Réguler Facebook, la mission impossible des politiques

Mais jusqu'à présent, les efforts pour mieux réguler les plateformes omniprésentes du groupe américain ont été aussi lents qu'enthousiastes. (AFP)
Mais jusqu'à présent, les efforts pour mieux réguler les plateformes omniprésentes du groupe américain ont été aussi lents qu'enthousiastes. (AFP)
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Publié le Mercredi 06 octobre 2021

Réguler Facebook, la mission impossible des politiques

  • L'Australie a remporté une victoire en février, forçant les géants de la tech à payer en échange des contenus d'actualité, qui génèrent du trafic
  • La firme californienne fait aussi face à d'autres procédures de moins grande ampleur, portant souvent sur la confidentialité des données des utilisateurs

SAN FRANCISCO: Des sénateurs américains ont de nouveau promis, mardi, d'agir contre le pouvoir colossal de Facebook. Ils y sont vivement encouragés par une lanceuse d'alerte, une ancienne ingénieure du géant des réseaux sociaux venue témoigner au Congrès des dommages sociétaux causés par son ancienne entreprise.


Mais jusqu'à présent, les efforts pour mieux réguler les plateformes omniprésentes du groupe américain ont été aussi lents qu'enthousiastes.

Au Congrès

Réduire le pouvoir économique de Facebook et encadrer sa politique de modération sont les deux principaux enjeux pour les élus américains férus de régulation technologique.


Fin juin, une commission parlementaire a approuvé six projets de lois qui ouvrent la voie à de potentiels démantèlements de Google, Facebook, Apple et Amazon.


Ces nouvelles législations leur interdiraient d'acquérir des concurrents. 


Elles imposeraient aussi la "portabilité" des données, permettant aux utilisateurs de Facebook de quitter plus facilement la plateforme avec leurs contacts et infos personnelles.


Mais aucune date n'a encore été fixée pour un vote et la compatibilité avec le droit de la concurrence actuel n'est pas garantie. "L'élan antitrust va se briser contre un mur", a prédit l'analyste indépendant Dan Ives.


En outre, les élus sont divisés, surtout sur les questions de liberté d'expression.


Beaucoup veulent réformer la "Section 230", une loi de 1996 qui protège les hébergeurs sur internet de poursuites liées aux contenus publiés par des tiers, pierre angulaire des réseaux sociaux.


Mais un accord semble quasiment impossible à trouver entre des démocrates partisans de règles plus strictes contre la désinformation et des républicains qui crient régulièrement à la "censure".


Des Etats à majorité républicaine comme la Floride et le Texas essaient du coup d'adopter des lois pour empêcher les réseaux de policer les propos des candidats politiques.


Les autorités américaines ont néanmoins remporté une petite victoire récemment, grâce aux révélations de la lanceuse d'alerte : Instagram a temporairement suspendu le développement d'une version pour les moins de 13 ans.

Frances Haugen, l'ingénieure déterminée à rendre Facebook moins nocif

Frances Haugen, qui a livré mardi un témoignage accablant contre Facebook devant le Congrès américain, est convaincue de sa nouvelle mission: faire comprendre que le réseau social peut être aussi dangereux que bienfaisant et qu'il doit en conséquence être bridé. 


Cette femme de 37 ans, ancienne membre d'une équipe dédiée à l'intégrité civique au sein du groupe de Mark Zuckerberg, a récolté des milliers de documents internes avant de quitter l'entreprise en mai. 


Confiés notamment au Wall Street Journal, ils ont suffisamment alarmé les élus américains pour qu'ils organisent rapidement une audition sur la protection des enfants en ligne.


Frances Haugen avait déjà dévoilé son visage au grand public dimanche, dans l'émission "60 minutes". 


Mardi, vêtue d'un tailleur noir, cheveux blonds sur les épaules, elle a livré un témoignage clair, calme et incisif devant les parlementaires.


Frances Haugen dit avoir vu un ami proche se perdre dans les méandres des théories conspirationnistes. 


"C'est une chose d'étudier la désinformation, c'en est une autre d'y perdre quelqu'un", a-t-elle raconté dans une interview au Wall Street Journal.


Embauchée chez Facebook en 2019 avec l'espoir d'aider l'entreprise à corriger certains défauts, Frances Haugen s'est de plus en plus inquiétée des choix opérés par le groupe.

Témoigner 
Pour gagner de l'argent grâce aux publicités, explique-t-elle, le réseau social doit faire en sorte que ses membres restent sur la plateforme le plus longtemps possible. Et pour ce faire, les contenus haineux et sources de discorde sont souvent les plus à même de retenir l'attention.  


Facebook a bien mis en place des équipes pour limiter la désinformation au moment des élections et modifié ses algorithmes pour réduire la diffusion de fausses informations.


Mais son équipe, qui s'intéressait aux risques que pouvaient poser certains utilisateurs ou certains contenus à l'approche d'élections, a été démantelée peu après le scrutin présidentiel américain de novembre 2020. 


A peine deux mois plus tard, le 6 janvier, le Congrès américain était envahi par des émeutiers. 


Frances Haugen a alors vraiment commencé à mettre en doute la volonté du groupe de mettre suffisamment de moyens sur la table pour protéger ses membres. Facebook, conclut-elle, préfère privilégier ses profits.


En mars, elle s'installe à Porto Rico en espérant pouvoir continuer à travailler à distance. Les ressources humaines lui disent que ce n'est pas possible. Elle accepte alors de démissionner, a-t-elle expliqué au Wall Street Journal.


