PARIS: La musique arabo-andalouse, héritage culturel précieux de l’époque médiévale est à l’honneur à l’Institut du Monde Arabe à Paris (IMA), dans le cadre du festival « Andaloussiyat » qui se déroule du 25 au 31 du mois de mars.
C’est un rendez-vous incontournable pour les amateurs de cette musique qui est associée à la nostalgie et la douleur d’un peuple exilé portant en lui la mémoire harmonieuse de la vie dans l’Andalousie musulmane.
Conçu sur trois éditions annuelles consécutives, le festival a pour vocation de faire entendre et perpétuer cet art musical qui incarne la fusion des styles et se nourrit des influences culturelles de différentes époques, témoignant ainsi de l’harmonie des cultures qui ont coexisté en Andalousie au VIIIe siècle.
L’édition de cette année sera consacrée aux trois écoles de musique algériennes, explique le commissaire du festival et ancien ambassadeur François Gouyette, grand spécialiste de ce genre musical qu’il a appris à apprécier dans sa jeunesse, durant ses vacances en Algérie.
Conquis par sa « beauté, son raffinement et son caractère savant » il collectionne avec passion depuis des années les enregistrements de la musique arabo-andalouse qui repose selon lui « sur un système de modes complexes, comparables aux Maqâms en musique arabe ».
Pour ce qui est de la programmation du festival, Gouyette indique qu’il existe en Algérie trois grandes écoles dans ce domaine : l’école de Tlemcen, située à l’ouest du pays, l’école d’Alger, appelée “Sanaâ”, et l’école de Constantine, qui se distingue par le genre musical appelé “Malouf”.
L’école de Tlemcen est « l’une des écoles les plus prestigieuses d’Algérie dans la tradition de la musique arabo-andalouse » et elle sera représentée par la chanteuse Lila Borsali.
L’école de Constantine sera mise en avant par deux chanteurs réputés, ajoute-t-il.
Salim Fergani ouvrira ainsi la semaine musicale le 25 mars, Il est le fils de Mohamed Tahar Fergani, une figure légendaire du chant constantinois des années 1960-1970.
Salim Fergani perpétue cette tradition, à la fois en tant que chanteur et joueur de oud.
Un autre artiste prometteur, Abbas Righi, âgé d’une trentaine d’années, sera également présent, il est considéré comme l’une des étoiles montantes du Malouf et de la musique arabo-andalouse.
L’école d’Alger, quant à elle, ne sera pas représentée par un orchestre spécifique, Toutefois, le 30 mars, l’ensemble “El Tarab” interprétera des morceaux issus du répertoire arabo-andalou d’Alger, du Maroc et de Tunisie.
De plus poursuit Gouyette, la chanteuse Amel Brahim-Djelloul qui se produira le 27 mars, est une « artiste lyrique talentueuse, elle excelle aussi bien dans le répertoire classique occidental que dans la tradition arabo-andalouse et kabyle ».
Elle a notamment été la première, souligne-t-il. à interpréter cette musique en Arabie saoudite, lors d’un concert à Riyad, en 2019.
Cette tradition musicale s’est perpétuée après la chute de Grenade en 1492, lorsque de nombreux musiciens, juifs et musulmans, ont trouvé refuge au Maghreb.
C’est ainsi que ces écoles se sont développées en Algérie, mais aussi au Maroc et en Tunisie, d’ailleurs souligne Gouyette, les prochaines éditions du festival mettront à l’honneur le Maroc en 2026, suivi de la Tunisie et de la Libye en 2027.
En somme, ce festival n’a pas de message politique, il intervient certes dans un contexte difficile, mais il montre avant tout que la culture et la musique ont le pouvoir de rassembler, au-delà des frontières et des tensions.