A six mois de la présidentielle, le duel Macron-Le Pen vacille

Le tapis rouge est déroulé pour l'arrivée du président italien à l'Elysée à Paris le 5 juillet 2021. Ludovic MARIN / AFP
Le tapis rouge est déroulé pour l'arrivée du président italien à l'Elysée à Paris le 5 juillet 2021. Ludovic MARIN / AFP
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Publié le Vendredi 08 octobre 2021

A six mois de la présidentielle, le duel Macron-Le Pen vacille

  • À six mois de la présidentielle, l'irruption du trouble-fête Eric Zemmour dans la course à l'Elysée sème le doute sur le remake annoncé du duel de 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen
  • Près d'une trentaine de candidats se bousculent sur la ligne de départ, dont une partie seulement obtiendra le précieux sésame des 500 parrainages pour l'élection à la présidence de la République

PARIS : À six mois de la présidentielle, l'irruption du trouble-fête Eric Zemmour dans la course à l'Elysée sème le doute sur le remake annoncé du duel de 2017 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Près d'une trentaine de candidats se bousculent sur la ligne de départ, dont une partie seulement obtiendra le précieux sésame des 500 parrainages pour l'élection à la présidence de la République, prévue le 10 et 24 avril prochains, même si Emmanuel Macron et Eric Zemmour ne se sont pas encore officiellement déclarés. 

A ce stade, les sondages confirment les uns après les autres la présence d'Emmanuel Macron au second tour, qu'elles que soient les configurations, et pratiquement tous le donnent à nouveau vainqueur. 

Déjà une trentaine de candidats pour la présidentielle

Au moins une trentaine de candidats à la présidentielle de 2022, poids lourds de la politique ou "simples citoyens", se sont déjà déclarés, mais la liste définitive, qui devrait être réduite d'ici là, ne sera connue qu'au printemps.

Pour pouvoir se présenter au premier tour, ces candidats doivent en effet obtenir l'investiture de leur parti pour ceux qui s'inscrivent dans ce schéma, et le soutien de 500 élus issus de 30 départements et collectivités différents. Ces parrainages d'élus doivent ensuite être validés par le Conseil constitutionnel.

Les candidats non déclarés

Ils ne sont pas encore officiellement dans la course, mais font déjà beaucoup parler d'eux: 

- Le président sortant Emmanuel Macron n'a toujours pas annoncé son intention de briguer un second mandat. Il caracole en tête des sondages. 

- Le polémiste Eric Zemmour a fait une irruption tonitruante dans la campagne depuis la rentrée. Il maintient le doute sur sa candidature. Un sondage l'a placé cette semaine au second tour. 

A gauche, les sept compagnons

A gauche, ils sont nombreux à s'être déjà lancés dans la course, mais aucun d'entre eux ne parvient pour l'instant à décoller:

- L'eurodéputé EELV Yannick Jadot a remporté fin septembre la primaire des Verts, le seul parti qui ait choisi ce système pour désigner son candidat.

- Pour la France insoumise (LFI), le suspense est levé depuis bientôt une année: Jean-Luc Mélenchon sera son candidat. 

- La maire PS de Paris Anne Hidalgo a annoncé sa candidature début septembre, mais le maire du Mans Stéphane Le Foll maintient sa candidature à l'investiture du PS pour la présidentielle.

- L'ex-ministre socialiste Arnaud Montebourg a choisi de se lancer hors parti.

- Le PC lance son propre candidat, le secrétaire national Fabien Roussel, sans soutenir le candidat LFI comme lors des deux dernières présidentielles.

- Philippe Poutou, le conseiller municipal Nouveau Parti anticapitaliste et syndicaliste.

- La porte-parole de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud.

A droite, un congrès pour choisir

Le parti Les Républicains n'a toujours pas de candidat à l'Elysée. Les militants le choisiront lors d'un congrès le 4 décembre. La date limite de dépôt des candidatures, le 13 octobre, mais ils sont déjà nombreux à avoir annoncé leur candidature soit au congrès soit directement à la présidentielle.

- Le président des Hauts-de France (ex-LR) Xavier Bertrand s'est lancé seul dans la course à l'Elysée ce printemps. Il n'a toujours pas annoncé s'il se soumettrait ou pas au congrès de LR. 

