BEYROUTH: Beyrouth est engagée dans une course contre la montre pour protéger des pluies hivernales ses joyaux architecturaux endommagés par l'explosion au port début août, a prévenu mardi le directeur général des Antiquités.
« Nous devons couvrir 100 bâtiments historiques avant la pluie », a indiqué Sarkis el-Khoury en conférence de presse. Faute de quoi, il y « aura beaucoup de dégâts au niveau des plafonds peints et des bâtiments qui peuvent s'effondrer ».
« On joue contre le temps, il s'agit de quelques jours, quelques semaines au plus, pour faire tous ces travaux, c'est vraiment très difficile », a-t-il souligné.
Selon lui, 45 bâtiments nécessitent un étaiement complet et 55 autres un étaiement partiel.
L'explosion du 4 août a fait plus de 190 morts et plus de 6.500 blessés. Mais elle a aussi ravagé des quartiers historiques de la capitale libanaise, où sont nichés palais et bâtisses à l'architecture typiquement beyrouthine.
D'après el-Khoury, la restauration du patrimoine devrait coûter 300 millions de dollars.
Il s'exprimait après avoir rencontré des responsables de trois organisations internationales spécialisées dans la sauvegarde du patrimoine.
Valéry Freland, directeur exécutif de l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH), a signé un accord de 5 millions de dollars pour des projets de réhabilitation.
« Il faut travailler assez vite pour protéger ces bâtiments historiques avant la saison des pluies qui arrive très vite », a-t-il souligné en marge de cette rencontre au musée Sursock d'art moderne et contemporain.
Ce palais construit en 1912, écrin d'architecture vénitienne et ottomane, a été endommagé par l'explosion --ses vitraux colorés décorant une façade ciselée d'un blanc immaculé ont volé en éclats-- et une cinquantaine de ses 180 œuvres ont été abimées.
Leur restauration devrait coûter environ 3 millions de dollars, selon une estimation provisoire fournie par sa directrice Zeina Arida.
Mais des problèmes logistiques compliquent le travail des personnes s'activant pour aider ces quartiers, notamment les volontaires de Live Love Lebanon.
« On a un problème, il n'y a pas de chaux. Toutes les maisons patrimoniales sont faites de grès. Le grès a besoin de chaux, qui n'existe pas au Liban », a expliqué Edouard Bitar, président de cette ONG, précisant que ce matériau doit être importé d'Italie ou de France.
De grands groupes industriels et du BTP ont été contactés pour en obtenir rapidement et à un prix abordable, a-t-il ajouté. « Si on ne retape pas les maisons des gens avec de la chaux, ils le feront avec du ciment et on va gâter tout notre ADN architectural », a-t-il regretté.