arab News Ahmed al-Enezi, responsable principal de l'art et de la culture de l'Expo 2020. Il évoque une visite à Dalma, une île émiratie située dans le golfe Arabique, au cours de laquelle il a rencontré les pêcheurs de la région. C’était l'un des premiers voyages exploratoires effectués dans le cadre de ce projet.
«Les histoires fascinantes que les vieux pêcheurs nous ont contées au cours de ce voyage nous ont beaucoup inspirés. Ils nous ont raconté que des mérous de la taille d'un Goliath vivaient autrefois dans nos eaux et que certains pouvaient dévorer un être humain tout entier!», se souvient-il.
D’après M. Al-Enezi, les pêcheurs parlent avec passion de l'amour qu'ils portent à leur travail et soulignent combien il est important de préserver cette pratique à l'avenir, même si la pêche traditionnelle ne leur fournit plus de moyens de subsistance. Les EAU consacrent par ailleurs des efforts considérables à la protection des ressources piscicoles du pays. Dans ce but, ils encouragent les pêcheurs à devenir les gardiens de l'environnement.
«Les pêcheurs des EAU sont loin d'être des vestiges du passé ou une simple composante de la communauté qu'il conviendrait de valoriser. Grâce à la relation étroite qu’ils entretiennent avec la nature et à leur rôle proactif dans la préservation du patrimoine et de l’environnement des Émirats, ils peuvent nous apprendre bien des choses», indique M. Al-Enezi.
La Hammour House met l'accent sur l'importance que revêt le travail collectif dans la création d'un environnement durable et sain. M. Al-Enezi est convaincu que, «même si les communautés apparaissent segmentées et que certains sous-groupes semblent dissociés les uns des autres, l'art a le pouvoir de rapprocher les gens».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.