- La présidente ex-LR de l'Ile-de-France Valérie Pécresse a choisi de se soumettre au congrès de décembre, tout comme l'ancien négociateur pour le Brexit Michel Barnier, le député LR Eric Ciotti et le maire LR de La Garenne-Colombes Philippe Juvin.

- Le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan, souverainiste de droite et ex-allié de Marine Le Pen, a lancé sa campagne dimanche. 

Extrême droite

- La présidente du RN Marine Le Pen est officiellement candidate depuis plus d'un an. Dans la plupart des sondages, elle affronte Emmanuel Macron au second tour comme en 2017. 

Une multitude de "petits candidats"

Comme à chaque élection, nombre de candidats issus de formations plus modestes, des figures des "gilets jaunes" voire de complets inconnus du grand public, comptent se présenter.

Parmi eux:

- Le président des Patriotes Florian Philippot

- Anasse Kazib, syndicaliste Sud-Rail et candidat du CCR (Courant communiste révolutionnaire)-Révolution permanente, une ex-branche du NPA

- Le député Jean Lassalle, à la tête du mouvement "Résistons"

- Le président de l'Union populaire républicaine (UPR) François Asselineau

- Le président de "VIA, la voie du peuple" Jean-Frédéric Poisson, qui s'est dit prêt à se retirer en faveur d'Eric Zemmour

- Hélène Thouy pour le Parti animaliste

- Le "gilet jaune" Eric Drouet

- La "gilet jaune" Jacline Mouraud avec son parti Les Emergents

- L'enseignante Clara Egger pour le mouvement Espoir RIC 2022

- Antoine Martinez, ex-général de l'armée de l'Air, président de Volontaires pour la France et signataire au printemps d'une tribune controversée de militaires dans Valeurs Actuelles

- Alexandre Langlois, ex-policier et secrétaire général du syndicat Vigi, avec son parti Refondation

- Antoine Waechter, ex-candidat des Verts à la présidentielle de 1988.

- Georges Kuzmanovic, souverainiste, ex-LFI. 

En revanche, la présence de Marine Le Pen au second tour est en perte de vitesse.

"Toutes les enquêtes démontraient jusqu'à présent que les Français avaient décidé de remettre les deux challengers de 2017 face à face et que le match Macron-Le Pen se rejouerait avec des équilibres un peu différents", explique à l'AFP le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po, pour qui l'ordre qui semblait "immuable depuis 2017 est en train d'être bouleversé".

Le responsable de ce chamboulement n'est autre qu'Eric Zemmour qui ne cesse de monter dans les sondages, l'un d'eux l'ayant même placé cette semaine pour la première fois au second tour avec 17 à 18% des intentions de vote, derrière Emmanuel Macron (24 à 27%).

Présidentielle: comment conjurer le spectre de l'abstention ?

A six mois de la présidentielle, le spectre d'une forte abstention, après le record des dernières régionales, hante les politiques qui cherchent la parade pour combattre la désaffection et remobiliser les électeurs.

Depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l’Élysée, plus de la moitié des électeurs ont boudé les urnes à chaque suffrage, des législatives de 2017 (51,3% et 57,3%) aux municipales de 2020 (55,25% et 58,6%), à l'exception notable du sursaut inattendu des européennes de 2019 (49,88%). 

Jusqu'à atteindre, sur fond de crise du Covid, des records aux régionales en juin dernier (66,72% et 65,31%), un niveau proche du référendum sur le quinquennat en 2000, record absolu d'abstention sous la Ve République avec 69,8%.

Dans le passé, l'élection présidentielle bénéficiait d'un effet mécanique de remobilisation. Quid de 2022 ?

"C'est impossible à prédire", estime le sondeur Jean-Daniel Lévy (Harris Interactive), malgré des "paramètres", comme "l'éparpillement de la gauche qui peut démobiliser ses électeurs, faute de chance de victoire" et "un débat pour l'heure focalisé sur l'immigration et pas forcément à la hauteur des attentes des Français".