Mais il faut témoigner de ce qui se passe à l'intérieur du groupe, croit-elle fermement: les propres recherches de l'entreprise montrent bien que passer du temps sur Instagram peut nuire à la santé mentale des adolescents.


Elle collecte des documents sur Facebook jusqu'au dernier moment, s'attendant à être prise la main dans le sac à tout instant, et contacte en parallèle une ONG spécialisée dans l'aide aux lanceurs d'alerte.

«Je veux sauver» Facebook 
Sur son compte Twitter, tout juste créé, elle se définit comme une "militante pour la surveillance publique des réseaux sociaux". 


Ses premiers mots: "Ensemble nous pouvons créer des réseaux sociaux qui font ressortir le meilleur de nous-mêmes."


Née dans l'Iowa, Frances Haugen raconte sur son site avoir participé tout au long de son enfance, avec ses deux parents, professeurs, aux primaires de l'élection présidentielle, ce qui lui a "instillé un fort sentiment de fierté pour la démocratie et l'importance de la participation civique". 


Elle a assisté plusieurs fois au festival Burning Man, qui se tenait chaque année dans le désert du Nevada avant la pandémie, en tant que volontaire ayant pour rôle d'expliquer les règles aux participants et de les aider à résoudre les conflits.


Ingénieure de formation, elle se définit elle-même comme une spécialiste des algorithmes, une compétence qu'elle a exercée chez plusieurs géants de la tech. Elle a travaillé chez Google, pour l'application de rencontres Hinge, le site de recommandations de commerces Yelp, le réseau Pinterest, et finalement Facebook.


Le 17 mai, peu avant 19h00, elle se déconnecte pour la dernière fois du réseau interne à l'entreprise, a-t-elle raconté au Wall Street Journal. 


Comme pour se justifier, elle laisse une dernière trace écrite: "Je ne déteste pas Facebook", tape-t-elle alors sur son clavier. "J'aime Facebook, je veux sauver" le groupe.

Au tribunal

Le président américain Joe Biden a donné un nouvel élan aux enquêtes et poursuites visant la Silicon Valley, mais là non plus, personne n'attend de procès ou de condamnations rapides.


L'autorité américaine de la concurrence (FTC) et les procureurs de 48 Etats et territoires américains accusent Facebook de monopole illégal, mais leurs plaintes initiales ont été retoquées par un juge fédéral pour manque de précision.


En août, la FTC a revu sa copie. Elle y soutient que le groupe a "illégalement racheté ou enterré les nouveaux innovateurs quand leur popularité devenait une menace existentielle", en référence à Instagram et à la messagerie WhatsApp, acquises en 2012 et 2014.


L'autorité estime que "les réseaux sociaux personnels constituent un type de service en ligne unique et distinct", et un marché contrôlé à plus de 65% par Facebook et Instagram - donc un quasi-monopole.


Facebook assure de son côté que la présidente de la FTC, Lina Khan, réputée pour son hostilité aux monopoles des grandes plateformes technologiques, "cherche à servir ses propres intérêts".


La firme californienne fait aussi face à d'autres procédures de moins grande ampleur, portant souvent sur la confidentialité des données des utilisateurs.

A l'étranger

Bruxelles et Londres ont ouvert en juin des enquêtes contre Facebook pour déterminer si l'entreprise a exercé une concurrence déloyale, et ont prévu de collaborer.


La Commission européenne soupçonne notamment le géant de la publicité numérique d'avoir utilisé des données recueillies auprès d'annonceurs présents sur ses plateformes, afin de les concurrencer sur leurs propres marchés.


En matière de régulation, le vieux continent a pris une longueur d'avance avec l'entrée en vigueur en 2018 du règlement européen sur la protection des données (RGPD), qui encadre la récolte des informations personnelles à des fins publicitaires, le moteur économique de Facebook. Une loi ensuite copiée par certains Etats américains, comme la Californie.


Du côté de la modération, la France oblige depuis l'été 2020 les plateformes à retirer sous 24 heures les contenus "manifestement" illicites.


L'Australie, elle, a remporté une victoire en février, forçant les géants de la tech à payer en échange des contenus d'actualité, qui génèrent du trafic. Les médias australiens percevront ainsi des millions de dollars de Google et Facebook.


En revanche, le projet de plusieurs pays européens de créer une taxe numérique internationale patine, notamment à cause de la réticence des Etats-Unis.


Droits de douane: des démocrates soupçonnent Trump de possible délit d'initié

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
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  • Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER"
  • Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique

WASHINGTON: Donald Trump a-t-il commis un délit d'initié ? Plusieurs élus démocrates ont émis des soupçons, estimant que le président américain avait peut-être, en encourageant à acheter des actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane, illégalement manipulé les marchés.

"Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d'initiés ?", a interrogé le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff sur son compte X mercredi.  "Le Congrès doit savoir", a-t-il ajouté, appelant à une enquête parlementaire.

"Le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde", ont affirmé de leur côté les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, également sur X.

Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER".

Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique.

Après plusieurs jours d'effondrement, l'indice Dow Jones a fini mercredi en hausse de 7,87%, sa plus forte progression depuis 2008, et l'indice Nasdaq de 12,16%, du jamais-vu depuis 2001.

Un spécialiste en éthique a lui aussi estimé qu'il y avait matière à enquête.

"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement", a écrit sur X Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush. "Ce scénario pourrait exposer le président à des accusations de manipulation du marché", a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

La Maison Blanche a assuré que Donald Trump ne voulait que "rassurer".

"Il est de la responsabilité du président des États-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l'alarmisme permanent des médias", a déclaré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%.

 


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.