A ce stade, les dernières études des sondeurs relèvent des intentions de participation très en retrait par rapport à celles mesurées en septembre 2016 (17 points de moins pour Ipsos, 10 points pour Harris Interactive). 

Pour conjurer ce risque qui menace aussi leur légitimité, les politiques ont sonné la remobilisation.

Dans tous les camps, le débat sur l'abstention a rythmé la rentrée politique, chacun estimant qu'elle le dessert plus que les autres.

A l'Assemblée nationale, une mission d'information parlementaire a été lancée en juin, ponctuée par une "consultation citoyenne" auprès des Français en octobre.

En novembre, "on proposera des choses applicables immédiatement via la voie règlementaire ou une proposition de loi mais aussi des sujets de plus long terme pour le débat présidentiel ou une future réforme constitutionnelle", prévient le rapporteur de cette mission Stéphane Travert (LREM).

Simplification des procurations

Parmi les pistes évoquées, les députés étudient une simplification des procurations, peut-être sans passer par un commissariat ou une gendarmerie. 

Le vote électronique n'est en revanche pas plébiscité, en raison de "grosses difficultés en matière d'identité numérique". Les députés s'interrogent davantage sur le vote par correspondance ou anticipé.

Avec un souvenir douloureux pour la majorité: le tollé suscité en février par un amendement inattendu du gouvernement, sèchement retoqué au Sénat.

Il prévoyait que les électeurs puissent demander à voter de manière anticipée sur des machines à voter durant la semaine précédant le scrutin présidentiel. Les oppositions de tous bords avaient dénoncé un "tripatouillage".

Récemment le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, sans y être favorable à titre personnel, a expliqué "travailler à mettre en place le vote à distance", mais pas pour le scrutin de 2022.

Ces solutions "techniques" laissent cependant sceptiques nombre de spécialistes. "Je n'y crois pas un instant", répond Jean-Daniel Lévy, pour qui "le problème est avant tout politique", avec "des électeurs mécontents qui ne reviendront aux urnes que s'ils perçoivent clairement les enjeux de l'élection et y adhèrent". 

A l'Assemblée, Stéphane Travert insiste aussi sur "l'engagement" et la "citoyenneté" des jeunes: "on peut imaginer que quelqu'un de 18 ans qui reçoive sa carte d'électeur ait par exemple comme rôle de tenir un bureau de vote à l'élection suivante, dans une logique de droit et devoir", glisse-t-il.

Côté ministériel, la secrétaire d'État Sarah El Haïry travaille sur l'engagement citoyen avec les mouvements de jeunesse de tous les partis.

Mais les politiques ou les associations citoyennes ne sont pas les seuls à chercher des solutions.

L'animateur phare de C8 Cyril Hanouna entend par exemple "faire +campagne pour la campagne+", se fixant même pour objectif de faire reculer l'abstention de vingt points, écrit-il dans son livre "ce que m'ont dit les Français".

Pour ce faire, le présentateur et producteur va partir en tournée "dans ces villes que l'on voit rarement à la télévision", particulièrement dans des régions fortement abstentionnistes où ses émissions sont très suivies.

Selon Frédéric Dabi, directeur du pôle opinion de l'Ifop, Mme Le Pen apparaît désormais "relativement fragilisée" par la candidature de M. Zemmour, qu'il présente comme "un poison lent qui infuse dans une partie de l'électorat du Rassemblement national qui avait déjà des doutes sur la candidate du RN après sa campagne au second tour en 2017", quand elle avait raté son débat face à Emmanuel Macron. 

"Eric Zemmour apparaît comme un homme qui n'est pas du sérail, qui n'appartient pas à la classe politique et qui incarne assez bien le dégagisme. Il en joue, il en surjoue et en rejoue encore", estime M. Perrineau pour qui l'entrée en scène du polémiste n'est pas sans rappeler certains aspects de la candidature hors parti du président sortant en 2017.  

"Cela peut se dégonfler. Mais pour l'instant, en deux semaines, quel changement de perspective et quel désordre!", s'exclame le politologue.

Ticket plus accessible

Résultat: sous l'effet Zemmour, le ticket d'entrée au second tour devient plus accessible: "Avec une offre électorale morcelée, il baisse automatiquement", constate M. Dabi qui rappelle que Jean-Marie Le Pen avait accédé au second tour le 21 avril 2002 avec 16,8% des suffrages. 

Calendrier et mode d'emploi

L'élection présidentielle est prévue le 10 et le 24 avril et les candidats ayant obtenu 500 parrainages pourront s'y présenter. Elle sera suivie par les législatives en juin. Voici le mode d'emploi:

Calendrier

Le Conseil des ministres a fixé le 13 juillet les dates de la présidentielle. Le premier tour aura lieu le 10 et le second le 24 avril. Le choix était restreint compte tenu des impératifs fixés par la Constitution. Pour la présidentielle, il n'y avait que deux couples de dates possibles: 10 avril/24 avril ou 17 avril/1er mai. Le choix des dates a fait l'objet d'une concertation avec les partis politiques autour du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Le scrutin se déroulera pendant une période de congés scolaires: le 10 avril, seule la zone B sera en vacances. Le 24 avril, toutes les zones, A, B et C, seront en congé.

Les législatives se dérouleront dans la foulée avec un premier tour le 12 juin et un second le 19 juin.

Mode de scrutin

Le chef de l'Etat est élu au suffrage universel direct, au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. 

Il doit recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés en un ou deux tours, quel que soit le taux de participation.

Le vote blanc, qui permet d'exprimer un refus de choix, n'est pas reconnu en France. Depuis une loi de 2014, ces bulletins sont cependant décomptés séparément des votes nuls et annexés au procès-verbal de chaque bureau de vote, mais ils ne sont pas pris en compte dans le calcul des suffrages exprimés.

L'élection des députés pour un mandat de cinq ans se fait au scrutin uninominal majoritaire à deux tours, constamment utilisé sous la Ve République à l'exception des élections de 1986 qui se sont faites au scrutin proportionnel (listes départementales).

Parrainage

Pour entrer officiellement dans la course, les candidats doivent recueillir 500 parrainages d'élus (maires, parlementaires, conseillers régionaux et départementaux...) dans au moins 30 départements différents, et sans dépasser 50 signatures dans un même département. La période de collecte des parrainages débutera au lendemain de la publication du décret de convocation des électeurs début 2022. 

Les électeurs

Les Français inscrits sur les listes électorales pourront voter à la présidentielle, y compris ceux installés à l'étranger, qui étaient près d'un million en 2017. Le vote commence dès samedi dans les Antilles françaises, en Guyane (Amérique du Sud), à Saint-Pierre et Miquelon (archipel français d'Amérique du Nord) et en Polynésie française (Pacifique Sud). Traditionnellement, les Français découvrent le visage du président élu sur les écrans de télévision à 20h00.

Déjà huit présidents depuis 1959

Huit présidents ont été élus depuis l'instauration de la Ve République en 1958 :

Depuis 2017 : Emmanuel Macron (centre) 

2012-2017 : François Hollande (socialiste)

2007-2012: Nicolas Sarkozy (droite)

1995-2007: Jacques Chirac (droite), qui a enchaîné un septennat et un quinquennat 

1981-1995: François Mitterrand (socialiste), qui a effectué deux mandats de sept ans 

1974-1981: Valéry Giscard d'Estaing (droite), qui a effectué un septennat

1969-1974: Georges Pompidou (droite), décédé deux ans avant la fin de son mandat

1959-1969: Charles de Gaulle (droite), élu par un collège électoral pour un premier septennat puis réélu au suffrage universel direct en 1965. Il a démissionné après avoir perdu un référendum l'année suivante.

Cette baisse du ticket pourrait-il profiter à d'autres candidats qu'Eric Zemmour? Comme la droite ne désignera son candidat que début décembre, il est difficile de tirer des conclusions pour l'instant, mais les sondages placent Xavier Bertrand en embuscade derrière Marine Le Pen et Eric Zemmour. 

Pour M. Perrineau, rien n'est donc joué y compris au second tour: "Des sondages montrent que Xavier Bertrand pourrait battre Emmanuel Macron s'il accède au second tour", souligne-t-il.

Les militants ne désigneront pourtant leur candidat que le 4 décembre parmi M. Bertrand, s'il accepte de s'y soumettre, Valérie Pécresse, Michel Barnier ou encore Eric Ciotti. "LR n'a pas perdu, mais attendre le 4 décembre, ça ne peut que renforcer une certaine fébrilité du peuple de droite qui ne veut ni de Zemmour ni de Le Pen", explique M. Dabi. 

Les thèmes qui dominent le début de la campagne à la présidentielle

L'immigration, l'environnement ou encore le pouvoir d'achat : la course à l'Elysée a débuté cet automne sur des thèmes traditionnels. Voici quelques promesses des candidats: 

Immigration

Avec l'entrée en scène d'Eric Zemmour début septembre, les thèmes de l'immigration et de l'insécurité ont dominé le début de campagne, obligeant la plupart des candidats à se positionner. Marine Le Pen a, pour sa part, présenté les contours de son référendum pour combattre l'immigration. La droite cherche la parade, avec également des promesses de toucher à la Constitution et, à gauche, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une "vision rabougrie de la France"

Selon un sondage Ifop réalisé à la fin août, l'immigration et l'insécurité ne constituent pourtant pas la principale préoccupation des Français, largement devancées par les interrogations sur "l'avenir du système social", comme la réforme des retraites. Mais par tranche d'âges, 59% des plus de soixante ans se disent inquiets, 30 points de plus que les moins de 35 ans.

Le pouvoir d'achat

Depuis la rentrée et l'entrée en lice de plusieurs candidats, les promesses pour améliorer le pouvoir d'achat des Français se multiplient. La PS Anne Hidalgo a proposé de doubler le salaire des enseignants pendant le prochain quinquennat. A gauche, plusieurs candidats promettent une hausse du Smic, à l'image du communiste Fabien Roussel qui veut l'élever à 1.800 euros bruts par mois.   

A droite, Valérie Pécresse propose une "grande conférence salariale" et une augmentation du salaire net de 10% en abaissant les charges salariales. Quant à Xavier Bertrand, il défend l'idée d'une "prime au travail" pour qu'il n'y ait "plus un salarié à temps complet recevant moins de 1.500 euros net par mois". 

L'énergie

Avec les prix du gaz et de l'essence qui flambent, les candidats multiplient les idées pour réduire la facture énergétique des Français. Le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé que le gouvernement allait "bloquer" le tarif réglementé du gaz jusqu'en avril 2022. Fabien Roussel (PCF) propose de "diviser par deux les factures d'énergie". Anne Hidalgo est favorable à une baisse de la TVA sur l'essence. Une idée que défend Marine Le Pen, qui souhaite abaisser TVA sur l'essence, le gaz et l'électricité à 5,5% au lieu de 20%. 

Jean-Luc Mélenchon veut, quant à lui, bloquer les prix des produits de première nécessité, dont ceux du gaz, de l'électricité et de cinq fruits et légumes. A droite, Valérie Pécresse promet la construction de six nouveaux EPR si elle est élue à la présidence.

Environnement

Les questions environnementales constituent la principale préoccupation des jeunes électeurs. Le candidat écologiste Yannick Jadot, désigné candidat fin septembre lors d'une primaire, promet notamment "d'aller vers l'ISF climatique", qui taxerait davantage "le patrimoine financier qui investit dans les énergies fossiles". A droite, Michel Barnier, l'ex-négociateur du Brexit, se dit favorable à l'instauration d'une taxe carbone aux frontières de l'UE. 

Autres idées

Ils sont plusieurs à prôner une nationalisation des autoroutes, comme Arnaud Montebourg et Marine Le Pen. Xavier Bertrand plaide, quant à lui pour "une République des territoires" qui serait plus décentralisée.

Quant à la gauche, dont les nombreux candidats ne décollent pas pour l'instant dans les sondages, elle court le risque de connaître un "troisième 21 avril", en étant éliminée du second tour comme en 2017 et en 2002, prévient M. Dabi. "On n'a jamais eu un bloc de gauche aussi faible autour de 25-27%.

Pour M. Perrineau, elle est même "en miettes". "Aucun leader n'arrive à exister. On a l'impression qu'en quelques semaines, la gauche a utilisé toutes les stratégies possibles, mais rien ne marche", observe-t-il. 


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.